today, the world revolves around you » Faištya

30 mai. Une date que tu cherries sans vraiment le savoir. Tu as beau ne plus avoir aucun souvenir de ton ancienne vie, ou presque, mais il y a encore des choses que tu trouves importantes. Peut-être une manie que tu avais, une habitude que tu prenais lorsque tu n’étais pas à Varakes. Ou alors peut-être est-ce simplement une habitude que tu as développée ici, ayant trop peur d’oublier les choses. Tes délicates mains caressent les pages de ton agenda, inscrivant ici et là de nouvelles dates, de nouvelles activités prévues. Tes prunelles d’ébène butent toutefois sur la date d’aujourd’hui. Un nom y figure, entouré plusieurs fois, un petit gâteau dessiné à côté de celui-ci. Évidemment, tu ne l’avais pas oublié. Tu préparais ton coup depuis plus d’une semaine, voulant être certaine que tout fonctionne comme tu le souhaitais. Tu refermes ton agenda, le déposant sur ta table de chevet et t’extirpes de ton lit pour enfiler une robe et un veston qui la complémente. Tu attrapes tes clés et files hors de ton appartement, direction le pâtissier. Tu as passé la commande il y a un moment déjà, pour t’assurer que le gâteau soit exactement comme tu le souhaitais. Tu te faisais plaisir, en même temps. C’est pourquoi tu as choisi un gâteau au chocolat avec coulis de framboises. Tu espères surtout que le jeune homme ne sera pas déçu. Paquet à la main, tu montes quatre à quatre les marches menant à son logis et appuies sur la sonnette. Tu l’entends s’approcher, et dès que la porte s’ouvre sur Faith, tu lances un heureux : « Joyeux anniversaaaaaire! » Tu déposes la boîte entre ses mains, t’assurant qu’il la tienne bien avant de la lâcher et de t’avancer, posant un baiser contre sa joue. Pas besoin de dire que c’est toi. Même si tu sais qu’il ne peut te voir, tu es certaine qu’il t’a reconnue à ta voix et à ta manière de le saluer. Et pour être franche, tu ne sais même pas comment il va réagir. Tu sais que certaines personnes détestent les surprises, ou même célébrer leur anniversaire, et tu espères que ce ne soit pas le cas de ton ami. Délicatement, tu poses ta main contre son poignet, un large sourire collé aux lèvres. « Tu veux faire quelque chose en particulier? Je ne travaille pas ce soir, j’ai donc toute la journée pour toi, mon mignon. » Ça, c’est si Faith veut bien passer la journée avec toi, surtout que tu t’imposes littéralement chez lui et dans sa vie.

Encore une fois, cette nuit aura été comme les autres : l'insomnie avait encore frappé. Il soupire, s’étire légèrement avant que Haku, l’un de ses chats ne viennent se caler contre lui en ronronnant. Et là est surement la raison de son amour pour ces animaux; il oublie ses tracas et sa lourde fatigue pour une joie insoupçonné procurée par le félin. Il en arrive à effacer sa sombre expression pour un large sourire.
Que ferait-il sans lui? Il se le demande bien souvent. C’est lui qui lui sert aussi de réveil, qui lui dicte ses journées chaque matin et qui vient le chercher à la même heure. Docilement il descend les marches et ne tarde pas à comprendre que sa boule de poil (ainsi que les quatre autres) meurent de faim. Il ne lui faut alors qu’un court instant pour se précipiter à la cuisine et poursuivre sa routine habituelle.

En dépit de son absence du sens de la vue, Faith est méticuleux. Il connaît par cœur sa demeure, en connaît les stricts recoins et range tout son mobilier dans une organisation et une propreté déconcertante. On pourrait presque se questionner sur la véracité de son handicap en observant l’exploit qu’il réalise en plus d’avoir la garde de tant d’animaux. mais la réalité, au delà de ses prouesses est tristement moins édulcorée. Si l’ordre est tant parfait et si méticuleux, c’était aussi parce que Faith passe une bonne partie de ses journées chez lui. Bien qu’il tient à être autonome, il ne peut pas passer trop de temps à l’extérieur en dehors de son travail : il y a bien trop de chance qu’il ne s’égare et lui même, malgré son pouvoir, n’est pas rassuré en territoire inconnu. Alors rien ne vaut le confort du précieux foyer.

Soudainement, alors qu’il sortait de la douche et qu’il venait de s’habiller, le glas de sa sonnette résonne. Il s’empresse alors de courir à la porte et ne se soucie de son apparence qu’une fois arrivé au pas de la porte. Ses cheveux étaient encore humides, tandis que l’un de ses chats se frottait contre le tissus de son jean tout en miaulant lourdement. Qui cela pouvait-il être? Le facteur qui sait. peut-être qu’il attendait un colis.

A sa grande surprise il fut accueilli par une voix féminine bien plus que familière. Anniversaire? “Oh, c’est vrai c’est le 30 mai aujourd’hui.” Faith lui offre un large sourire tandis que ses yeux se plissent sous la joie. En dépit de la surprise il est heureux après tout. Que quelqu’un d’aussi douce qu’elle y ait pensé et le lui alors que lui même l’avait oublié.
Mais au fond de lui il ne peut le cacher malgré son enjouement…. Cette étrange impression de vivre un mensonge, de fêter quelque chose qui ne lui appartient pas. Il fête ses vingt-cinq ans et pourtant, c’est ses première bougies qu’il soufflera. “C’est adorable Naštya il ne fallait pas. Entre, je t’en prie, je te sers un café?” disait-il chaleureusement tandis qu’il lui ouvrait en grand la porte. “Et d’ailleurs j’espère qu’il y a le bon chiffre écrit sur les bougies, tu sais très bien que je ne peux pas vérifier! ” Faith ne se comporte que rarement de cette manière; à baisser sa lourde carapace pour dévoiler ses larges sourires. C'est qu'après tout,il y tient beaucoup à plus jeune malgré  les maigres mots qui dépassent les barrières de ses lèvres. l'air moqueur, il l’attrape légèrement par le poignet tandis qu’il la conduit délicatement vers le salon quand soudainement, son sourire se mélange à de l’amertume tandis que l’étreinte de sa main ne commence brutalement à se resserrer.

Et voilà, c’était fait. En un instant, c’est comme si toute la pression que tu avais venait de s’envoler. Tu as un poids en moins sur les épaules et tu es automatiquement rassurée lorsque tu vois son minois apparaître dans le cadre de la porte. Tu ne peux dire s’il vient tout juste de se réveiller ou s’il sort de la douche, mais ses cheveux en bataille t’indiquent que l’une ou l’autre de ces possibilités est tout à fait probable. Malgré cette apparition surprise sur son perron, il ne te repousse pas. Il aurait très bien pu te refermer la porte au nez et retourner à l’intérieur, mais le sourire qu’il affiche te confirme que la surprise lui fait un minimum plaisir. Tu arques même un sourcil à ses paroles. Il avait oublié? Ça ne te choque pas plus que ça, par contre. C’est presque normal, que tu te dis. Ça n’aurait peut-être pas été ta priorité de célébrer ton anniversaire si tu venais d’arriver et que tu n’avais aucun souvenir de ton ancienne vie. « Arrête, c’est tout à fait normal de célébrer l’anniversaire d’un ami. » Tu poses une main sur son épaule, comme pour appuyer ses mots, et le laisses t’entraîner à l’intérieur lorsqu’il t’ouvre la porte en grand. « Tu as bien 52 ans aujourd’hui, je ne me suis pas trompée, non? » Tu prononces ces mots sur un ton amusé. Faith te connaissait depuis un moment. Il savait probablement que tu avais vérifié et contre vérifié ce qui se trouvait sur ta commande pour t’assurer qu’aucune erreur de ce genre n’avait été commise. Tu trouves toutefois amusant de le mener en bourrique un peu. « C’est une blague, tout est en ordre. Il y a un beau 25 ainsi que ton nom en lettre cursive. » Tu ne lui décrit toutefois pas la saveur que tu as choisi pour le gâteau. S’il ne peut pas voir, tu sais que ses autres sens compensent pour sa cécité. Un fois passée le pas de la porte, tu refermes cette dernière suite à votre passage et retire tes chaussures, comme tu as l’habitude de le faire lorsque tu entres chez quelqu’un. Automatiquement tu t’accroupis pour caresser la tête de l’un des chats de ton ami. Vous partagez cet amour pour les chats et tu es bien heureuse de venir chez lui, parce qu’il en a une tonne. « Je n’ai besoin de rien, merci, mon cœur. » Tu lui adresses un énorme sourire, qui disparaît assez rapidement. Sa main se resserre de plus en plus sur ton poignet et son air te semble bien plus absent qu’il ne l’était auparavant. « Faith… ? » Tu tentes de retirer sa main de sur ton poignet, mais tu n’y arrives pas. Et pourtant, tu tiltes assez rapidement. Cet air, tu avais eu le même il y a quelques jours, lorsque tu t’étais remémoré quelque chose. Délicatement, tu pousses contre sa hanche pour qu’il s’appuie contre le mur. S’il venait à tomber comme tu l’avais fait, tu préférais que ce ne soit pas sur toi. « Faith, tu me fais mal… »

Son emprise de resserre sur la fébrile main de son amie et il contracte sa mâchoire dans l’élan de son angoisse. why? Ses sourcils se froncent alors que son souffle devient bruyant et erratique à en faire croire qu’il s’étouffait sur place. Faith le brave et téméraire n’en n’est plus rien. Des flashs de lumineux et colorés lui arrivent par dizaine sans qu’il ne puisse les contrôler. Il s’y voit, mais il ne s’y identifie pas. Après tout, qui était-il réellement? N’était-il pas simplement le reflet d’un autre; de celui-là? Devait-il réellement se convaincre de mener une réelle existence et non l’accomplissement d’une autre? Contrairement à la majorité, qui se serait formée à l’image d’Icare, lui s'évertue à n’être que prudence et rationalité. Il voulait rester dans la lisière de l’innocence et ne pas franchir ce pas vers la clairière de la lucidité.

Et désormais le regret l’animait. De savoir que l’autre du passé était tant différent, mais il ne pouvait se résoudre à le comprendre ou à l’apprécier ; il ne pouvait que lui en vouloir. Parce qu’il voyait. Il avait cette précieuse vue qu’on lui avait arraché. Une colère véhémente naissait en lui avant que la suite de ses visions n’interviennent. bim.

Son attitude de loup redevient agneau et la peur oisive de la proie reprend le dessus alors que la suite de ses souvenirs remontent à la surface. Il lutte pour ne pas se noyer et tente de garder son calme devant sa précieuse amie (dont il ne distingue plus la présence) mais l’aiguille de la peur s’injecte dans ses veines et se loge peu à peu dans son palpitant. Ses doigts libèrent leur otage, tandis qu’ils se retrouvent désormais crispés contre ses propres tempes. Les mots n’arrivent à se former, alors qu’une vague d’émotion commence à flouter sa propre vue. this isn’t right. il commence inconsciemment à trembler et tout ses sens sont en alerte; d'une manière inexplicable on lui hurle le danger. i’m scared. Mais il n’a le temps de réagir qu’une vive douleur lui attaque ses entrailles le faisant alors rapidement perdre l’équilibre. Il bascule légèrement et s’échoue contre le mur du salon dans un faible gémissement. “N-Nash…” sa respiration se suspend tandis qu’il cherche des mots qui ne viennent pas. “le livre…. le livre dans le tiroir, il ne s’appelle pas the holy bible pas vrai? I'm wrong right?” il prie pour être devenu fou, pour ne pas avoir eu un passé aussi lourd. Il se rêvait innocent, il se croyait petit prince amoureux de la candeur et malgré ce qu’il en dit, il ne pouvait accepter d’être tâché de la moindre noirceur. “dis moi que je me trompe s’il te plait…” le timbre est presque plaintif mais il en cache l’angoisse; il ne souhaite pas qu’elle se fasse de soucis et prévoit déjà la sortie de secours avec ses douces paroles vertueuses; ses doigts se glissent délicatement jusqu'à sa paume tandis qu’il reprend légèrement “Il est où le gâteau? Je ne sais plus où je l’ai posé dans la panique ah. vraiment désolé. Faudrait que j’en mange un bout, je crois que je vais mourir de faim ” what a beautiful liar.