in an ocean of people. (skyson)

in an ocean of people

we all wear different masks for different reasons. some masks we put on because it’s truly who we want to be. some we wear because we can’t bear to face what’s really underneath. or because it’s what someone else needs us to be. and some masks we wear because we hope to stay hidden. but that’s the problem with wearing masks. they can be ripped off at any moment.

Un soupir s'échappe des lèvres de Mason alors qu'il ferme derrière lui la porte du cagibi qui lui sert de vestiaires. Une nouvelle journée de travail s'achève. Une journée plutôt courte heureusement puisque le soleil n'est pas encore au zénith lorsqu'il franchit les portes des studios, l'air chaud de l'extérieur venant réchauffer son visage. Bien décidé à profiter de cette journée ensoleillée pour prendre l'air, pour changer, il se met en route d'un pas sûr. Les trois derniers jours, il n'est sorti que pour aller travailler, traînant les pieds comme si des boulets y étaient attachés. Le reste du temps, il l'a passé affalé dans son canapé, une bière à la main et le livre qui lui a inspiré son prénom dans l'autre, tentant une nouvelle fois de comprendre ce qu'il faisait en sa possession. Mais, comme d'habitude, Mason est resté sans réponse. Une absence de réponse qui lui pèse de plus en plus, bien qu'il tente de se faire à l'idée qu'il n'en aura peut-être jamais. Il n'est cependant pas encore prêt à faire le deuil de ses souvenirs. Loin de là.

Aujourd'hui, cependant, tout cela n'a aucune importance. Le monde ne s'arrêtera pas si il cesse d'y penser le temps d'une journée. Juste une journée. Et puis, peut-être que ne pas y penser lui permettra d'y voir plus clair ensuite. Comme lorsqu'on cherche un objet perdu et qu'on le retrouve juste après s'être résigné à arrêter.

La chaleur du soleil caresse doucement la peau de Mason tandis qu'il arrive enfin au parc, où il a décidé de se poser pour manger le sandwich qu'il a acheté sur le chemin du travail, le matin-même. Alors qu'il repère un banc un peu à l'écart et qu'il s'en approche furtivement, il sent une présence sur sa droite. Il se retourne, prêt à sortir une réplique qui fera sans doute fuir sa compagnie et lui assurera un peu de tranquilité. Mais il la reconnait avant d'avoir le temps d'ouvrir la bouche. La petite brune qui s'est occupée de lui à l'hôpital. La première personne a entrer dans sa nouvelle vie. « Tiens, ça faisait longtemps. » lui lance-t-il en jetant son sac à dos sur le banc, comme pour marquer son territoire, un sourire se dessinant en même temps au coin de ses lèvres.

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De tous les habitants de Varakes, le hasard avait voulu qu'il tombe sur la seule qui avait vraiment réussi à le distraire jusque là. Non pas que cela ait été volontaire de sa part. La pauvre. Mais Mason s'était beaucoup amusé de l'infirmière lors de son séjour à l'hôpital, sachant pertinemment qu'il l'agaçait et qu'elle se contenait de justesse de l'envoyer sur les roses à chaque fois qu'elle entrait dans sa chambre. Il n'était jamais allé trop loin cependant, se contentant seulement de pousser jusqu'à ce qu'il sente qu'elle était sur le point de craquer. Malgré tout, il se doute bien qu'il n'a pas laissé un souvenir des plus agréables à la jeune femme.

Alors qu'il se remémore les premiers souvenirs qu'il a de sa nouvelle vie, si on peut appeler ça comme ça, Mason ne peut s'empêcher soudainement de penser qu'il n'a plus rit sincèrement depuis qu'il a quitté l'hôpital, la dernière fois remontant sans doute au jour précis de sa sortie, quand Skye lui avait annoncé d'un air las qu'il pouvait enfin partir, sans doute soulagée de ne plus avoir à le côtoyer tous les jours. L'espoir d'une liberté nouvelle lui avait à l'époque donné du baume au cœur pourtant, mais il se sent sans doute encore plus perdu aujourd'hui que lors de son réveil, bien qu'il mette du cœur à l'ouvrage pour le cacher aux yeux des autres.

Haussant un sourcil en voyant la jeune femme prendre place sur le banc, malgré son air visiblement peu emballé à l'idée de passer ne serait-ce qu'un instant avec lui, il ne peut s'empêcher de réprimer un nouveau sourire. « Je vois. » S'asseyant à son tour à l'autre bout du banc, il attrape son sandwich dans son sac avant d'en croquer une grande bouchée. Il ne s'en était pas rendu compte jusque là mais il meurt de faim. « Mais tu as quand même décidé de rattraper le temps perdu en t'asseyant sur mon banc, c'est ça? » s'exclame-t-il alors, la bouche à moitié pleine et un air d'ironie insolent sur le visage. Le parc était visiblement un très bon choix pour passer son après-midi.

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En provoquant Skye de la sorte, il sait qu'elle va entrer dans son jeu, qu'elle le veuille ou non. Il ne la connaît sans doute pas très bien mais ça, il peut le sentir arriver à plein nez et ce même sans avoir recourt à son pouvoir. Et, visiblement, il ne se trompe pas. Elle a beau faire des efforts, elle ne peut pas entièrement cacher qu'il l'agace suffisamment pour qu'elle ne puisse rester de marbre face à ses remarques. Et ça, il l'a bien compris, malheureusement pour elle. La jeune femme, soudainement consciente de son erreur, lui demande alors à qui elle a honneur et cette phrase le fait sourire, bien qu'il ne lui réponde rien. Et comme il reste muet, il se contente de l'observer, un air toujours aussi impertinent accroché sur le visage et sachant très bien que son silence ne fera que l'exaspérer davantage. Mais il ne va tout de même pas abandonner son avantage aussi rapidement. Après tout, c'est elle qui s'est mise dans cette situation.

Lorsqu'elle prend la parole une nouvelle fois, il doit faire un effort considérable pour contenir un rire. À vrai dire, il est presque désolé pour elle de voir que ses tentatives de l'ignorer échouent aussi lamentablement alors qu'elle semble pourtant y mettre réellement du sien. Presque désolé. Mais il ne va pas la lâcher tout de suite pour autant. Loin d'être très loquace aux premiers abords, lorsqu'il était suffisamment à l'aise, il était difficile de l'arrêter et Skye allait rapidement s'en rendre compte. « Ah bon. Et tu vas faire quoi, tu vas le dire à la maîtresse? » demanda-t-il alors, d'un air tout à fait sérieux cette fois. Certes, il ne fait pas preuve de plus de maturité qu'elle sur ce point. Mais, au moins, ça l'amuse. Et puis, se montrer mature n'est pas son but. Enfin, pas sur le moment du moins. Affalé sur son côté de banc et mordant une nouvelle fois dans son sandwich, qui a étonnamment un léger goût de victoire, il jette un regard au plat fumant posé sur les genoux de la jeune femme. « Au fait, je ne mangerais pas ça, si j'étais toi. » Ce à quoi il n'ajoute rien de plus qu'un haussement d'épaules, laissant planer le suspens quand à la signification de sa phrase.

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Rien qu'à l'observer, il peut presque entendre son sang bouillir dans ses veines. Pourtant, il continue de mordre dans son sandwich avec entrain, imperturbable. Il sent bien qu'il est sur le point de franchir la ligne qu'il n'avait que frôlée jusque là. Ce qu'il ne sait pas, c'est pourquoi elle lui donne autant envie de continuer. D'aller toujours plus loin, rien que pour le plaisir de voir les traits de son visage se contracter sous l'effet de l'agacement. Pour le plaisir de la voir tenter de l'ignorer, par tous les moyens possibles, sans aucun succès. Peut-être que ce qu'il apprécie par dessus tout, ce n'est que le fait de la voir perdre ses moyens, elle qui a pourtant l'air de ne pas trop mal vivre toute cette situation. Il est cependant vrai qu'il ne la connaît pas. Qu'il ne sait absolument pas ce qui se trame réellement dans sa tête. C'est plutôt son domaine à elle, ça. Peut-être que c'est autre chose qui le pousse à agir ainsi. À vrai dire, depuis qu'il s'est réveillé, il n'a pas l'impression de comprendre grand-chose à ce qui lui arrive. Tout ce qu'il sait, c'est que, lorsqu'elle lui dit au revoir, ou plutôt adieu, et qu'elle le laisse planter là, seul sur le banc qu'il tenait pourtant tellement à posséder, il n'a plus envie de rire. Alors qu'elle s'éloigne sans se retourner une seule fois, son sandwich, qu'il ne cesse pourtant de mâcher, ne lui semble plus avoir le même goût désormais. Étrangement, il n'a pas l'impression d'avoir gagné cette fois.

De longues minutes s'écoulent pendant lesquelles il reste assis seul. Il a fini de manger depuis un moment et il n'a plus tellement envie de s'éterniser au parc, malgré l'astre solaire qui brille toujours haut dans le ciel. Il n'aspire qu'à rentrer chez lui et gratter les cordes de sa guitare. Peut-être sera-t-il assez inspiré pour composer une nouvelle mélodie? Jetant son sac à dos sur l'épaule, il se lève et décide de traverser le parc plutôt que de le contourner. Alors qu'il évite de justesse un chien à qui on vient de lancer une balle, il l'aperçoit, à quelques mètres de là. Elle n'a plus cette expression exaspérée qu'il semble lui procurer mais elle n'en a pas moins l'air agacé. Il avance jusqu'à elle sans ralentir le pas. « Au fait, si tu as quand même mangé, tu ne risques rien. Et sinon... C'est dommage, ça a avait l'air plutôt bon. » Une dernière petite provocation lancée sans prendre le temps de s'arrêter, avant de continuer son chemin sans la regarder, un léger sourire qu'elle ne verra pas au coin des lèvres.