You’re beautiful, you know that? - Adonis

Ce sentiment invasif et intrusif d’être perdu. Comme si tu étais enfermé dans une cage dont les barreaux ne voulaient pas céder. T’es comme un animal qui se frotte à des piques de fer, tu veux te souvenir, tu creuses, du moins tu essayes. La bague de fiançailles, le sweatshirt, le poème, le pendentif. Tu cherches, essaie de tout relier, seulement guidé par la vie qu’on t’a donnée, sans doute créé, guidée par une bague, par un sourire qui te hante depuis que tu l’as vu. Coup de cœur. Peut-être que c’était prévu, ou peut-être pas, peut-être que tu devrais résister comme tu l’as déjà fait, extirper d’une étreinte aussi rapidement que le vent, plus virulemment que la lumière. Comme des souvenirs créés, implantés, ou peut-être pas, tu ne sais pas, de l’attirance que tu ressens mais tu as peur de trop de t'approcher du soleil jusqu’à t’en brûler. Peut-être que ça voudrait pourtant non ? Peut-être qu’il mériterait un sourire, un autre regard, une histoire ou des mots doux. Peut-être qu’il aimerait ça. Mais tu penses qu’il te déteste, du moins tu te persuades qu’il te déteste, parce que tu ne veux pas te dire que vous auriez peut-être une chance. Après tout, il te plaît non ? Il te plaît même plus qu’un peu, pourtant tu ne le connais pas, a l’impression sans doute, mais tu ne le connais pas, connais à peine le son de sa voix. Tu voudrais qu’il te parle, te montre, tu voudrais arrêter de le regarder se balader le long d’une allée de livre. Seulement deux jours, deux jours et il t’intrigue, te fait pencher la tête sur le côté, que tu le regardes, le détail, l’admire, deux jours que tu dors sur un canapé qui te détruit le dos avec ses vieux ressorts. Des images, des photos, accrochés aux murs, a l’air authentique, des sourires, des baisers, l’air heureux, l’air amoureux. Tu veux te souvenir, tu veux te souvenir mais t’y arrives pas. Et tu ressens ce qu’il ressent, tu entends ses pensées, mais tu ne veux pas, tu veux qu’il te le dise, qu’il te parle, qu’il te tienne la main, t’embrasse comme sur ces photos, tu te nourris peut-être d’une chimère, une seule preuve d’amour et tu tomberais dans ses bras, t’es trop perdu pour pouvoir encore te battre, l’odeur sur ce vieux sweat sans doute identique à la sienne, t’aimerais comprendre, interpréter, mais t’y arrive pas.

« Embrasse-moi.»

Gosse exigeant qui plonge ses yeux un peu trop étranges pour la première fois dans la palette hazel de l’autre.

« S’il te plaît. »

Tu veux être sûr, certain, tu veux comprendre, savoir, ressentir, tu ne veux plus être seul dans tes larmes et ton angoisse, tu ne veux pas être un vieux morceau de lettre qui brûle sur le sol d’une maison en ruine, tu veux être aimé, apprécier, même si c’est pour une nuit, pour te faire plaisir, pour faire semblant.

« S’il te plaît embrasse-moi. »

Aussi aisément que le petit prince demanda à l’aviateur de lui dessiner des moutons.

« Tu me détestes ? »

Regard innocent et bouille trop ronde, les taches de rousseur et les grains de beauté se battant pour un seul millimètre de ta peau trop pâle, trop blanche, contrastant avec tes cheveux ébène et tes yeux qui provoquent une confusion profonde.

« Je voudrais arrêter de me sentir seul et détester. S’il te plaît embrasse-moi. »

Mélange de paroles et de langue des signes, tu confonds les mots parfois, tu réclames sans doute un peu trop souvent, un peu trop tout simplement.