Je presse le pas dès que la première goutte de pluie touche mon front, une légère grimace au visage. Le soir vient de tomber, les nuages s'amassent pour bien cacher la lune et j'ai la désagréable impression d'être épiée. Allons Fae ... tu te fais des idées.
Forcément. Pourquoi serais-tu épiée ? Tu n'as pas une vie si intéressante que cela. J'éloigne la pensée de mon cerveau et réalise que je ne sais pas vraiment lequel de ces trois facteurs a engendré ma réaction. Et pour être tout à fait honnête ... je n'en ai absolument rien à foutre. Ce qui m'importe, c'est de rentrer. Me doucher. Oublier sous l'eau chaude cette sensation désagréable, tenter d'oublier quelques instants toutes ces interrogations qui se bousculent dans mon esprit. Qui suis-je ? Ou mieux : qui étais-je ? Cela a beau faire un mois déjà, les questions tournent en boucle dans mon esprit.
Tout à coup, un bruit me fait sursauter, suivi par un flash de lumière. L'orage a éclaté. Fantastique ! ... il ne manquait vraiment plus que cela. Ce sont maintenant des trombes d'eau qui tombent du ciel, comme pour faire culminer cette soirée déjà mal débutée. Mon pas se presse, et je finis par me mettre à courir sous la pluie et trempée, jusqu'à arriver devant mon appartement. Là, je galère pour trouver le trousseau de clés, perdu au fond de mon sac.
« Putain! » Je lâche un juron, prête à déverser le contenu de la sacoche au sol, avant de trouver enfin l'objet de mes désirs et pénétrer en toute hâte dans le salon, vide et éteint. Ce détail ne me surprend pas : si j'ai un colocataire, ce n'est visiblement que pour le loyer. Il n'est jamais là ! Non pas que cela me gêne, mais c'est étrange. En un mois, j'ai dû le croiser tout au plus cinq fois.
Sans me poser trop de questions, je me déshabille directement dans le hall et suspends mes affaires, histoire qu'elles soient relativement sèches demain matin. Connaissez-vous une sensation plus désagréable que celle d'un jeans mouillé qui vous colle à la peau ? ...Moi pas.
But then again I don't know much....
Le moment où je sors de la douche est celui où je réalise que cette pièce est probablement celle que je préfère de toute la maison, après celle qui renferme ce bien-aimé frigo. J'enfile les shorts à carreaux et le débardeur noir qui me servent de pyjama tandis que les dernières effluves de vanille se dissipent puis file me glisser sous l'édredon à toute vitesse. Là, le temps passe mais le sommeil ne vient pas. Jusqu'à ce qu'un autre bruit, comme un grincement de porte, ne fasse son apparition. Zombie ? Un inconnu ? Dans le doute, ma main se referme sur la batte de baseball que je garde près du lit comme une présence indispensable. J'ai beau avoir beaucoup de gestes de combat ancrés dans ma mémoire kinesthésique, cette batte me paraît essentielle si je veux pouvoir chasser l'intrus de l'appartement. Alors, en silence, j'attends.
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