lost & found » belrick

lost and found

Délicatement, tes doigts s’enfoncent dans ta chevelure d’ébène. Tu pousses un soupir de soulagement lorsque l’élastique qui maintenait ta tignasse en place saute, délivrant ainsi ton cuir chevelu, laissant toutefois un inconfort derrière. Tu as mal à la tête depuis la seconde où les rayons du soleil ont percés entre les rideaux de ta chambre à coucher. Je reviens un peu plus tard, ce soir. Tu tapotes ces quelques mots sur ton portable. Tu préfères avertir Emrys que tu ne rentreras pas de sitôt plutôt que de le laisser t’attendre et peut-être s’inquiéter. Qui sait. C’était encore tout nouveau, cette vie de femme mariée. Tu avais toutefois une routine propre à toi que tu t’efforçais de suivre du mieux que tu le pouvais. Tu laisses tes pas de guider machinalement vers le stade, comme tous les mercredis depuis ton arrivée à Varakes. D’un simple signe de tête, tu salues l’employée se trouvant à l’entrée, la même qu’à toutes les semaines. Tu te choisis un casier et y entreposes tes effets personnels, t’attardant un moment devant l’un des miroirs. Ce reflet que tu renvoies, est-ce la personne que tu es réellement? Quel est ton ultime but dans ce monde qui te semble un peu trop parfait? Pourquoi t’entêtes-tu à tenter de découvrir la vérité alors qu’il n’y a rien à prouver? Tes paupières se ferment d’elles-mêmes tandis que tu attaches de nouveau ta crinière, en queue de cheval cette fois, filant dans une cabine pour enfiler ton maillot.

Le contact de l’eau sur ta peau t’arrache un frisson. Tu as plongé sans même y penser. Tu as mis cette peur de côté, celle qui te prend aux tripes chaque fois que tu t’approches de la piscine. Tu ne comprends pas pourquoi tu as si peur de cette étendue d’eau. Une fois submergée, pourtant, plus rien ne semble pouvoir t’arrêter. C’est peut-être parce qu’à cette heure tardive, il n’y a personne pour te déranger. Rien pour briser cette concentration de fer qui t’habite. Parce qu’il t’en faut, de la concentration, pour ne pas céder à la panique. Tu sens l’eau faire pression contre ta poitrine, écrasant ta cage thoracique. Tu sens tes poumons s’endolorirent. Tu remontes à la surface, à bout de souffle, t’accrochant au rebord de la piscine pour ne pas sombrer de nouveau. Des bruits de pas. Ils attirent ton attention en un instant. Ta concentration vole en éclat en un claquement de doigt. Tes prunelles s’abattent sur une silhouette que tu ne reconnais pas. Un nouveau visage, comme ceux qui arrivent à tous les jours. Lentement, tu nages jusqu’à lui, ou du moins jusqu’à pouvoir poser pieds au sol. Il a tellement l’air perdu, pauvre petit. « Je peux vous aider…? » Ta voix s’élève, douce et rassurante. Tu sais ce que c’est que d’arriver ici et ne rien comprendre du tout. Tu es passé par cette étape aussi. Tu te rapproches une nouvelle fois du bord de la piscine, traçant quelques ronds dans une flaque d’eau trônant sur le ciment. « Si je peux vous être d’une quelconque utilité… »