Lost stars #Faelia

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Il est un enfant mal éduqué, un adulte aux mauvaises mœurs jureraient-ils. Pas même un regard en arrière, ses pas, frôlent avec insolence l'asphalte, détournant, contraignant les autres passants à changer leur trajectoire tandis que les regards se tournent de parts et d’autres et dévisagent l’asiatique aux écouteurs un peu trop bruyant. Il pouvait sentir leurs regards le traquer, leurs voix et leurs cris fracasser contre ses tympans en un vacarme assourdissant.  « Voilà la nature humaine » pensait-il, cette masse morbide qui s’évertue à gronder dès lors qu’une difformité se met sur leur chemin. Et s’ils savaient qu’il était aveugle, ne serait-ce pas mieux pour lui et sa piètre existence ? N’était il pas préférable d’acheter leur silence au prix de leur immonde hypocrisie?
Mais le garçon était trop fier pour se résoudre à cette solution de fortune. Qu’il valait mieux affronter marées et tempêtes s’il gagnait en retour la banalité tant espérée. Car il verra toujours tout d’un mauvais œil : qu'une attention trop prononcée se traduisait par de la simple fausseté.

Il entend les chiens aboyer, les pneus se crisser, les bribes de conversation, et tout ça dans une mélodie presque symphonique. Faith essaie d’imaginer le décor, celui de gens qui rient, et derrière eux se dessine un paysage pastel qui se poursuit jusqu'à l’horizon et le ciel coloré. Ses yeux ses lèvent et son regard essaye de le contempler. Dans sa course, il se cogne à nouveau. “E-Excusez-moi” disait-il tout en courbant son dos furtivement. Il fixe quelque instant le sol, pensif avant de plus être en mesure de cacher l’amertume de son sourire. à ce même moment le songe laissait place à la réalité : qu’après tout il ne pouvait rien voir à l’exception d'un simple décor anthracite, le même que celui qui s'était logé au creux de ses pupilles.

©tokyo nine

Te perdre dans une foule n’avait rien de fantastique, bien au contraire. C’était pour toi un calvaire pas possible qui impliquait beaucoup trop de contorsion pour ton propre bien. Il fallait dire que tu avais le choix entre des contorsions pas possible et un flot de pensées et d’émotions. Tu préférais donc l’effort physique qui était nécessaire pour éviter les contacts plutôt que la pression mentale qui venait avec l’utilisation, même involontaire, de ton pouvoir. De toute façon, tu n’avais qu’un allez-retour rapide à faire pour te préparer à manger. Peut-être que tu réussirais à le faire sans problème cette fois. Ou pas, c’était sans doute trop espérer puisque quelques instants plus tard tu te sentis percuter par quelqu’un qui avait la grâce d’un tracteur. Il n’en fallut pas davantage, ta main frôla sa peau et la suite ne se fit pas attendre. Tu ne pouvais pas l’éviter, c’était une conséquence évidente contre toute ta meilleure volonté. Sauf que contrairement à ce que tu ressentais d’habitude, ce fut le noir complet. Tu étais projetée dans ce qui était sans doute l’un de tes pires cauchemars. Ce n’était que le temps d’un instant, le temps du contact, mais ce fut amplement suffisant pour que ton coeur se débatte dans ta poitrine, comme pour essayer de fuir cette vision. Pourtant, malgré cette terreur qui t’envahissait bien malgré toi, il y avait autre chose. Tu ne savais exactement mettre le doigt dessus, tu n’en eus pas le temps que cette vision disparut l’instant d’après. Une voix s’excusa et ton regard se leva dans cette direction pour repérer son propriétaire. Ta curiosité avait été piquée, plus que tu ne l’aurais cru malgré le fait que ton coeur tambourinait encore. Tu te rapprochas du jeune homme : « Excusez moi ? » Que dire de plus ? « C’est vous qui… ? » Avait un trou noir dans les pensées ? Tu savais bien que tout le monde avait des habilités ici, mais tu ne savais pas vraiment comment expliquer le tout.

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Son amertume laisse place à la surprise lorsqu’il entend une voix féminine surgir devant lui, le stoppant alors net dans son mouvement. “O-oui? C’est moi qui...?” répétait-il tandis qu’il enlevait ses écouteurs afin de mieux entendre le son de sa voix. Ses yeux se calent maladroitement dans sa direction, avant de finalement dériver sur le côté. La confusion se semait, tandis que les questions sur les motifs de son interpellation commençaient à s'enchevêtrer dans son esprit. Était-ce elle la personne qu’il avait cogné il y a quelques secondes? Était-elle en colère? Lui qui n’avait le don de la vision, il n’était en mesure de pouvoir jauger les autres sur leurs expressions, il se fiait alors uniquement à leur voix.
Et d’ordinaire ça marchait, mais cette fois-ci il était confus, son timbre de voix n’exprimait nullement quelque chose de cohérent avec leur situation : en aucun cas de la colère ou de la frustration, justement cela se rapprochait plus de l’incertitude et de la curiosité, chose dont Faith ignorait les motifs ou la raison.
Instinctivement, décidant de ne pas se fier à ses sens restant, il se fia à l’expérience et décida de s’excuser à nouveau pour ne pas risquer d’envenimer la situation “Oui c’est moi qui vous ait cogné avant. Je suis désolé, je suis un peu étourdi.” déclara-t-il tandis qu’il logea sa main dans ses cheveux qu’il rabattait vers son front afin de cacher ses yeux derrières ses mèches rebelles. Il s’avança légèrement dans sa direction, essayant de calculer la distance pour ne pas créer une proximité trop gênante. Il s’inquiéta alors à voix basse :  “V-vous n’êtes pas blessée?” il attendit alors quelques secondes avant de se retirer de quelques pas avant de poursuivre quelque peu hâtivement “Ehm si vous n’avez rien à rajouter, il faut que j’y aille.” et vite, qu’il puisse fuir cette étrange situation.

©tokyo nine

Peut-être avais-tu fait une erreur en l’interpellant ? Tu avais sans doute l’air bien bizarre, d’autant plus que tu ne lui offrais aucune explication particulière pour ton comportement. Non, tu ne faisais que lui poser une question et une qui n’était pas très clair qui plus est. Tu aurais du être plus claire, au moins essayer d’expliquer pourquoi tu l’interpellais de cette façon. Tu le sentais bien confus, il n’y avait pas besoin d’user de ton pouvoir pour le deviner. Il répéta tes mots, alors que tu cherchais la bonne réponse pour l’éclairer. Tu savais bien que les habitants de la ville (outre les muets) avaient eux aussi des pouvoirs, mais tu n’aimais pas évoquer le tien pour autant. C’est finalement lui qui rompit le silence le premier en s’excusant à nouveau pour t’avoir cogné. « Oh, ne vous en faites pas. » Tu n’allais pas non plus lui en vouloir pour ça tout de même. Ce n’était pas pour ça que tu lui parlais qui plus est, mais ça il ne pouvait pas le deviner vu le peu de clarté que tu lui offrais. Il se rapprocha ensuite et tu te demandas pendant un moment si ce n’était pas l’occasion idéale pour tenter un autre contact. Peut-être que ce n’était pas lui ou peut-être que ton pouvoir avait eu une réaction particulière. Il reprit la parole pour te poser une autre question : « Non, du tout. » Tu voyais difficilement comment il aurait pu te blesser. Restait finalement que tu devais t’expliquer avant qu’il ne parte. « En fait, ça va vous surement vous paraitre étrange. » Ce l’était d’ores et déjà après tout. « Mais je suis mentalist et j’ai involontairement usé de mon pouvoir sur vous… C’était noir ? » Tu ne savais pas comment expliquer davantage. Tu te sentais déjà bien mal de lui mettre cette histoire sous le nez. Tu voulais comprendre ce dont il en retournait si bien que tu lui imposais cette drôle de situation.  

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Aussi ironique que cela pouvait se montrer, le garçon, qui d’ordinaire avait caractère bien trempé, était devenu face à la pression et l’imprévisible effroyablement docile.

Fay n’arrive plus à trouver de manière pour s’exprimer ; les mots s'entrechoquent dans sa tête tandis que ses yeux fuient maladivement le contact visuel. Et si, et si elle avait réalisé pour sa vue ? Allait-elle faire partie de ces gens-là qui prône ces discours moralisateurs? Serait-ce là la raison de son interpellation? Un frisson parcourt l’échine du garçon tandis qu’il commence à tourner les talons en quête d’échappatoire. Mais la voix féminine résonne dans son esprit et le stoppe dans sa course. C’était noir. Noir? Et à cet instant précis il retrouve sa précieuse lucidité. C’était les mêmes paroles que Blaze, son amie mentalist lui avait prononcé à l’époque. Que ses visions étaient noires. Et cela n’avait rien de surprenant évidemment, lui qui était aveugle, pouvait-il voir autre chose que les effroyables abysses?
Mais semble-t-il que son interlocutrice n’avait pas encore fait le lien entre tout les éléments. Fay se mit à rire nerveusement tandis qu'il se tourne face à elle “hé bien, c’est normal vu que vous venez de faire une intrusion dans mon esprit. vous avez vu ce qu’il y avait à voir.” versatile, erratique, le garçon passait de l'agneau au loup. La douce nonchalance devient une symphonie insolente. Il l'accuse sans fondement, à la manière d'un garçon encore trop immature. De peur d'être celui qui allait se faire dévorer, Fay avait toujours ce besoin de confronter et blesser sans raison.

au fil des paroles, son sourire se transforme lentement jusqu'à devenir un mur d’indifférence dont les lèvres forment encore quelques mots “c’est à dire rien du tout”. Il marque la pause et soupire lorsque l’une de ses mains vient timidement balayer ses cheveux “Vous voulez réessayer?” suggère-t-il, la voix dénudé de toute émotion, en lui proposant une poignée de main.

©tokyo nine

On ne peut plus nerveuse dans cette situation qui sortait de l’ordinaire, tu ne savais pas exactement sur quel pied danser. Tu craignais sa réaction, ne voulant surtout pas causer une scène en plein public. Ce n’était pas exactement de ta faute, après tout, ta maitrise de ton pouvoir était loin d’être exceptionnelle et il se déclenchait donc que tu en aies envie ou non. Cette fois était un parfait exemple, même si, au final, c’était ta curiosité qui t’avait poussé dans cette situation. Ses mots te firent baisser les yeux, on ne peut plus mal à l’aise. Tu savais qu’il avait raison, que tu t’étais introduite dans son esprit sans sa permission. Tu voulais t’expliquer, lui offrir une raison derrière cette intrusion, mais tu ne réussis qu’à offrir une mince excuse : « C’est-à-dire que ce n’était pas vraiment voulu… » Tu aurais pu lui retourner l’accusation, dire que c’était parce qu’il t’avait bousculé que tu avais pu lire ses pensées. Dire que c’était de sa faute aurait pu t’exonérer d’une certaine manière, mais tu n’étais pas pas dans cet état d’esprit. Bien trop occupée à chercher une excuse à lui offrir, tu n’avais même pas relevé l’indice énorme qu’il t’avait laissé, cette piste sur laquelle ton esprit de policière aurait du s’élancer. Tu le réalisas lorsqu’il poursuivit sur sa lancée, te disant qu’il n’y avait rien à voir. Rien du tout ? Ta tête montra sans doute ta perplexité, mais ce questionnement fut écarté lorsqu’il reprit la parole pour te proposer quelque chose : ressayer. « Ça ne vous dérange pas ? » Question idiote sachant qu’il te l’avait proposé, mais tu ne pouvais t’empêcher d’être indécise. Tu craignais ce que tu avais vu, toi qui était terrifiée par la noirceur, mais ta curiosité t’intimait de tenter l’expérience à nouveau. Tu attrapas donc sa main et tu aussitôt tu fus propulsée dans la noirceur. Il ne t’en fallut pas davantage pour que ton coeur se mette à tambouriner dans ta poitrine. Tu rompis rapidement le contact. « Comment est-ce possible ? » À vrai dire, les indices qu’il t’avait donné aurait du suffire à ce que tu relies les points, mais rien n’y fait. Déjà, il fallait que tu arrives à calmer ton coeur si tu voulais pouvoir réfléchir un minimum.

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Les bras croisés fermement dans une posture peu avenante, sa langue claque contre son palais dans une nervosité qu’il ne peut plus cacher. Les pensées sombres, il vient presque à en oublier la raison pour laquelle il a oublié de tourner les talons. Il soupire, puis dans un geste paradoxal il tend timidement son bras vers l’inconnue en lui proposant de se serrer la main. Un sourire intimidé se dégage de ses lèvres tandis que son regard (toujours couvert par ses mèches rebelles) se voit accompagné par ses joues qui s’empourprent progressivement sous la gêne incontrôlée, trahissant alors l’impression froide et insensible qu’il tentait de créer.
Maintenant qu’il en a conscience, c’est plus fort que lui, ça l’angoisse, ça le stresse. Ses oreilles rougissent, tandis qu’il entend son palpitant se fracasser contre les parois de son crâne. S’il s’avère d’une nature extrêmement tactile, il ne l’est en réalité qu’avec ceux qu’il estime proches et sa nature perfide de liseuse d’esprit n’arrange guère les choses. Mais malheureusement tout aussi incompréhensible cela pouvait-il se montrer, là était le but de son geste. Sous le coup de l’impulsion il avait envie de confier son secret à une parfaite inconnue qu’il venait de croiser. Par simple curiosité, (en réalité par égoïsme), sans réaliser ce que cela impliquait, il voulait simplement savoir si une autre personne que Blaze était capable de sonder son esprit à en voir la noirceur.

A sa surprise, le contact fut bref, rapidement interrompu par la demoiselle qui le questionna. “rien de très complexe, je suis simplement incapable de voir, c’est pour ça que vos visions sont noires.” si le timbre est tranchant, et les mots choisi de manière à être les plus impersonnels, c’est pourtant une douceur et une délicatesse sans nom qui se dessinent dans les traits de son visage. Il recule de quelques pas, tandis qu’il soupire d’aise. “voila mystère résolu.” laisse-t-il échapper de ses lèvres étirées tandis qu’il claque ses mains entres elles. “je me ferai une joie de voir votre visage sous la surprise, mais rien qu'à l'imaginer cela me suffit.” il s’efforce d’être joyeux pour ignorer les réactions de son interlocutrice dans le cas où celles-ci s'avéraient similaire à la banalité qu’il confronte : de la tristesse, de la peine, ou encore de la pitié.
Mais il le vivait bien, très bien évidemment.
et il riait amer.

©tokyo nine

Retenter l’expérience ne te disait rien qui vaille, mais ta curiosité te poussa à accepter la proposition qui t’était faite. C’était choisir volontairement de te plonger dans l’un de tes plus grands cauchemars et tu n’en étais pas plus contente. Sauf que ce n’était qu’un détail en comparaison de la multitude de questions qui t’envahissait l’esprit. Il fallait que tu comprennes, que tu parviennes à la conclusion qui aurait du te paraitre évidente dès le premier contact. Tu n’avais pas relevé les indices qui auraient pu te permettre de deviner ce dont il en retournait si bien que tu te retrouvais dans l’incompréhension, même après ce second contact. Il fallait dire que tu étais bien occupée à tenter de calmer les battements de ton coeur. Tu avais donc du te contenter d’une autre question que tu posas bêtement. La réponse ne se fit pas attendre et elle permit enfin à ton esprit de faire les connexions nécessaires. Ce n’était rien d’impressionnant considérant qu’il avait dit presque textuellement ce dont il en retournait. « Vous êtes aveugle… » C’était d’une perspicacité telle, à se demander comment tu pouvais être policière. À vrai dire, tu cherchais les bons mots pour poursuivre. C’était comme si tu ne réalisais qu’à présent que tu avais grossièrement envahi son intimité. C’est donc le jeune homme qui reprit la parole à nouveau après un claquement de main. Son air doux et ses paroles contrastaient avec le noir que tu avais vu dans son esprit, c’en était troublant. « Je ne savais pas que ça impliquait la noirceur dans vos pensées. » Mais à bien y penser, ça coulait de source sachant qu’il n’avait pas de vision pour balayer le monde qui l’entourait. Cela dit, cette réalisation ne faisait naitre que davantage de questions pour toi, tu n’osais cependant pas les poser aussi directement. Tu pris donc un moment pour réfléchir avant de poursuivre : « Vous le vivez bien ? Je veux dire, il y a comme une chaleur qui émane en dépit de la noirceur. » C’était sans doute très malpoli comme réflexion. Qui étais-tu pour te prononcer sur l’état d’esprit d’un inconnu ? Mais tu étais curieuse, peut-être un peu trop, et tu voulais comprendre la contradiction qu’était ce jeune homme.  

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Il hausse les épaules nerveusement et ses mains claquent entre-elles afin de détendre la tension qui s’était créé. Ses sourcils se froncent sous la surprise l’espace d’un instant, le temps de réaliser la lenteur de déduction de son interlocutrice. les lèvres pincées, elle s’étirent jusqu'à en former un sourire bien trop grand pour être honnête. “Oui je suis aveugle.” sa phrase semble d’une banalité affligeante, criminelle à en voir l’insensibilité qui se dégageait de ses paroles. Après tout il s’était fait à cette fatalité depuis son arrivée et il avait appris à vivre avec. “Mais ne me dites quand même pas que vous êtes détective après tout ça.” une once d’insolence teinte ses paroles, tandis qu’il étouffe un ricanement moqueur. Puis ses yeux faussement lumineux se détournent de la demoiselle, de peur qu’elle sache en lire les émotions qui commençaient à s’y loger. (on lui en avait déjà parlé, et même s’il ne comprenait pas très bien, le regard était le reflet de l’âme). “évidemment que je le vit bien, après tout on ne peut connaître le manque d’une chose si l’on ne l’a jamais connu.” Bien sûr qu’il allait bien, bien sûr qu’il était heureux comme il était, mais au fond, au fond de lui (même s’il se ment souvent à lui même), il reste un enfant rêveur dont la liberté lui avait été arrachée. Parfois Hecate lui parle de couleurs, que le rouge est chaleureux, que le bleu n’est que tristesse. Et Faith n’y comprend pas grand chose à ce charabia, lui qui ne conçoit que seules les notes de musique transcendent et ne font qu’un avec les sentiments humains. “la plupart des personnes ressentent de la peine ou de la pitié envers moi. Pourtant moi je pense bien différemment. Je dois me fier aux choses que je connais et non me baser sur mes sens pour me dire l’inverse.” faith, depuis quand es-tu devenu si adulte dans tes mots? Si raisonnable dans tes paroles? il pourrait même dire avec un peu plus de culot que la cécité en soit est une bénédiction. Il est bien éloigné des mœurs actuels, de leur capacité à juger par la simple apparence et au premier regard. Lui, il apprend à connaître les gens, à en détailler les choix de leurs mots et leur manière de parler. C’est avec le temps qu’il se forge un jugement et non sur l’instant. “Vous savez, j’ai un jour j’ai entendu : voir ce n’est pas croire.”

©tokyo nine

Maintenant que tu avais enfin compris ce dont il en retournait, à savoir le fait que tu avais à faire avec un aveugle, tu pouvais davantage comprendre ce que tu avais ressenti lors de ce contact accidentel. Ton interlocuteur confirma ta déduction de qualité avec flegme. Tu en fus bien surprise et en restas interdite pendant un court moment. C’est donc le jeune homme qui reprit la parole, ironisant vraisemblablement sur tes capacités de déduction. Tu baissas le regard (geste fort inutile sachant qu’il ne pouvait pas te voir) et serras ta queue de cheval comme pour te donner le courage de répondre à ce commentaire. « Hm. C’est-à-dire que ce n’est pas mon meilleur moment. » Parce que tu étais bien une détective ou du moins quelqu’un qui devait user de ses capacités de déduction dans son travail. Pour ta défense, ta lenteur pouvait s’expliquer par le fait que ton coeur ne s’était toujours pas remis de la noirceur que tu avais du subir à deux reprises. Tu préférais pourtant passer pour une détective incompétente (ce qui n’était pas si loin de la réalité) plutôt que de devoir admettre que l’obscurité te terrifiait. Il était donc difficile pour toi de conjuguer le noir dans lequel il pouvait vivre et la chaleur que tu avais pu ressentir lors du contact. « J’imagine oui. » En même temps, il fallait dire qu’ici vous ne connaissiez pas grand chose de vous même. Enfin, tu n’allais pas non plus lui rétorquer cela si bien que tu préféras écouter ce qu’il ajoutait non sans un brin de surprise. Tu ne ressentais pas de pitié pour lui, mais de la curiosité qui ne pouvait qu’être exacerbée par le fait qu’il vivait aussi bien la chose. « Vous vous fiez à vos autres sens donc ? L’ouïe ? » C’était la supposition la plus simple à faire maintenant qu’il n’y avait plus de doute quant à sa cécité. Tu ne savais pas à quel point il accepterait de répondre à tes questions, mais c’était une occasion pour toi de découvrir le point de vue de quelqu’un qui vivait la vie bien différemment de toi. Ce qu’il finit par dire te fit arquer un sourcil, sans pour autant être convaincue. « Si vous le dites oui. Ça ne facilite pourtant pas une vie. » Tu ne considérais pas qu’il était à plaindre pour autant, si ça se trouvait son pouvoir palliait à cette absence de vision. Tu n’en savais rien à vrai dire si ce n’était que tu préférais éviter de le toucher pour ne pas retomber dans l’obscurité dans laquelle il devait vivre.

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Charmes félins, passivité d’un chat, faith et pourtant quelqu’un dont il faut se méfier; lui même se décrirait comme le fameux proverbe. Il faut se méfier de l’eau qui dort. “Sérieusement, vous n’êtes quand même pas dans un truc où il faut de la déduction...si?” ses yeux se plissent en demi-lunes sous l’hilarité, tandis qu’il se retient presque d’en être un peu trop moqueur. “vous me motiveriez presque à m’initier à l’escrime haha.” Impitoyable quand il s’agit de moqueries, sa langue fourchue libère son venin jusqu'à ce que ses paroles prennent un tournant plus grave. A la fois adulte et adolescent, lui même se perd dans son attitude paradoxale. Parfois il en devient presque faux, comme si au final, son insolence n’était qu’un outil afin de cacher son âme brisée. son expression est douce et chaleureuse, ses mots sont pourtant choisis avec prudence et réflexion alors qu'il analyse de son ouïe fine les paroles de l’inconnue. son instinct est avant tout celui du tigre, il joue de ses paroles-toxiques, paroles-mensonges (dont lui-même commence à croire) et tente de noyer la vérité.

D’une honnêteté artificielle il prétend être heureux, que la vue n’est qu’une simple banalité dont il pourrait se passer. Mais évidemment la réalité est tout autre. S’il avait dit la vérité, lui aurait-il alors avoué avoir déjà vu; ce livre et ce bracelet doré, cette torture et cette douce vérité. “Oui, j’ai un ami qui m’a aidé à me réadapter ici quand je suis arrivé. Je suis arrivé au point ou je suis autonome je n’ai pas trop de souci. J’aurai préféré être capable d’augmenter mes autres sens comme le font certains malheureusement je n’ai pas cette chance, je suis juste capable d’éviter qu’une voiture me roule dessus.” Combien de fois se rappellera-t-il de cet allemand qui lui avait tendu la main? Lui qui était si fragile a cette époque, brisé et morcelé, il avait été le premier à le comprendre, à comprendre qu’il ne voulait pas de cette compassion humaine; au contraire il voulait qu’on le malmène à la manière d’un autre, qu’on lui apprenne ce qu’était la banalité. “je n’ai pas la vie facile, mais je suis vivant. être en vie ça n’a pas de prix.” sa voix sonnait comme une sentence, grave, froide, imprégnée de son amertume. Car après tout il s’en souvenait comme si c’était hier de son souvenir. S’il se rappelait totalement de ce qu’il avait vécu il serait sûrement reconnaissant d’être encore en vie. Mais viscéralement, il ne peut s'empêcher de haïr son soi passé. Qu'avait-il fait pour mériter une telle cruauté?
“non, pas encore ça” Soudainement sa réflexion s’abrège en une lourde migraine, une douleur bien trop familière. Son équilibre se perd, l’une de ses mains cherche un mur auquel s’appuyer tandis que l’autre se pose violemment contre son front. Des visions s’enchaînent, et comme la dernière fois, cet étrange sentiment le gagne à nouveau; il se souvient, mais il se sent si vide à la fois. “미안하다” Une larme s’échappe et roule le long de sa joue tandis qu’il s’excuse vainement en coréen. Il veut s’excuser et le désir incontrôlable de hurler ses pensées le gagne. Il est navré, il se brise encore une fois de plus. La culpabilité le gagne, mais il retient la marée haute devant l’inconnue. “D-Désolé oubliez ça. parfois j-j’ai des visions étranges. ça m’arrive.”

©tokyo nine

En vérité, tu aurais peut-être du ignorer ta curiosité et continuer ton chemin plutôt que tenter d’élucider le mystère de la noirceur dans l’esprit de cet inconnu. Tu étais bien contente d’en avoir compris la cause, mais il fallait admettre que tu n’avais pas montrer le meilleur de tes capacités de déduction. C’était même plutôt honteux. Son commentaire te heurta un peu, mais tu fis l’effort de le camoufler, au moins il ne pouvait pas voir la tête que tu tirais. « À vrai dire, oui. » Tu aurais bien tourné autour du pot plutôt qu’admettre la vérité, ça te ressemblait bien plus, mais tu t’étais sentie obligée de confirmer que ton métier nécessitait bien un effort de déduction (ce que tu réussissais mieux en temps normal). Après tout, ce ne serait que plus gênant si jamais tu devais le recroiser dans une situation plus professionnelle. Ce qu’il ajouta te fit froncer les sourcils, mais tu préféras ne rien répondre, de peur qu’il puisse voir qu’il t’avait froissée.
Tu restais tout de même surprise par le fait qu’il affirmait bien vivre la chose. Il répondit à tes questions sans grande gêne, t‘apprenant qu’un ami l’avait aidé pour qu’il s’habitue à cette nouvelle chance. Maintenant qu’il te parlait de ces autres sens, tu ne pouvais t’empêcher de te demander quel était sa capacité. Tu doutais qu’il soit mentalist comme toi, mais il y avait une chance que ce soit chacun des autres pouvoirs. « C’est déjà mieux que rien. » Qui étais-tu pour faire ce commentaire ? Personne sans doute, mais tu estimais qu’il était tout de même appréciable qu’il parvienne à éviter de se faire frapper, au moins il était en vie et selon ses propres dires, ça n’avait pas de prix. Tu ne partageais pas son opinion, mais il était mieux qu’il voit les choses ainsi. « Je vais sans doute paraitre indiscrète, mais votre pouvoir ne peut-il pas vous aider ? » Au point où tu en étais, paraitre indiscrète n’était pas vraiment un problème. Au moins tu avais réussi à tourner la chose d’une manière qui sonnait un peu moins comme un interrogatoire (ou tu espérais en tout cas).


La conversation prit ensuite une tournure bien particulière lorsque l’inconnu changea complètement de comportement. Tu le regards de travers alors qu’il cherchait un mur, incertaine de la bonne chose à faire, mais suffisamment certaine de ne pas vouloir le toucher à nouveau. Tu n’étais que spectatrice face à une scène que tu ne comprenais à moitié. Pour avoir vécu quelque chose de semblable, tu pouvais supposer ce qui se passait, non pas être certaine. Tu aurais pu faire l’effort nécessaire pour te mettre dans sa tête, mais vu ses réactions, tu préférais éviter. Suite à quoi il revint à lui, s’excusant pour ce qui s’était passé. Tu secouas bêtement la tête - une habitude - avant de lui répondre : « Ne vous en faites pas. » Ce n’était pas de sa faute après tout, bien au contraire. C’était des souvenirs qui vous assaillaient, un phénomène qui semblait se propager : « Ça vous arrive souvent ? » Toujours cette curiosité qui te faisait parler avant même de réfléchir. Il fallait dire que ces visions étranges étaient justement étranges, ce qui ne pouvait que piquer ta curiosité au maximum.