Pour... Changer, écoutez. Tu te faisais encore courser, Loan, et tu ne sais même pas exactement par qui. Tu avais piqué un porte-feuille en douce, mais peut-être pas assez discrètement, et on te courrait après pour que tu rendes l'argent, mais tu n'en avais nullement l'intention. De ta nature de Dauthus, tu aurais pu prendre de l'avance et semer la personne derrière en un rien de temps, mais c'était plus amusant de la faire tourner en bourrique un peu, non, toi qui ne te fatiguais pas facilement ? C'était une grande passion chez toi, Loan, énerver les gens. Tu te montrais intrusive et agaçante au possible, mais bon, tu étais comme ça.
Alors oui, tu courrais, en regardant un peu de partout, cette ville, tu la connais sur le bout des doigts mais tu espères quelque chose de nouveau à chaque fois que tu arpente ses rues. Et, trop occupée par le décor, tu percutes quelqu'un, d'une telle force que tu lui tombes dessus ; eh bien. Au lieu de te dépêcher, tu regardes la personne sur qui tu es tombé, Loan, parce que, évidemment, tu as tout ton temps ; surtout dans une position aussi ambiguë. Tu scrutes l'homme et il ne te faut que quelques secondes pour afficher un sourire espiègle. Tu te dégages, et prends la main de celui que tu as fait tomber, d'abord pour le relever, puis tu entame un « Oh, bonjour ! » avant d'entendre des cris derrière toi ; on te poursuit encore. Et au lieu de t'en aller simplement, tu emportes avec toi l'inconnu qui n'as rien demandé dans ta course, lui tenant encore la main ; jugeant sûrement que c'est plus amusant de courir avec quelqu'un. « Tu m'accompagnes ? On fait un tour de la ville. C'est moins ennuyant que de courir seule. » Si si, c'est bel et bien la seule raison. « Sinon, comment ça va ? » Tu es sur le point d'engager une discussion banale avec un inconnu que tu traines dans une course qu'il n'a pas demandé. Bravo Loan, bravo.
Agape se baladait tranquillement, il ne cherchait rien en particulier, il venait tout juste de sortir d'un rendez-vous chez un de ses clients, et aurait bien voulu rentrer chez lui. Mais il est tombé, en fait quelqu'un l'a poussé, par inadvertance je pense, une personne plutôt d'origine asiatique si l'on en croit ses traits, des cheveux clairs, il ne saurait décrire si c'est un homme ou une femme, chose qui ne le dérangeait pas tant que ça au final. Cette même personne l'a relevée, en lui tendant la main, et entraîné dans ce qui semble être une poursuite, mais pour quelle raison ? Dans tout les cas Agape n'avait d'autre choix que de le suivre. Sinon, le sol aurait raison de son doux visage. Alors lors de cette courses effrénée, ils discutaient donc de tout et de rien, faisant alors connaissance dans un cadre qui ne semblait donc pas propice.
-Hey c'est bon on nous suit plus ralentis ! J'y arrive plus, j'ai beau avoir un peu de chance avec mon don, je sais pas encore trop m'en servir !
Le jeune homme semblait avoir du mal à reprendre son souffle, il avait viré à un ton écarlate, et ses habits n'étaient pas non plus adaptés à la pratique sportive, c'est ce pourquoi son bas de pantalon avait déchiré durant la course.
-Bah bravo en plus t'as ruiné mon pantalon il coûtait une vraie fortune ! Tu m'en dois un autre !
Il avait lancé cela un peu énervé, presque à bout, c'est là que survint en lui un sentiment de manque intense, comme la perte de quelqu'un, comme un décès ou une rupture soudaine où aucun des deux n'aurait pas été consentant. Alors il s'effondrit en larme contre un mur, sans même en connaître la raison, essuyant ses larmes de quelques coups de manche de sa veste de tissus marron.
Tu t'arrêtes, Loan, quand il le demande. T'as pas assez de cœur pour l'avoir épargné d'une course-poursuite inutile à ses yeux, mais, tu ne tient pas à le tuer non plus ; et il dit vrai, vous n'êtes plus suivis. Tu t'arrêtes donc, le regarde tenter de reprendre son souffle, épreuve qui semble difficile, alors que toi tu transpires seulement, en réalité tu le vis bien, vu le nombre de fois où les gens ont voulu te rattraper pour te bouffer – façon de parler bien entendue – ce genre de choses fait partie de ton quotidien. Mais visiblement, même un Dauthus n'arrive pas bien à te suivre ; et toi qui ne savait même pas qu'il était Dauthus. Quand ton compagnon surprise te plaint d'un pantalon déchiré, tu pouffe un peu – irrespectueuse que tu es – et lève les mains en l'air signe d'innocence. « Ah, je plaide non coupable ! Tu dois juste avoir une mauvaise manière de courir, nan ? Et puis, de toute façon j'ai pas d'argent. » Tu ne venais absolument pas de voler un porte monnaie, noooon. En vrai tu aurais pu lui donner l'argent que tu as volé, mais ton stock de sucettes et de clopes s'était vidé hier, il t'en fallait.
Après, il faut se l'avouer, c'est une autre histoire quand le jeune homme fond en larmes sur un mur, pris d'un soudain... spasme de tristesse ? Tu ne saurais décrire ce qui arrive, Loan, tu es toi-même assez choquée. Tu écarquilles un peu les yeux, tes mains se déplacent devant toi, comme prêtes à soutenir l'inconnu dont tu n'as même pas encore demandé le nom. Mais, insensible comme tu es, tu te retiens de rigoler encore une fois, c'est loin d'être drôle et tu le sais, mais, voir quelqu'un pleurer d'un coup comme ça ? C'est hilarant un peu. « Mais ?? Ne pleures pas, attends, si t'y tenais tant que ça à ton pantalon je peux tenter de faire un effort... » Bon, t'es pas crédible, Loan, alors que tu pouffe pour retenir un éclat en demandant ça.
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Pour... Changer, écoutez. Tu te faisais encore courser, Loan, et tu ne sais même pas exactement par qui. Tu avais piqué un porte-feuille en douce, mais peut-être pas assez discrètement, et on te courrait après pour que tu rendes l'argent, mais tu n'en avais nullement l'intention. De ta nature de Dauthus, tu aurais pu prendre de l'avance et semer la personne derrière en un rien de temps, mais c'était plus amusant de la faire tourner en bourrique un peu, non, toi qui ne te fatiguais pas facilement ? C'était une grande passion chez toi, Loan, énerver les gens. Tu te montrais intrusive et agaçante au possible, mais bon, tu étais comme ça.
