Caught in the middle of a crossfire | ABSYNTHE

Le sang qui rue dans tes veines est celui des vagues de sel qui s'écrasent avec peine contre la roche qui se fait souveraine, reine contre laquelle ses sujets se déchaînent par centaine mais qui ne font qu'attiser sa haine. La roche est dure, la mer est pure. Dans ta tête s'égraine la foi que tu daignes soutenir sans haine. Ce soir, tu as besoin de laisser naviguer ton corps sur des eaux plus sereines. Mais pour le large, tu divagues quand on te dit vague. Il a fallu qu'à ton taf, on en parle pour ton esprit se largue au milieu de cette étendue bleuâtre. La nuit commence à tomber et tu laisses tes pas te guider jusqu'au sable doux sous tes pieds. Tu n'avais qu'une hâte toute la journée, c'est de prendre la tournée d'écume pour qu'elle te consume. Tu commences à te déshabiller jusqu'à finir en sous-vêtement. Tu es parti, tu t'élances et tu te vautres près d'un par terre de bougies et aux pieds d'une femme au cheveux colorés qui se tient au milieu. Le ponton que tu as l'habitude d'arpenter dans ta lancée pour sauter est occupé par cette femme que tu n'as jamais vue. Ton regard est penaud, tu sembles avoir interrompu quelque chose. ❝ Heu pardon... ❞

Tout comme Samhain, Litha est l’une des sabbats que tu adores particulièrement. Sur cette plage mystérieuse au sable fin et à la brise marine rafraîchissante, tu as établi ton autel. Dans l’eau, tu t’étais lavée pour te purifier, te libérant des vibrations négatives autant sur le plan physique, psychique que mental avant d’enfiler une légère robe blanche qui collait encore à ta peau imberbe et nue. Tu avais allumé des bougies blanches avant de tracer un cercle fait de sel autour de toi dans le sens des aiguilles d’une montre.  « Je trace ici les limites du cercle sacré ou rien ne pénètre sinon l’Amour Parfait, d’où rien ne sort sinon l’Amour Parfait. Chargé de la puissance des forces de l’Univers, je trace ici les limites du cercle sacré. Ainsi soit-il. » Tu visualises une lumière bleue qui jaillit de tes mains pour se diriger vers le sol en créant ainsi une sphère parfaite et lumineuse. Ton don étant ce qu’il est, cela se produit pour de vrai. Le vent souffle légèrement dans tes cheveux lorsque tu te places au centre du cercle afin de visualiser une petite boule d’énergie au niveau de ton cœur. Inspire. Expire. Tu as conscience du bruit des vagues qui s’échouent sur la plage et celui du vent qui souffle légèrement autour de toi. Tu fais face à l’Est et allumes l’encens au Jasmin. « J’invoque la présence du gardien de la Tour de l’Est, celui qui garde les Cieux et qui gouverne l’Air. Je t’invite à te joindre à ma célébration et à me prodiguer tes influences bénéfiques. Ainsi soit-il. » Tu fais maintenant face au Sud et allumes une bougie. « J’invoque la présence du gardien de la tour du Sud, celui qui gouverne le Feu. Je t’invite à te joindre à ma célébration et à me prodiguer tes influences bénéfiques. Ainsi soit-il. » Tu allais te tourner vers l’Ouest lorsqu’un blondinet est arrivé en courant, brisant ton cercle. « Heu pardon… » Devant les yeux du gamin, tes yeux se voilent d’un noir d’encre comme si tu étais possédée, tes cheveux virevoltent tout comme ta somptueuse robe et, à ses oreilles, ta voix est effroyablement grave lorsque tu t’adresses à lui : « Qui ose m’interrompre? »

HRP:

Ta chute sans parachute était presque culte. A mettre au dessus de certaines qui t'ont déjà coûté ton sens de l'humour. Si d'habitude, t'as pas envie d'un prélude au rire, cette fois tu te statufie et tu te fies qu'à ton rythme cardiaque démuni. Oh, la nana ne te flanque pas les jetons, seulement ses satanées bougies ont faillies te cramer le front. Tu t'excuses comme un buse, tu t'accuses parce que tu le sais, c'est souvent la faute, des pattes pataudes. T'es pas poli, seulement on t'a démoli pour moins que ça. Sans compter que tu es légèrement déconcerté par ce que tu vois à tes pieds. Tu es muet devant cette espèce de rituel désuet. Derrière la femme, les vagues t'appellent pendant qu'elle fait sa belle. Elle ne t'accorde qu'un regard à glacer le sang qui aurait dû te détourner de l'envie de balancer des sarcasmes, seulement, elle te tente en posant sa question du haut de son piédestal. Un rire s'échappe de tes lèvres et happe l'attention de la femme. Un sourcil se hausse sur ton front et tu te doutes qu'elle prendra ça comme un affront mais tu ne peux pas t'en empêcher. Sale gamin au fond malin. ❝ Et qui ose squatter le ponton ? ❞ Tes yeux effleurent le parterre de bougies au pieds de dame à la modestie endormie et tu commences à t'interroger. Avec ton premier job, t'es au courant de quelques machins ésotériques. Tu t'es déjà fait accoster par un gars qui parlait de cartes et qui t'affirmait que l'horoscope que tu as écrit ne correspond pas à ce qu'il a vu. Tu t'es bien marré, un peu moqué et tu as fini par te renseigner un peu. Plus par intérêt d'arrêter tes calculs compliqués que par croyances véritables. Pour toi la seule magie, c'est celle qui t'a mené à ta seconde chance. Cette femme n'est qu'une païenne moyenne. Et tu ne caches pas le sarcasme qui entache des traits angéliques.

Un rire sarcastique sort d'entre les lippes du môme. Un feu s'initie dans tes veines, mais tu gardes ton masque de reine des glaces. Alors que le vent fait danser ta robe, ton regard le fixe de ces yeux où on ne peut déceler qu'une noirceur d'ébène. Guère impressionné, le blondinet va jusqu'à la remarque suffisante. « Et qui ose squatter le ponton? » Le pauvre ne sait pas à qui il a affaire et il le comprendra bien vite. Il t'a mise en rogne en interrompant ton rituel et tu détestes qu'on t'empêche de faire ce que tu veux. Tu comptais sur ce rituel pour pouvoir prendre contact avec les créatures de la nuit. À Litha, le voile entre notre monde et le leur se fait mince et cela permet une meilleure connexion. Il a tout gâché et tu ne risques pas de l'oublier. Tu aurais pu avoir des informations importantes sur ce qui s'est passé avant Varakes en établissant une connexion avec un défunt. Au yeux du gamin, tes pieds ne touchent plus sol et tu lévites tel un spectre. Des veines noires percent la peau laiteuse de ton corps et ton cercle de cérémonie maintenant inutile commence à se consumer, en flamme. Bien entendu, rien de cela ne se produit pour de vrai, ce n'est qu'une illusion. « Ton pire cauchemar, gamin. Je te conseille de déguerpir vite fait de ce ponton avant que je ne me mette réellement en colère. » Ton ton est froid, tout comme ton expression faciale.

Ton sarcasme lâche ses miasmes jusqu'au nez de la femme qui a perdu tout son enthousiasme. Tel le ciel tu es changeant, tel le nuage tu es peu engageant. Les gens peuvent croire dans une douce mélodie illusoire que ton visage détient toute la candeur d'un nuage cotonneux qui volette mais tu es vicieux et tu balances ta pisse sur les flippettes un peu trop pipelettes. Tu n'es pas angélique et tu n'as de séraphique que la propension à faire respecter la volonté de Dieu qui a eu la bonté de leur offrir une seconde chance ici. En attendant, ta seconde chance à toi est ponctuée d'effroi et une fois de plus, c'est une horreur que tes yeux voient. Le femme devient un véritable monstre. Des veines noires sillonnent sa peau comme si un pinceau avait tracé des rivières sombres qui imiteraient ses veines. Tu peines à en croire des yeux quand elle s'élève dans les airs avec son air atrabilaire. Tu penses immédiatement à une sorte de monstre humanoïde, comme gonflé aux stéroïdes. Ton coeur rue contre sa cage, encore davantage quand il voit le cercle prendre feu. Tu recules sur les fesses jusqu'au sable pour que les flammes ne t'atteignent pas, tandis que ses paroles glaciales te parviennent et qu'elles viennent t'ouvrir les yeux sur ce spectacle de monstre à l'ancienne. La peur a beau te vriller les tympans, tu ne laisses pas ton corps en dépendre plus longtemps. Tel le héros que tu t'imagines souvent être, avec tes ailes d'opale sur ton corps pâle, tu te relèves, ignorant tes genoux légèrement tremblants. ❝ Beaucoup se targuent d'être mon pire cauchemar. En attendant le pire que j'ai fait depuis que je suis ici c'est de voir des licornes chier des glaces. ❞ Tu te lèves contre les menaces même si tu sais que tu ne peux guère y faire face. Loser dans l'âme, tu n'es qu'un gamin à la tête d'âne. Le mec derrière les gens talentueux, le gars qui se perd dans ce labyrinthe tortueux. Tu es bien des choses, c'est certain et tu ne nies pas avoir peur, seulement tu n'es pas encore un lâche qui s'agenouille devant l'orage. Tu commences à embrasser ta rage d'ange. ❝ Mignons, ces tours de passe-passe. ❞

Le blondinet compare tes sombres illusions qui t'ont valu le surnom du fleuve des enfers à une une vulgaire image de licornes. Il te raille ces sornettes, menton bien droit, le thorax bombé pour te prouver qu'il n'a pas peur. Tu aurais presque envie de rire à son commentaire en sachant pertinemment qu'il regrettera ces paroles. Tu n'en as pas fini avec lui. Tu as une réputation à tenir, tout de même. Malheureusement pour lui, ceux qui tentent d'avoir l'air les plus braves sont souvent les poules mouillés. C'est tous de passe-passe, comme ils les appellent, risques d'être moins ''mignons'' quand tu passeras aux choses sérieuses. Ton corps lévite toujours au-dessus des flammes. Telle un spectre, une créature venant tout droit du royaume des morts, ta gueule se fend sur tes joues pour créer un sourire sanglant qui coule sur ta robe blanche. Lorsque tu parles, ta bouche s'ouvre comme ces marionnettes. « T'es mignon. Dommage que personne ne revienne totalement sain d'esprit de l'enfer... » Ton corps suspendu dans les airs, immobile, se dirige soudainement à une vitesse folle vers le gamin et ta gueule s'ouvre de façon très peu naturelle sur des dents acérées, droit sur le visage du blondinet, un son immonde sortant de ta gorge. Tes mains, striées de veinules sombres et dont les ongles sont maintenant des griffes, empoignent son visage et, soudainement, au yeux du gamin, tu disparais. La plage se transforme en fleuve de lave coulant entre les dunes rocheuses et le ciel est sans étoile ni lune. Il est prisonnier, attaché à un piquet alors que sa peau se consume. Sa peau brûle, grésille et une forte odeur se dégage de sa chair rôtie sous les flammes qui ne font que commencer leur ascension, mordant ses pieds. Tu réapparais, profitant du spectacle, sourire amusé. Or, en réalité, tu es toujours plantée au milieu de ton cercle de cérémonie, à mitrailler de ton regard revolver le jeune homme.