I've never seen this before, sorry — Ulli

I've never seen this before, sorry.

Comme j'avais l'habitude à dire à tous mes clients, je n'avais pas d'horaire fixe pour mon salon de tatouage. Tout dépendait de mes envies et aujourd'hui, j'en avais envie. A vrai dire, j'avais hâte de planter l'aiguille de l'appareil dans la peau de quelqu'un. Je trouvais que les tatouages étaient une forme d'art. La peau de mes clients étaient comme des tableaux blancs qui n'attendaient que d'être décorer de mon talent. Quand je disais talent, je restais modeste, je ne devais pas être le meilleur tatoueur du monde et je m'en fichais totalement de l'être. A vrai dire, je n'aimais pas dessiner sur une feuille de papier. Pour moi, mes carnets ne me servaient qu'à écrire mes histoires. Ces histoires enfantines qui faisaient marcher mon imagination à du trois-cent à l'heure. Ces deux choses étaient mes passe-temps et je pense que si je ne les avais pas, je serais devenu fou dans cette ville. Ce n'était pas par rapport à la perte de mes souvenirs, au contraire, mais c'est simplement... On était coincé ici, pas moyen de sortir.

18h00.

Cela me paraissait être une bonne heure pour ouvrir mon salon de tatouages. Ouvrir en fin de journée aidait les gens qui travaillaient tard à pouvoir venir se faire tatouer. De plus, j'offrais des prix assez avantageux. Une personne n'ayant pas une vie aisée pouvait très bien se faire tatouer un petit truc. Je voulais donner accès à mon travail à tout le monde. Les tatouages permettaient aux gens d'exprimer leur façon de penser et parfois même leur côté rebel.

J'enfilai un sweat et rebroussai mes manches afin de laisser voir mes tatouages. C'était toujours mieux de montrer les siens aux clients, ça les aidait à faire leur choix sur l'endroit où le faire. Certains, quand ils viennent, n'étaient même encore décider s'ils en faisaient ou pas.

Je me dirigeai vers la porte et tournai le petit papier avec écrit "OPEN" dessus afin de remplacer le "CLOSED". Après cela, j'allumai les lumières et m'installai à mon bureau pour patienter. Je sortis mon carnet et commençai à écrire une énième histoire comprenant des chevaliers, des dragons et des princesses. J'espérais pouvoir les lire à des enfants plus tard.

La porte s'ouvrit et fit cliqueter la cloche de l'entrer, m'avertissant de l'entrée d'un potentiel client. Je relevai la tête et aperçus un jeune homme typé asiatique.

-B-Bonjour, puis-je vous..vous aider ? avais-je demandé en essayant de ne pas trop bégayer.

I've never seen this before, sorry.

J'avais passer mon après-midi à travers Varakes pour chercher des réponses à au moins une chose : mon tatouage. Je devrais pourtant pas en faire une montagne, mais ça me trottait dans la tête. C'était simplement un dessin. Ou peut être que c'était plus que cela dans ma vie antérieure. J'avais donc eu l'idée, à défaut d'autres choses pour m'occuper l'esprit, d'aller faire le tour des salons de tatouage de la ville. Il n'y en avait pas cinquante et j'avais vite fait d'arriver à la dernière. Mon dernier espoir. Il fallait avouer que j'étais aussi épuisé d'avoir trottiner pendant des heures pour tomber sur des échecs. La déception se faisait à chaque fois un peu plus forte mais...je n'étais pas du genre à abandonner.
Bien évidemment j'avais pris soin de m'informer des horaires de tous les salons pour ne pas me prendre un mur. Et le dernier ouvrait donc aujourd'hui à 18 heures. Il était pile poil passé cette heure ci lorsque j'arrivai au salon et entrai après avoir souffler un bon coup. L'optimisme, il fallait bien le tenir quand on était pessimiste à la base. Je faisais donc face à un grand brun, un tatoueur tatoué. Et alors je ne m'attendais pas du tout à l'entendre bégayer. Je ne pensais pas que c'était moi qui l'impressionnait. J'avais rien pour ça. Ou alors c'était écrit sur mon front : A tuer quelqu'un. Non, à mon avis il avait le même soucis qu'Apocalypse, le fou du port.

- Bonjour, je viens pour un renseignement

Et pour la énième fois de la journée, je tournai le dos au tatoueur avant de retirer mon tee-shirt. Heureusement que je n'étais pas pudique. Et il fallait dire que ça avait été aussi drôle de voir la réaction des personnes devant qui je m'étais à moitié déshabillé sans prévenir. Je lui montrai donc le tatouage que j'avais avant de le questionner.

- Est ce que ça vous dit quelque chose ? Je cherche la personne qui a fait ça

Je me retenais de rajouter que j'avais fait tous les salons de tatouages de Varakes et qu'il était mon dernier espoir. L'être humain était capable de mentir simplement pour ne pas blesser. Je préférais la vérité au mensonge.

I've never seen this before, sorry.

J'espérais qu'il venait pour faire un tatouage. Comme je le disais plus tôt, j'avais envie de dessiner sur la peau d'une personne aujourd'hui afin d'y inscrire ma créativité. Je me redressai alors, déposant mon carnet d'écriture sur le bord de mon bureau afin de me consacrer totalement à cet homme qui voulait des renseignement.

-Je..Je vous écoute.

Toujours en bégayant. Je n'en pouvais plus de ce bégaiement. Il était très gênant et en faisait fuir plus d'un. Ce que je ne comprenais, il s'agissait seulement d'un problème de language, je n'étais pas handicapé non plus. Pourtant, beaucoup le pensaient et cela m'énervait à chaque fois.

J'étais déjà sur le point de sortir les petits fascicules dans lesquels sont inscrits les prix quand l'asiatique releva son tee shirt. Je haussai alors les sourcils. Il n'avait pas l'air pudique mais moi, je l'étais et encore plus à cet endroit là du corps. Tout mon dos était couvert de blessures et de brûlures, je n'aimais donc pas montrer cette partie de moi. Mes mains se fourrèrent dans mes poches tandis que j'examinais le tatouage. Je me souvenais en avoir fait plusieurs ici dans ce genre. Des ailes d'anges... Pour moi, personne n'en était ici. J'étais sûr qu'on était envoyé à Varakes parce que nous étions tout sauf des anges. Je secouai la tête suite à sa question puis je me rappelai qu'il était dos à moi.

-Non, en t-tout cas, c-ce n'est p-pas moi qui ait fait ça, je secouai à nouveau la tête avant de rajouter, Il..Il m'a l'air assez v-vieux d-déjà.

Je n'étais pas là depuis assez longtemps pour avoir fait ce tatouage. J'étais là depuis deux mois et ces ailes m'avaient l'air assez usée donc impossible que ce soit moi qui l'avait fait. Et je ne connaissais pas grand monde dans le domaine du tatouage, pourquoi faire amis/amis avec la concurrence ? Je reculai légèrement avant de retourner près de mon bureau.

-V-vous ne savez plus qui a fait ce t-tatouage ? je le regardai avec un léger sourire, E-erreur lors d-d'une soirée ?

Oui, je venais d'essayer de faire de l'humour.

I've never seen this before, sorry.

L'espoir n'avait duré que quelques secondes. Heureusement que je n'y avait pas cru trop fort. La seule chose que le tatoueur avait pu m'indiquer c'était que le tatouage était vieux. Avec le souvenir que j'avais eu, c'était compliqué d'établir une période pour savoir si c'était vrai ou non. Ca ne m'avait pas parut être un élément du passé très lointain cependant. Je soupirai, mes épaules s'affaissant, un peu démoralisé avant de remettre mon vêtement. Mon idée de faire le tour des salons de tatouages n'avait au fond, pas été si bonne. Vu que la seule chose que j'avais réussi à avoir c'était de la déception et de la fatigue.
Le jeune homme brun était retourné près de son bureau et j'étais resté planté là. Ne sachant quoi faire à présent que j'avais fini ma tournée. J'avais la flamme de rentrer chez moi. De marcher tout court en fait. Je posai mon regard sur le propriétaire des lieux qui venait de tenter de faire une blague. Sauf que j'avais pas du tout envie de rire.

- Je l'avais quand je me suis réveillé, donc non je ne sais pas qui me l'a fait ni le contexte

Je prenais place sur un tabouret, surement celui qu'il occupait quand il faisait son travail. Je passai une main dans mes cheveux, les ébouriffants au passage avant de soupirer à nouveau. Ce n'était pas que je voulais m'apitoyer sur mon sort mais quitte à ne plus garder pour soi ses soucis au risque de me mettre encore en colère contre quelqu'un, autant parler à un inconnu. Et puis son bégaiement lui donnait un air charmant, donc...

- En fait, j'ai fait le tour de tous les salons de Varakes pour trouver des réponses et le vôtre était le dernier...Je ne sais pas vraiment ce que je cherche, surement qui j'étais ou qui je suis réellement...

Comme la majorité des habitants, il allait me dire. Il devait surement me prendre pour un grand désespéré ou un fou.