« Viens ! Je connais un endroit où on sera en sécurité ! » Tu ne sais pas ce qui s'est passé et tu ne veux pas le savoir. Ce bordel-là, ça te regarde pas. Toi, t'étais tranquille avant que cette bécasse t'accoste avec ses fringues low cost. Elle avait un accent et tu as eu tellement de mal à la comprendre que tu en avais plissé les yeux en grimaçant. Impatient, tu avais manqué de l'envoyer chier quand soudainement, ces balles ont fusées, brisant des vitres, cassant des vies. Vous vous étiez plaqués au sol en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire et plus vite encore, tu envisageais de fuir. Tu n'as pas vraiment pris le temps de te poser des questions sur ce qui se passait. Il fallait que tu évites cette bagarre. Quelle qu'en soit le motif, toi tu n'es pas fautif. Et la nana près de toi ne l'est pas plus que toi. Alors tu l'as embarqué, tu l'as tiré loin du vacarme, loin de ces armes qui sonne l'alarme dans ta tête à l'instinct sur-développé. Putain, tu savais que cette journée, ce serait de la merde. Tu savais qu'il ne fallait pas aller dans cette foutue épicerie mais tu avais besoin de sucre alors... te voilà en train d'essayer de sauver ta peau et celle d'une inconnue. Tu avais senti une vague résistance de son côté alors tu avais dû lui crier que tu savais où l'emmener pour qu'elle soit en sécurité. Tu n'es pas bien sûr qu'elle ait compris mais
who cares ? Tu as couru jusqu'à cet endroit, ce lieu de culte qui t'a tant de fois sauvé la mise quand tu étais sous la mauvaise emprise. Dans ces conneries, il fallait que tu sois là-bas et tu sais qu'il sera fier de toi d'avoir aidé cette fille même si au fond, tu t'en fous d'elle. Toi t'es pas un héros, tu l'as jamais été, d'ailleurs.
Lorsque vous y arrivez, essoufflés, tu t'engouffres à l'intérieur et pousse la fille à te suivre. A l'intérieur, on entends toujours les coups de feu au loin et tu peux voir quelques fidèles agglutinés devant l'autel. Des murmures horrifiés s'échappent de certaines lèvres et ce n'est que lorsque tu perçois un sanglot que tu comprends enfin. Quelque chose ne va pas. Ce pressentiment morbide qui enserrait ton cœur, enivraient tes sens, tu sais avant de le voir qu'il va trouver ses explications. Tu pousses la fille et tu cours dans l'allée. Ce que tes yeux finissent par voir est un spectacle pétrifiant, terrifiant. Le sang qui se répand sur le sol dans une marre carmin, ce crucifix dans la main livide du corps inanimé qui le tient. Tes yeux se posent sur le visage à la pâleur diaphane et ses traits n'ont plus rien de rassurant. Sa robe et son écharpe de prêtre sont maculé d'un liquide écarlate qui tranche avec la pureté de sa peau blanche et ces trois trous dans sa peau, tu les maudis. Tu tombes à genoux sous le poids de l'impuissance, de la douleur cuisante. Ton souffle se coupe et durant quelques minutes, des larmes silencieuses coulent sur ton visage qui bientôt, se noie dans la rage. Pas la peine de réfléchir, tu sais qui te l'a enlevé. Tu sais qui sont les responsables. Ça ne peut qu'être que ceux de qui tu te caches. Ton coeur pulse soudainement et ta main s'abat sur le crucifix que détient le prêtre à qui ont a injustement ôté la vie. Tes muscles tremblent et des mots rugissent entre tes lèvres.
« Ces fils de putes... » - Spoiler:
tu te souviens que ce crucifix tu l'as pris sur le corps de ce prêtre assassiné.