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Il est vingt-trois heures trente deux. Tu zappes rapidement les postes de la télévision sans jamais rien trouver d'intéresser à regarder. Évidemment, plus le temps avance, plus il est rare de tomber sur le film du siècle ou l'émission de l'heure. Étendu confortablement sur le sofa qui te sert de lit dans le studio, tu rêvasses parfois en essayant le plus possible de ne pas penser à ce douloureux souvenir qui t'es apparu telle une illumination, l'autre jour. Tu essaies de l'oublier au mieux, puisque trop de détails sur la personne que tu étais auparavant te donnent envie de te haïr, de te maudire. Tu as compris que tu as toujours été un homme d'une puissante impulsivité, si bien qu'elle te rend violent. Et pas que lors de rares fois, mais souvent. Tu te souviens aussi avoir une soeur. Quelqu'un partage le même sang que toi, mais tu n'as même pas la chance de savoir qui et où cette personne se trouve. Ça te rend complètement dingue. De colère? De désespoir, peut-être? Et tu sais que tu as perdu des gens, des gens importants pour toi. Ça ne les ramènera pas... qu'elle disait. Trop de choses en toi qui te torturent. Oui c'est ça, tu te sens torturé. Perdu dans tes pensées les plus profondes, tu ne te rends même pas compte de la présence de Blaze, ta colocataire. Vous ne vous parlez plus vraiment, depuis le scénario des clés et du casino. Vous ne vous parliez déjà que très peu, mais c'est presque un silence de mort qui règne, depuis. Ce n'est que lorsque tu reviens à toi que tu entends soudainement le bruit de la douche qui coule. Tu soupires, bien tanné de ce silence et de cette guerre silencieuse et mesquine entre vous. Tu ne lui veux aucun mal, mais ce que tu as dit l'autre soir était de trop. Et ce qu'elle t'a fait subir comme humiliation, même si c'était en partie de ta faute, ça aussi c'était de trop. Finalement, tu décides de fermer la télévision, bien écœuré de n'avoir rien trouvé à regarder, ce soir, puis te remets à réfléchir. Tu aimerais bien enterrer la hache de guerre, mais... comment?  

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Tu réfléchissais sans vraiment trouver une quelconque solution. Elle a un fort caractère, ce que tu n'as pas manqué de remarquer les dernières semaines. Peut-être avait-elle besoin se faire renvoyer la balle, de perdre à son propre jeu. L'arroseur arrosé, comme on dit. C'est instinctif, tu déposes la télécommande sur le sofa et te lève dans le but de te diriger vers la salle de bain. Tu hésites un instant, par peur de t'attirer ses foudres à nouveau... Tu reprends assez de vigueur pour te rendre jusqu'à la porte fermée, celle derrière laquelle se trouve une jeune femme étonnante, mais tellement chiante, compliquée. Peut-être est-ce toi qui t'y prend mal, avec elle.
Peut-être n'es-tu pas doué pour cohabiter avec une autre. C'est la première fois que tu habites avec une autre personne que toi-même et c'est loin d'être évident. Très loin d'être un morceau de gâteau, en réalité. À ce moment précis même, tu prends ce qui te semble être la décision la plus importante de ta vie, aussi ironique cela puisse-t-il paraître: mettre ton pied à terre et la défier. Lui faire comprendre que ton nom, c'est pas Ajax, Jake, Jason, ou Pierre-Jean-Jacques, mais bien Jaxen. Que pour toi, être humilié de toute ta personne, ça ne passe pas. Que vous engueuler à coeur de jour, ça suffit et que tu en as marre de son attitude de princesse capricieuse qui veut avoir raison sur tout, tout le temps. C'est le temps de te venger. She's going to have a taste of her own medicine. D'un pas décidé, tu romps la distance qui te sépare encore de la porte de la salle de bain, et pose ta main sur la poignée, en tournant très lentement. Satisfait qu'elle ne bloque pas - quelle idée de ne pas verrouiller la porte, aussi, tu tournes jusqu'à entendre le cliquetis de la serrure, et ouvre doucement la porte, en passant ta tête dans l'entrebâillement de celle-ci. Il fait si chaud qu'il y a de la buée partout. Les miroirs, et la douche aussi. La vitre de celle-ci est tellement buée que c'est impossible qu'elle te voit entrer. Toi, par contre, tu peux apercevoir les courbes non définies de son corps. Sans trop réfléchir, tu fixes un instant dans la direction de la douche, en t'imaginant un bref instant les détails de ce corps nu de cette sublime femme, sous l'eau. Jamais tu ne l'as vue nue, mais il faut avouer qu'il s'agit d'une très belle femme et qu'elle est très, très désirable. Si ce n'était pas que son caractère de merde... Tu secoues la tête pour chasser ces idées et pour mettre ton plan qui n'en est pas vraiment un, à exécution. Tu attrapes les vêtements qui traînent au sol. Tu te dépêches aussi à ramasser sa serviette qui traîne non loin de là, et toutes les serviettes dans l'armoire de la salle de bain. Vous n'en avez que très peu, alors ce n'est pas long à vider. Rien que pour faire chier un peu plus, tu sors aussi les débarbouillettes, minuscules morceaux de tissus, ainsi que les tapis - au cas où elle pense à s'en servir pour se sauver de la situation, et tu quittes la salle de bain en refermant la porte derrière toi. Tout équipé de serviettes et de ses vêtements, tu retournes t'asseoir avec sur le sofa-lit en recommençant à zapper les postes, l'air de rien, attendant patiemment la tempête.    

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« OH LE BATARD! » Un énorme sourire se dessine sur ton visage et malheureusement - ou heureusement, tu ne peux plus t'en défaire. De l'entendre gueuler de la sorte à l'autre bout de l'appartement, ça te rend fou de joie. Et tellement fier. Elle mérite une petite vengeance de ta part, ça oui. Blaze avait bien besoin de se faire remettre à sa place. Ce n'est rien de méchant, quoique juste assez mesquin pour la faire rager de colère. À entendre la tempête qui prend naissance dans la salle de bain, on pourrait croire que c'est enfantin et que ça ne vaut pas la peine, mais tu préfères continuer de jouer les gamins encore un peu, histoire de bien lui faire comprendre la leçon, à cette chère demoiselle. « JAXEN! Je sais que t’es là, salopard! Tu vas m’donner une putain de serviette ou j’te jure que j’te réduis les couilles en bouillie! » Sans même bouger une fesse de sur le sofa, tu peux lui répliquer, ce que tu fais, en jouant les innocents. «Calme-toi princesse! Qu'est-ce que se passe? J'dormais y'a deux secondes!» Ton sourire, parfaitement scotché à ton visage, s'élargit encore un peu. J'vais te réduire les couilles en bouillie. C'est qui qui était prisonnière de la salle de bain, complètement nue et gelée? C'est pas toi, Jaxen. C'est Blaze. Pas toi, mais elle. Tu entends un véritable vacarme dans la salle de bain, et tu décides de finalement te lever pour t'approcher quelque peu des frontières de l'ouragan Blaze. (On dit que les ouragans au prénom féminin sont les plus violents... Tu en as la preuve formelle juste ici.) «T'as oublié une serviette? Attends un peu... Tu deviens silencieux l'espace d'un court moment, puis poursuis, tentant tant bien que mal de cacher ton amusement, digne d'un enfant de sept ans. «Oh non! T'es mal tombée. Elles sont toutes au lavage!» Tu ris dans ta barbe, particulièrement amusé de la situation. À son tour, d'être un peu humiliée. Rien de trop grave... après tout, ce n'est pas comme si elle était nue devant une centaine de personnes. Elle est seule, dans la salle de bain. Peut-être frigorifiée, mais elle va bien survivre, non? Le temps de quelques minutes... Ou de quelques heures.

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Blaze ne se rend certainement pas compte que les menaces qu'elle profère à la tonne ne t'atteigne pas le moins du monde. La scène est bien plus intéressante que n'importe quel programme à la télévision. Il suffisait d'un peu d'imagination et d'un esprit en quête de vengeance pour s'amuser un peu en cette barbante soirée.  Tu étais naïf de croire que cette idée ne t'attirerait pas à nouveau les foudres de ta charmante colocataire. Son besoin d'avoir le dernier mot, d'être au-dessus de tout, d'avoir le contrôle sur une situation, c'est ce qui causait autant de difficultés et de différends, puisque tu avais aussi ce besoin d'être en contrôle sur tout, de tout voir pour ne jamais être pris au dépourvu. Tu voulais jamais plus te retrouver dans une situation telle que celle au casino ou être humilié à nouveau. Comme Blaze n'avait pas le contrôle de la situation, les injures et les insultes sortaient à profusion. La tempête ne se calmerait donc jamais, et avec raison. Tu cherchais d'abord et avant tout lui faire comprendre que toi aussi, tu peux être chiant dans tes temps morts et que ce n'est pas parce que tu es plus discret que tu te laisses pour autant marcher sur les pieds. Mais c'est tout le contraire qui se produisait. Pourquoi était-ce si difficile pour elle, d'assumer les conséquences de ses actes? De s'excuser, en fait? Ce n'est pourtant pas si compliqué, de prendre la responsabilité pour quelque chose et de s'excuser. Toutefois, lorsque l'orgueil entre en ligne de compte... c'est une toute autre histoire. Ça ne sert à rien de lui répondre, elle est dans un état tout autre. En colère, ça se voit. Du moins, ça s'entend, ça se sent jusqu'à l'autre bout du studio. De lui répondre à nouveau ne ferait qu'amplifier les choses, et même si tu ressens une pointe d'amusement et de satisfaction à la savoir si mal prise et si en rogne contre toi, tu préfères maintenant te taire, dans l'espoir qu'elle se calme et qu'elle comprenne ce que tu recherches, ce que tu attends. De simples excuses. Des plates excuses, aussi banales et ordinaires puissent-elles être.

Tout se déroule tellement vite. Toi qui croyait avoir le dessus sur la situation, tu es une fois de plus pris au dépourvu par la charmante -pas si charmante- Blaze. Bon sang! « Tu sais quoi, chéri? J'trouve que la salle de bain est due pour un bon ménage. Ohhh... Tu sais c'est quoi de bruit absolument fabuleux? C'est l'son de ta foutue brosse à dent dans les toilettes. » Tu écarquilles les yeux d'étonnement, énervé. Mais, tu parviens rapidement à retrouver le sourire. Après tout, si ce n'est que ça... «C'est rien. Je peux toujours m'en acheter une autre. Ça coûte quand même pas un bras.», dis-tu en riant de bon coeur, quoique un peu moqueur. « Et si j'en profitais pour foutre toutes tes affaires par la fenêtre? » Là, tu reprends tout ton sérieux et t'approches à vitesse grand V de la porte de la salle de bain. Tu décides de cogner dedans, assez fort pour qu'elle te porte attention, cette idiote. «Arrête de faire chier, Blaze.» Tu prends une grande respiration pour te calmer à ton tour. Ce n'est pas le temps de t'énerver, cela voudrait dire qu'elle aurait gagné. Et ce n'est pas ce que tu veux, putain. Tant pis, si elle jette tous tes trucs par la fenêtre, soit tu en rachèteras, soit tu iras les chercher lorsque tout sera terminé. C'est pas la fin du monde. Elle se croit intelligente, la p'tite. Mais elle n'a pas le dessus et elle ne l'aura certainement jamais plus, sur toi. «Vas-y. Balance tout par la f'nêtre, je m'en contre fiche! Excuse-toi pour ce que tu m'as fait subir, et j'te donne de quoi te recouvrir. Là, c'est un deal! Ok?! »

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« C’EST TOI QUI FAIT CHIER! FAUT VRAIMENT QUE J’TE RAPPELLE QUE C’EST MOI QUI SUIS NUE DANS LA SALLE DE BAIN, DUCON? » C'est elle qui est sérieuse, là?! Elle aurait bien besoin de bien s'ouvrir grand les yeux et les oreilles, celle-là. «ET FAUT VRAIMENT QUE J'TE RAPPELLE C'EST QUI QUI S'EST RETROUVÉ À PRESQUE NU DEVANT LA MOITIÉ D'LA VILLE?» Elle veut jouer à ce jeu? D'accord. Après tout ce qu'elle te fait endurer, tous les reproches qu'elle te fait, parce que tu ne te ramasses pas, parce que tu as pris un centimètre de trop sur son espace dans le réfrigérateur, parce que tu as laissé traîner tes chaussures dans l'entrée, parce que tu fais jouer la télévision un peu trop fort, parce que ci et ça... En plus, elle fait exprès de manquer ton prénom et de t'interpeller par un nom qui n'est pas le tien, rien que pour te faire enrager. Et elle, dans tout ça? Elle décide de regarder la télévision lorsque tu veux aller te coucher, elle prend toute l'eau chaude avant que tu ne puisses aller prendre ta douche, elle se fâche toujours pour rien contre toi, elle est constamment d'une humeur maussade. Ce n'est que pour en énumérer quelques-uns. Cette colocation est loin d'être idéale. Tu essaies de rouler ta langue sept fois dans ta bouche avant de poursuivre, mais c'est plus fort que toi. Elle te cherche, cette Blaze. Constamment. «Arrête de jouer les victimes et assume que tu as un caractère de merde!» Personne ne la voyais, dans la salle de bain. Personne ne la voyais nue et frigorifiée. Il n'y avait qu'elle et son reflet. Il n'y avait qu'elle à se morfondre et à se victimiser, à taper du pied ou à réagir comme un enfant de cinq ans qui n'obtient pas ce qu'il veut, quand il le veut. Et c'est le cas de le dire, puisque ni une ni deux, elle met son supposé plan de vengeance à exécution. Blaze balance tes effets personnels par la fenêtre de la salle de bain. Rien de ce qu'elle puisse décider de jeter ne te paraît assez important. Ton rasoir? Ton savon? Ta crème à raser? Ta brosse à dents qu'elle venait de balancer dans la toilette? Elle ne t'atteindrait pas, cette fille. Elle t'a déjà assez fait chier comme ça, depuis que vous cohabitez ensemble. Toutefois, c'est plus fort que toi, et bien que ça ne te dérange pas qu'elle balance tes objets par la fenêtre - ce qu'elle fait dans le moment même, tu ne peux t'empêcher de ressentir la tempête qui naît en toi, l'ouragan qui prend forme. Tu maugrées, tu commences à être plus qu'énerver. Tu ne cherchais qu'à obtenir des excuses de sa part. Des excuses que tu méritais entièrement. Son orgueil est pire que celui d'un homme. Tu n'as jamais vu ça auparavant. Du moins, pas à ta connaissance. Pas depuis Varakes. « Je m’excuse d’être une cobra assez fidèle pour pas laisser un membre dans le pétrin!  J’m’excuse d’avoir bousillé mon putain d’intimité pour t’offrir un toit, Jaxen. J’m’excuse de te donner l’opportunité de coucher sur mon sofa lit moelleux! » Jusqu'alors, tu ne fais que rouler les yeux d'exaspération. Ce qu'elle agit comme une gamine, celle-là. Elle m'offre-ci et ça, et patati et patate. Quelle Mère Théresa, celle-là. Une vraie reine de bonté, une vraie gentille âme. Mais tu perds ton calme lorsqu'elle menace de jeter ce à quoi tu n'avais pas pensé: ta bouteille de parfum. Tu n'en mets que très peu, mais elle a bien raison: il t'a coûté un bras. Toi qui n'a déjà que très peu d'argent... «PUTAIN! BLAZE!» Et sous le coup de l'impulsivité, tu entres dans la salle de bain pour le récupérer avant qu'il ne soit trop tard, mais tu sais que c'est tout le contraire. Il est trop tard. Tu entres comme la bouteille se fracasse au sol. Aucun moyen de la récupérer, c'est évident. Tu bouillonnes de rage, jusqu'à te rappeler que... tu es dans la salle de bain. Et que Blaze, est complètement nue. Tu la fixes un instant en écarquillant les yeux. Quelques secondes s'écoulent, soit le temps que ça te prend pour réaliser ce qui se passe. «Merde! Merde! Merde!» Et tu sors aussi vite que tu es apparu, en manquant de refermer la porte comme il faut. Putain, t'es con ou t'es con? Tu trébuches sur un truc qui traîne au sol en essayant de t'enfuir. Oui, de fuir au plus vite de la salle de bain. Merde, merde, merde! Quel idiot, tu es.  

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«Au moins, t'assumes!» Dès ton premier jour ici, c'est la guerre. Tu subis reproches sur reproches, endure l'humiliation et tu es soumis à une étroite surveillance de sa part. Un pas de travers, un regard en sa direction qui lui déplaît, une parole de trop... Tout, absolument tout ce que tu fais est sujet de la folie de Blaze et de son caractère de merde. Au moins, elle l'assume, mais ça n'y change rien à rien. Qu'elle assume ou pas ne t'accordera pourtant aucun moment de répit de sa part.

« Félicitations. C’est c’que tu voulais, non? » Tout s'est déroulé tellement vite. Un moment, tu étais derrière la porte à lui lancer des bêtises et à te moquer d'elle. Non, de la situation. Pas de Blaze, en soit. Et l'autre, elle était là, complètement nue, sous tes yeux. Un instant, tu te précipitais pour sauver ce qu'il était possible de sauver de ta bouteille de parfum. L'autre, tu ne te rappelais même plus avoir seulement possédé cette bouteille hors de prix. D'une façon ou d'une autre, elle était quelques étages plus bas, complètement fracassée. Seulement quelques morceaux de vitre devaient témoigné de son existence antérieure, mais c'était maintenant le moindre de tes soucis, si vous voulez tout savoir. Blaze était là, nue devant toi. Tantôt, tu l'imaginais sous la douche, prétextant savoir à quoi elle devait ressembler, à quoi ses courbes te faisaient penser. Tu t'imaginais sa longue crinière brune descendre le long de sa nuque, de son dos, sous l'effet de l'eau de la douche. Maintenant, l'eau avait séchée sur sa peau et ses cheveux frisottaient légèrement, en tentant vainement de sécher. En l'espace de seulement quelques secondes, tu aperçois des choses sur son corps que jamais tu n'aurais pu voir avant. Des cicatrices. Que tu n'aurais même pas imaginées. Tu es mal à l'aise. Honteux d'avoir vu ce secret, d'avoir découvert quelque chose qu'évidemment, elle ne veut pas laisser voir. Et c'est de ta faute. Pourtant, sa beauté te rentre dedans de plein fouet, et tu te sens si effronté de réagir de la sorte, d'avoir violé son intimité, que le malaise se transforme en une panique totale en toi, et tu fuis. Tu fuis les lieux du crime et tu trébuches au passage.  C'est c'que tu voulais, non? Tu ne trouves rien à répondre à ce reproche soufflé en l'air, alors que tout se bouscule dans ta tête. Il y a un très lourd silence qui plane dans l'air. C'est une atmosphère pas du tout agréable qui plane autour de toi. Tu es con, con, con. Merde! Mais putain.. Si forte, mais si fragile à la fois. Si chiante, et pourtant si belle, si... désirable. Tu chasses ces pensées vilaines de ta tête, lorsqu'une petite voix résonne au travers de ce silence de mort: « J’peux avoir une serviette maintenant? » Muet comme une tombe, sans même réfléchir ou hésiter, tu attrapes l'une des serviettes se trouvant sur ton sofa-lit que tu avais chopé pendant sa douche, et tu te diriges vers la salle de bain. Tu hésites à lui balancer la serviette au travers de la porte et à sortir du studio au plus vite, aller prendre l'air. Changer d'air! Mais tu l'aperçois dans la craque de la porte, recroquevillée sur elle-même sur la toilette. Ta gorge se serre en la voyant si triste, si vulnérable. Tu ne connais pas la cause exacte de cette vulnérabilité ou de cette tristesse, mais ces émotions te font pénétrer dans la salle de bain. Bien qu'elle soit toujours aussi nue, tu n'y prêtes pas attention. Tu t'approches de Blaze et l'entoures de la serviette, doucement. Si délicatement, qu'on aurait pu croire que tu n'étais même pas là. Tu t'agenouilles à côté d'elle et un second silence plane dans l'air. «Blaze...» Tu cherches son regard, mais ne le trouves pas. Elle est loin, loin dans ses pensées. «Je sais que tu n'en veux pas de mes excuses.» C'est une façon pour toi de lui dire qu'au fond, tu t'excuses. Même si tu sais qu'elle va te r'virer de bord. «J'ai pas beaucoup d'trucs, alors si tu veux que je dégage..» Tu te relèves, et hésitant un instant, tu fais un truc qui t'attirera peut-être à nouveau ses foudres, mais tu entoure ses épaules de tes bras en prenant la minuscule place qu'il reste pour tes fesses sur le bol de toilette, et tu la serres contre toi. «Je m'excuse.» Et tu es sincère.

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Ce qui semblait être au départ une journée tout à fait ordinaire n’en est pas une. C’est bien tout le contraire. Le plaisir du jeu et de la vengeance laisse place à un besoin impératif de consoler ta colocataire. Certes, tu n'as aucune idée de ce qu'il se passe dans sa tête. Tu n'es pas devin, mais qu'est-ce que tu donnerais pour être mentalist. Être dauthus ne t’est d'aucune utilité. C’est futile et tellement insignifiant comme pouvoir. Sa mine abattue ne te permet pas de savoir à quoi elle pense, ce qui lui traverse la tête, ce qui occupe son esprit. Le silence est ce que tu obtiens comme seule et unique réponse. Un silence qui te torture, qui te rend complètement impuissant. Tu préfères les cris et les provocations à tout cela. Est-ce hypocrite de tout de même se réjouir de la vulnérabilité de la jeune femme? De prendre conscience que son caractère n’est qu’une carapace. Vous vous ressemblez plus que vous ne le pensez, et c’est ce qui cause autant de différends, autant d’intensité. Étrangement, de vouloir la consoler te paraît instinctif, ça te semble si naturel de vouloir prendre soin d’elle, de chercher à comprendre, de lui faire retrouver le sourire. Tu rêves en couleur. « Qu'est-ce que t'as pas compris quand je t'ai dit de ne JAMAIS me toucher? » C’est si violent que tu en perds tes moyens. Déstabilisé, désemparé, tu te retrouves sur tes deux pieds en un rien de temps. L’air est d’un froid glacial, si bien que tu redoutes son regard. Si tu venais à le croiser, qui sait si tu ne te transformeras pas en un bloc de pierre? Or, elle fuit ton regard, tu fuis le sien. « T'es con ou quoi? J'ai pas besoin de ta pitié. » C’est direct et agressif. Ton cerveau ne capte plus rien, les ondes disparaissent et tu es, à ton tour, vulnérable dans la tempête qui reprend naissance ici-même où elle a d’abord commencé pour ensuite s’éteindre. Approchant ta main pour la poser sur son dos, tu la retires immédiatement en réalisant qu’elle n’en veut pas, de ce contact. «C’est vrai, j’suis con. Tu es une grande fille, tu peux prendre soin de toi toute seule. » C’est dit avec douceur, avec calme. Aucune arrière-pensée, aucun reproche, aucune méchanceté dans ta voix. Aucune pitié, non plus. Juste de la douceur. Elle ne veut pas de toi ici. Elle ne veut pas que tu la réconfortes. La réconforter de quoi, déjà? Tu n’en n’as plus la moindre idée. Tu virevoltes dans l’incertitude et l’incompréhension. Tu n’es qu’un homme, après tout. Un pauvre type. Et pour cause… tout ce que tu trouves à faire, c’est de t’éloigner. C’est ce qu’elle semble vouloir, et tu es qui maintenant pour ne pas respecter ses volontés? Tu t’éloignes, te rapprochant de plus en plus de la porte de la salle de bain, et jettes un dernier regard à ta colocataire en l’atteignant. « Je serai au salon, si tu as besoin de moi. » C’est tout ce que tu trouves à dire, mais c’est déjà bien assez. Et tu seras là.