You've got a friend in me (Balthier.)

Si pour tout le monde, les Cobras, c’est comme une famille. Toi, t’es plus sure. T’as beau toujours faire des efforts d’intégration, tu ne sais plus trop si t’essayes trop ou pas assez selon les cas. Cependant, tu sais qu’avec Balthier, c’est différent. Lui, c’est comme ton frère, il a juste pas les yeux bridés, mais ça, c’est juste un détail génétique dont tu n’as rien à branler. Mais, il n’y a pas seulement ça. Même ton travail ne semble pas défini. T’as beau savoir être une nouvelle recrue et être contente de varier tes tâches, mais quand tu dois répondre à savoir quel métier tu fais au client, dire femme à tout faire ne t’arrange que très peu. Ça permet certes de ne pas mentionner ton rôle dans le deal des drogues douces de la famille, mais c’est encore un rôle qui te ne semble pas maîtriser à cent pour cent.

Aujourd’hui, t’as tout ça sur la conscience. Tu crois que la soirée va être longue, toutes les minces tâches qu’on t’as accordées sont faites et refaites, car t’es du style rapide et t’aimes pas rester là à rien faire. T’as finalement décidé de passer un linge sur les verres déjà propres sous le comptoir du bar et tu commences à les replacer comme tu aimes bien, au grand malheur du barman du jour, Monsieur Toc en personne. En fait, vous ne le savez pas trop, mais vous avez parfois l’impression d’avoir des Tocs à force de devoir tout replacer. Tu ne te gênes d’ailleurs pas de défaire son rangement pour placer le tout à ton bon vouloir.

Et lorsque tu le vois arriver, tu croises son regard et vous savez déjà mutuellement qu’une fois qu’il aura traversé le comptoir, il va te lancer un petit regard noir avant de remettre les choses à sa façon à lui. Après tout, c’est compréhensible, car c’est lui qui fera le chiffre de barman, et pas toi, mais t’aimes faire ça. Tu ne peux pas t’en empêcher même. Tu lui souris pourtant avec ce demi-sourire sincère. Celui qui lui rappelle à chaque fois que tu déplaces ses choses et qu’il devra les replacer, mais que tu l’aimes bien tout de même.

- Alors, prêt à avoir une apprentie derrière le comptoir ce soir?

Tu le supplierais presqu’à genoux tellement t’es désespérée et que tu as bien envie d’apprendre avec les meilleurs. Mais tu restes bien droite et tu continues à passer un linge à l’intérieur des verres étincelants et secs. Le bar n’ouvre pas avant quelques heures, et tu espères bien que Balthier sera d’accord de te donner un cours 101 aujourd’hui, car tu avoues être curieuse lorsqu’on parle de bière, d’alcool, de mélange et tout. Tu oses même croire que vous aurez du temps avant l’ouverture pour parler un peu, car tu ne comprends pas encore, mais tu n’as pas envie de parler de ton problème aux autres membres. T’as choisi Balt comme confident, et t’espères juste qu’il ne trouvera pas son nouveau rôle pénible, même si tu sais qu’au fond de toi, c’est juste des doutes dont tu ignores toujours la provenance. Surement cette ancienne vie oubliée, car si t’as tout oublié, tu sais tout de même qu’il y a des choses indélébiles qui sont encore là, dont cette peur d’adolescente à être rejetée, tu te dis.

Jay est absent lorsque tu quittes votre appartement, sûrement occupé par les affaires internes des cobras ou quelque chose dans le genre. Pua te fixe de son habituel air de chien battu, assis face à la porte. Chaque fois tu te fais avoir, tu le flattes pour le rassurer, lui murmure doucement que tu reviendras ce soir, tard peut être mais tu seras de retour. Néanmoins il ne comprend pas très bien ce que tu veux dire par là et s’affaisse un peu plus. Avec un long soupir tu finis par le quitter et tu sais qu'il s'est sûrement couché devant la porte, avant d'aller se rouler sur ton lit. Toi tu poursuis ta route vers le bar, affublé de ta veste en cuir, signe de ton appartenance chez les Royal Cobras et qui t'attire souvent les foudres de lions qui rodent. Tu ne t'attardes jamais longtemps sur le chemin car tu connais les risques, surtout la nuit tombée.

Elle t'attend derrière le comptoir du bar, Nessie, une jeune recrue. Avant tout autre chose tu penses déjà à la verrerie qu'il faudra ranger de nouveau pour que tu t'y retrouves ce soir. Non pas que son rangement soit désastreux, tu es juste plus à l'aise avec le tien et puis tu profites de ton ancienneté. C'est une petite guerre que vous entretenez depuis son arrivée, mais cela n'influe en rien sur l'affection grandissante que tu as pour elle. Tu apprécies d’échanger avec elle en toute confidence, car elle se sent à l'aise avec toi contrairement aux autres membres. Tu le prends comme un compliment, et le rôle te plait bien au fond. De l'autre côté du bar tu t'installes sur un tabouret et lâches un petit « Salut ! » chaleureux. « Alors, prêt à avoir une apprentie derrière le comptoir ce soir? » Tu étouffes un rire à sa remarque car tu la trouves ironique. Tu n'es pas le serveur le plus doué du lot, disons que tu fais correctement ton boulot. Si elle t'avait connu à tes débuts elle ne dirait pas la même chose, le nombre de verres brisés que tu as comptabilisé est impressionnant. Tu préfères ne rien dire, pour garder cette impression de supériorité. La différence c'est que tu as appris aux côtés de Jay, et qu'aujourd'hui tu es plus compétent. Tu te craques les phalanges et la nuque pour montrer que tu es prêt à tout affronter, en théorie. « Tu es prête à avoir le meilleur formateur du bar ? » Un grand sourire illumine ton visage, et tu espères qu'elle comprenne qu'il s'agit d’une plaisanterie. « Tu connais un petit peu ? Juste comme ça ou pas du tout ? » Tu poses tes avant bras sur le comptoir et te penche vers elle.

Tes prières avaient été entendues. T’allais pas te morfondre seule avant l’ouverture du bar. T’avais pas envie de regarder pièce par pièce quelles modifications tu pourrais faire pour optimiser l’espace, ni de poser d’autres tablettes ou tout autre travaux que tu finissais par inventer sous prétexte que tu trouvais cela plus esthétique ou plus utile. Ce soir, t’allais apprendre le métier avec Balt. Car contre toute attente, il était déjà prêt lui.

Phalanges et cou craqués, toi tu préférais te faire une queue de cheval pour ne pas que tes cheveux tombent dans ton visage ou dans les verres d’alcool. Ta chevelure en avait déjà payer souvent le prix et tu finissais toujours par ne pas promouvoir le gaspillage en les mettant dans ta bouche lors des grandes soirées arrosées. Mais là, c’était différent, c’était pas tes verres, ni une beuverie que tu faisais. T’étais une future professionnelle des cocktails pensais tu naïvement.

Tu hoches d’ailleurs la tête avec un grand sourire lorsqu’il te demande si tu es prête à apprendre du meilleur. Tu connais Balt et sa modestie. Tu sais donc clairement qu’il ne fait que plaisanter, même si à tes yeux, il a déjà les compétences pour t’impressionner. C’est tout un art pour toi qui habituellement te contentes que de boire et non de préparer des boissons à en damner plusieurs. Même que tu fais parfois que les apporter aux clients lorsqu’il y a foule et que Lyra et les autres ne sont plus capables de fournir. T’es là pour ça. Dépanner tous et chacun à ta façon avec un certain égoïsme qui semble déplaire à quelque personne, mais qui n’est pas si mal intentionné non plus.

Lorsqu’il te demande si tu t’y connais, ça te prend un petit deux minutes avant de répondre. Tu réfléchis un peu à cela. Tu additionnes les soirées, multiplie les verres, et puis tu te dis que tu connais davantage le cul sec que le nom des cocktails ou même les ingrédients dedans.

- J’aimerais bien me vanter, mais je suis rarement celle qui commande mes verres ou qui les prépares, avoues-tu sans vraiment être gênée.

Après tout, tu n’étais pas une gouteuse de vin, ni rien dans ce genre. T’étais plus une fêtarde aguerrie et ta réputation ne se ternissait pas, même si ça l’aurait pu arriver de nombreuses fois vu la quantité que tu pouvais descendre en une soirée. Tu te dis d’ailleurs que tu devrais parfois plus te concentrer sur le goût de tes boissons plutôt que de simplement boire pour boire. Tu travaillais dans un bar maintenant, et puis, n’était-ce pas le meilleur moment pour aiguiser tes papilles gustatives avec un connaisseur à tes côtés?

- Je coupe des citrons, des limes, des oranges ou je ramène quelque chose pour commencer?

Tu ne sais pas vraiment si ce peut être utile, mais t’as déjà envie de te mettre à l’ouvrage, te disant que vous alliez pouvoir aborder des sujets plus personnelles une fois quelque échantillons dans le nez. Tu tapes le bout de tes doigts ensemble tellement t'as hâte de t'y mettre et d'apprendre à faire tes propres verres.