same destiny (laughen)

same destiny

Sans trop savoir pourquoi, tes pas te mènent dans des directions opposées. Depuis le lever du jour tu sillonnes les rues de la ville sans réelle intention ni but précis. Les mains dans les poches, tu traînes du pied. Ici et là, tu t’arrêtes pour reprendre ce souffle que la vie t’arrache. Tu peines à respirer dans cette horrible prison qu’est Varakes. Ses dirigeants t’ayant arraché tout espoir, tout amour à ton existence antérieure, tu te sens vide. Vide et inutile. Inutile et futile. C’est futile, de demeurer ici. C’est toi qui aurais dû crever. En après-midi, tes pensées ont bifurquées vers Blaze. Ça fait des jours que tu ne vis plus au studio. Tu squattes là pour prendre une douche à l’occasion, lorsqu’elle n’est pas là. Wade te laisse savoir lorsqu’elle bosse et tu en profites pour te rafraîchir, pour réfléchir dans un lit à peine plus confortable que le sol. Tu lui en veux de t’avoir menti. Non, d’avoir menti tout simplement. À toi, à Shadow. Tu ne lui en veux plus pour les conséquences. En réalité, c’est ton ego qui s’en mord les doigts. C’est plus à toi que t’en veux qu’à ta colocataire. Elle, tu désires tant la revoir. Tu veux la serrer dans tes bras. Tu veux tout oublier. Tout, à partir du moment où tout a changé entre vous. Toutefois, quelque chose te bloque. Tu n’es pas tout à fait prêt encore à retourner squatter sur le canapé. T’as peur de la décevoir, comme tu te déçois toi-même. Ce soir, ce sont les mains dans les poches que tu te traînes les pieds et que ceux-ci te guident dans des endroits peu illuminés par les lampadaires du soir. Tu ne te soucis que très peu des rumeurs sur les bêtes, les monstres, les créatures… enfin, ces trucs horribles qui parcourent les rues à la recherche de pauvres habitants à attaquer. Tu as vu pire. Tu te ramasses finalement dans un quartier que tu ne connais que très peu. À voir la station de police au loin, tu sais où tu te trouves : le red-light. Merde. C’est pas très fréquentable, mais tu ne perçois aucun danger à l’horizon. Pas que tu aies le flair pour ce genre de choses, mais… et de toute façon, qu’est-ce qui pourrait t’arriver de pire? Ces derniers temps, la vie a bien fait les choses pour t’amocher un peu et t’emmerder. C’est pas un quartier comme le red-light et sa réputation qui va te faire trembler de peur ou rebrousser chemin.

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Les vieilles habitudes te collaient vraisemblablement à la peau... Malgré le foyer que tu avais trouvé, offert généreusement par Absynthe, tu t'obstinais à rester le plus clair de ton temps dans ces quartiers si dangereux que tu nommais "seconde maison"... Tu avais vécu dans le quartier nord ! Ton clan exerçait son pouvoir sur ce secteur de la ville ! Là-bas, tout était à toi. Du moins, tout ce que tu pouvais tenir. L'anarchie régnait en maître, et la situation ne te dérangeait pas particulièrement. Bien au contraire ! La police même, n'osait que très peu mettre leur nez dans les affaires douteuses de ce quartier, ainsi pouvais-tu y jouer en toute illégalité ! Les caïds les plus dangereux te connaissaient, tu n'avais pas à t'en faire de ce côté... Certains d'entre eux tenaient même à toi, c'était pour dire ! Si le sujet des "nouvelles brutes" effleurait tes oreilles, seul un rire sarcastique animait ton visage. Ces petits oiseaux ne connaissaient rien de Varakes, tu leur crachais volontiers dans les yeux...

Ainsi somnolais-tu dans une ruelle sombre, en tailleur sur une vieille poubelle en aluminium... Sortant tout juste d'une soirée dans un bar, tu reprenais légèrement tes esprits avant de retourner chez Absynthe. L'alcool ne t'avait nullement touché, tu ne buvais tout simplement pas... Le poing américain d'un jeune homme ivre en revanche, t'avait particulièrement amoché ! La douleur n'était rien, tu ne t'en souciais plus depuis longtemps ! Les quelques étoiles que tu observais tourbillonner autour de ton crâne en revanche, relevaient davantage de ton manque de conviction quant à l'idée de rentrer. Ainsi assis dans l'ombre, tu semblais réellement comique... Les rats te tournaient autour, ajoutant à ce tableau alors déjà glauque une touche malsaine et sale. Tu restas relativement sage en compagnie de tes amis les bestioles, jusqu'à ce qu'un visiteur imprévu passe à proximité ! « Un revenant ! » lâchas-tu, la voix remplie d'enthousiasme. « Et bien défoncé en plus ! Tu t'es laissé aller avec les produits de ton clan cher ami ? ». Jaxen ne te faisait pas peur... Cet homme était actuellement faible, et tu le sentais ! Son état te rendait presque compatissant... Tu ne continuerais probablement pas à l'importuner de cette façon, mais ces retrouvailles étaient trop sympathiques pour ne pas laisser ta marque de fabrique ! Ici, c'était ton territoire. Ce gars devait être salement amoché pour se donner l'envie de traîner dans le coin...

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Le secteur Nord-Ouest de la ville, c’est ta maison. Tu y traînes quotidiennement, puisque l’endroit où tu vis s’y trouve. Pourtant, traîner dans le red-light ne fait pas partie de tes habitudes, c’est du nouveau pour le grand gaillard que t’es. Tu as une tête sur les épaules et un sens de la logique plutôt développé qui pourtant te fait défaut depuis plusieurs jours déjà. À traîner dans un quartier pareil, tu risques qu’on te reconnaisse comme étant un Cobra et si c’est le cas, tu vas passer un mauvais quart d’heure. « Un revenant ! » Une voix brise le silence de la nuit. Elle ne t’est que très peu familière, ne l’ayant entendue que rarement. La dernière fois remonte à un bail, c’est pourquoi tu n’arrives pas à mettre un visage sur l’exclamation prononcée par un garçon, dans un coin sombre. Sa silhouette, que tes yeux peinent à découvrir, est assise sur ce qui ressemble à une poubelle en métal, peut-être. Sa voix enjouée t’irrite un peu, vue la solitude à laquelle tu t’es habitué depuis le début de la journée, voire depuis des jours déjà, mais tu n’en fais pas de cas. « Et bien défoncé en plus ! Tu t'es laissé aller avec les produits de ton clan cher ami ? ». Tu t’approches d’un pas, et puis deux. Tes yeux finissent par s’adapter à l’obscurité et tu parviens à déchiffrer des traits jeunes, presque enfantins. Tu plisses les yeux et pousse un soupir. De nouveau, tu es face à ce gamin, mais cette fois-ci, pas d’envie de lui foutre ton poing en pleine gueule. Pas non plus envie de le tuer. Plutôt, il y a cette boule à l’estomac, qui ressemble à des remords… «C’est quand même pas moi le Lion, ici.», craches-tu en t’approchant de lui d’un pas encore. «Qu’est-ce que tu fiches ici? Tu cherches les ennuis?» Un instant, t’essaies de t’imaginer le gamin essayer de se défendre. La scène n’est pas du tout jolie : du haut de sa petite taille et de ses bras fins, il ne tiendrait pas deux minutes devant un gaillard comme… toi. Les remords s’emparent de toi encore une fois, alors que tu te remémores les coups que tu lui as mis sur la gueule, il y a plusieurs semaines. Tu ne lui as jamais même donné la chance de se défendre. T’es un trouillard. Un con et un faible. Tu es bien pire que tu ne l’aurais cru, en réalité.

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Jaxen ! Ce bon vieux Jaxen... Tu l'avais presque oublié celui-là ! Cet homme si chaleureux. Ce grand gaillard capable de t'envoyer à l'hôpital en moins de deux. Tu l'observais d'un oeil presque amical, comme une vieille connaissance que l'on aurait perdue de vue ! Cet homme... Les actes qu'ils t'avaient faits... Tu t'en foutais terriblement. Tu étais du genre à avancer, et l'épisode "Jaxen" n'était plus d'actualité depuis longtemps. À vrai dire, il ne l'était plus depuis ta sorti de l'hôpital ! Peut-être même ressentais-tu une certaine reconnaissance en cette brute qui t'avait ouvert les portes du véritable Varakes. Ta première lumière sur cette ville pourrie jusqu'à la moelle ! Tu lui souris innocemment, comme tu as pour habitude de faire avec les inconnus. Seulement, Jaxen ne t'était plus méconnu, aussi lâchas-tu rapidement ce sourire niais afin de te focaliser sur ce qui te lancinais le plus en cette situation... Ton interlocuteur avait beau répondre sur un ton froid, défensif. Tu étais un mentalist. On ne te la faisait pas à toi, et le désarroi de ton interlocuteur se sentait à plusieurs mètres ! Sans crier gare, tu attrapas le bras du grand homme. Un coup de poing, une raclée ? Peu importe la réaction de Jaxen face à ton geste, tu pouvais désormais lire tous les remords de ton interlocuteur... Dans un premier temps à ton égard, étonnement ! Jaxen s'en voulait vraisemblablement de t'avoir frappé ! Cependant, la plus grosse douleur se logeait plus loin. Tu ne pus lire avec perfection cet énorme flot de sentiments, et préféra rapidement quitter le contact physique que tu avais entrepris. « En effet. Je suis le Lion. JE suis le dealer de drogue. ». Ton regard se fait plus compatissant, ta voix légèrement enthousiaste persiste cependant : « je ne cherche pas les ennuis, loin de là. Et j'ai comme l'impression que toi non plus ! Pour t'en vouloir à ce point à mon sujet, c'est que ça doit vraiment pas aller... ». Tu prends quelques inspirations, jetant quelques coups d'oeil autour de toi, comme par réflexe. « Je ne t'en veux pas ! » tu commences... « T'as été l'un de mes professeurs les plus compétents. »

Observant les poubelles proches de toi, tu attrapas un rat qui passait par là. Un gros spécimen. L'animal devait bien faire deux fois ta main ! Par ici, ces grosses bestioles n'étaient pas craintives, il était tout à fait aisé de s'en approprier. Aussi n'avais-tu pas eu besoin de très bons réflexes afin de le capturer entre ta paume. tu le tenais face à ton interlocuteur, les yeux plongé dans ses pupilles, le sourire compatissant... Puis tu serres... Tes doigts se plongent peu à peu dans le gras de l'animal. Rapidement, les premiers cris se font entendre. De petits crissements qui viennent te titiller les tympans... Tu serres toujours plus fort... Le rat s'excite ! Il se met à mordre dans ta chair. Aucune importance pour toi, ses petits crocs tranchants n'égaleront jamais la douleur d'un poignard dans ta main. Le sang se met à couler, les gémissements s'intensifient, mais toi, tu continues à serrer... Ses yeux se mettent à gonfler. De véritables petits oeufs de cailles, prêt à sortir du ventre de leur mère ! L'animal se débat, ses dents se plongent plus profondément dans ta chair, tandis que tes doigts renforcent leur constriction. Tu sens quelques minces os craquer, tandis que les pupilles ovales du gros rat s'échappent presque entièrement de leur enveloppe... Son coeur bat extrêmement vite, ses cris déformés prennent désormais des tons de petits porcs égorgés. Du sang s'écoule de ses narines, de ses lèvres duvetées et de ses orbites, se mêlant à ton propre sang avant de tomber en gouttelette sur le sol... Enfin ! Un ultime claquement s'échappe d'entre ta poigne... Une poche rougeâtre s'était extirpé de la bouche ensanglantée du pauvre animal. Ses yeux étaient désormais entièrement sortis de leurs orbites. Une souffrance extrême s'y lisait... Tu laisses tomber mollement la bestiole poisseuse contre le bitume alors déjà souillé... Elle ne bougeait plus, désormais aussi inerte qu'une vieille chaussette sale...

« Je ne suis pas un Dauthus... Mais ce sont des enseignements tels que le tiens qui m'ont permis de survivre ici. De me... Décrétriniser ? »