young and beautiful (zombie)

Un verre après l’autre. Ils s’enchainent, lui font du bien. Un soupir de bien être s’échappe de ses lèvres à chaque fois que le liquide brûlant glisse au fond de sa gorge. Il apprécie le goût. Ce soir, Romi s’est permis un instant de calme. Une pause dans sa vie. L’illusion, un soir, d’être comme n’importe qui. Bien que les êtres soient tous uniques dans leur façon d’être, d’exister. Seulement, il a l’impression de mieux se fondre dans le moule, entre des jeunes de son âge qui boivent et s’amusent lors d’un weekend. Il n’a pas travaillé de toute la journée. Romi est seul, pas vraiment d’amis ou de contacts avec qui venir ici, ou peut-être qu’il n’y a juste pas pensé. Il aime bien être seul parfois, il se sent beaucoup trop souvent étouffé par la présence des autres. Et être seul, c’est aussi le risque de ne plus connaitre ses limites. Romi est un être fait d’abus et d’extrêmes. Il n’est pas à laisser sans surveillance si l’on espère qu’il rentre chez en un seul morceau. Mais aujourd’hui, il n’en est rien. Il entasse les verres et les bouteilles. Il ne sait pas combien, il ne sait plus compter. Il se laisser aller, menton pausé sur sa paume, coude relevé et regard hagard. Il a un petit sourire sur les lèvres, l’alcool a pourtant le don de le rendre plus calme. Il écoute la musique d’une voix distraite, il n’est pas deux qui sautent et dansent dans les quatre coins de la salle. Il est trop vieux pour ça, vingt-cinq déjà. Bien qu’il n’ait pas le souvenir de l’avoir déjà fait quand il était plus jeune. Quoi que, il n’avait absolument aucun souvenir de toute façon. Il s’amuse de cette simple pensée et laisse filtre un doux rire.

Sa présence a attiré quelques regards, surtout au début. Il a reçu certaines propositions de rejoindre telle table, telle personne, de changer d’endroits et les accompagner. Il était encore assez sobre pour refuser ces sollicitations. A présent, il n’est pas certain de pouvoir autant dire non. De plus, cet endroit le rend triste. Souvenir d’un ancien amour. Il ne sait pas pourquoi il est retourné ici.

Il soupire. Son regard observe les autres clients. Les heures passent et les gens commencent à se faire plus rares. Puis le serveur se rapproche de lui, ils vont bien fermer. Romi hoche de la tête avant de se relever. Sur le coup, il doit prendre appui sur la chaise, les jambes tremblantes. Il prend un dernier verre d’eau cette fois puis se dirige vers la sortie. C’est presque l’aube, il ne sent pas fatigué. Il s’appuie contre la vitre du bar, dehors, il faufile une main dans la poche arrière de son jeans à la recherche d’une cigarette. Il la coince entre ses lèvres, c’est le tour de son zippo. Pourtant, une flamme s’allume devant lui, il relève les yeux. Un inconnu dont il ne pourrait deviner l’âge. Il l’entend parler mais ne comprend pas totalement ses mots. Il se contente de le regarder encore et encore. L’homme semblait vouloir l’emmener il ne savait où. Romi avait juste envie qu’il se casse ou que quelqu’un vienne le tirer de là.