dépendance à l'errance| BLAZE

Âme errante, âme impotente, âme déflagrante, elle tente la nuit violente et aberrante. Elle titille le danger pour une broutille, elle boitille mais vrille toujours la silence trop tranquille. C'est pathétique ce tic, cette maladie extatique, ce feu apodictique. Ça ravage dans l'outrage, dans le carnage. Ses poings s'éclatent sur les faces écarlates dans une brutalité frontale. Il ne sait même plus comment ça a commencé. Il ne sait même plus ce qui l'a amorcé. Il est juste déchaîné sans pouvoir se contrôler, il veut immoler le monde entier. Les éclats de voix qui crachent des insultes se hachent dans la nuit de glace. Rien ne l'arrêtera, rien de l'abattra. Il reçoit pourtant des coups à la pelle et la douleur l'appelle mais ce n'est pas sous son poids qu'il chancelle. Il ronge ses forces pour faire éponge au sang qu'il verse, qui se déverse sur le bitume entretenu à l'alcool et à l'hémoglobine, futile et parfois fatale. Mais soudain dans l'orage, une ombre les départage et tente de mettre fin au tapage. L'abruti couvert de tatouage retrouve un semblant d'intelligence pour entrevoir derrière son brouillard d'errance, une face d'ange qui dérange les clichés sur les minettes un tantinet flippette. Il la reconnaît à temps pour pas lui coller une trempe et il écarquille les yeux. Il dégoupille ses mots fielleux : ❝ Mais qu'est-ce que tu fous là, putain ? ❞

Lampadaires simples spectateurs de ce calvaire séculaire presque élémentaire, ces adversaires à l'air patibulaire, à la drogue éphémère, ne cherchent qu'une équipière mortuaire. Le sang indécent de ces innocents qui s'éteindront dans les cendres, c'est ça qui les sanglent à ce chemin rugissant. Ces bâtards ne cherchent que la flamme qui allumera le pétard, que l'ignare qui aura la riche idée de rentrer dans le cauchemar. Le plus navrant et il s'en rend compte en voyant le regard de sa sœur cobra, c'est qu'il est comme ces enflures, une vraie brisure emplie de cyanure. Un poison qui pleut à foison sur ces putains de cloisons. La vipère les repère à peine ces bouffons qui la provoque pépère alors qu'elle essaye de le ramener dans le monde réel. Mais elle le sait, sa colère ne connaît aucun silence, juste une insolence qui transpire la puissance. Elle-même est de la même espèce, elle sait ce qu'il fait, elle sait qu'il dépèce ces vies pièce par pièce. Les autres connards, ces rats bien crades et putrides n'ont pas encore compris dans quel merdier ils venaient d'être pris. Mélo perçoit leur inconscience quand une main s'abat sur la face de la cobra qui pour lui se trouve là. ❝ T'aurais jamais dû faire ça, mon pote ! ❞ Ce mec venait de lancer, ces reptiles peu subtiles qui mutile à la moindre infamie. Mélo attrape le bras du batârd et le lui tord dans un craquement éloquent avant de le rejeter brusquement d'un bon de pied. Il tourne alors son visage en sang vers la brune, un vague sourire aux lèvres, sachant parfaitement qu'elle rêve de tout sauf d'une trêve. ❝ T'es sûre que tu veux rentrer tout de suite, Blaze ? ❞

Sur le béton détonnent, tonnent les bruits des coups qui étonnent les esprits les plus innocents auxquels le sang semble indécent. Une descente sur les cendres des rives de Styx, une descente à contre vent de l'opalescent paradis luminescent. Pourris jusqu'à la moelle, les cobras en rage, se lâche dans le carnage. Un sourire se tisse sur les lèvres de l'artiste lorsque sa collègue de toujours le suit sans hésiter dans sa course qui défoule et enfonce des poings qui se dédoublent dans les faces des idots aux fils qui se touchent. La nuit est encore jeune, la nuit est encore à jeun. Elle n'a pas eu la dose qui s'impose en ces nuits d'infernales proses. La nuit a faim et après la prise de sang, elle va se nourrir de la chaire des passants. Ceux qu'ils auront massacré dans le rite sacré de leur ivre délivrance. La vue du cobra se brouille dans les embrouilles, ses coups font écho à ceux d'un passé lointain. Il le voit, c'est un gamin et puis ça redevient le souverain de sa connerie dépeinte dans un monde malsain. Ses poings fusent mais il ne sait plus sur qui ils s'usent. Il s'arrête dans sa vision falsifiée, et il voit un homme auquel il ne parvient à se fier. Un vieux barbu, aux questions incongrues, à la stupidité bien connue. Sur ces dernières images se brise cette réalité volage et Mélo se sent déboussolé. La colère gronde encore en lui, ses poings en sang sont en ruines mais quelque chose, au fin fond de lui-même s'égraine... Le mystère peut-être... ou bien, cette salvatrice violence... Mélo s'arrête. Il regarde ces corps au sol et ça le désole. Aucun regret, juste la lassitude qui parsème son engrais. Il retient la brune dans son envole, la maintenant par les bras pour qu'elle ne fonce à nouveau sur les cinglés qui les ont provoqués. ❝ Je crois qu'ils ont capté maintenant. Tirons nous d'ici. ❞ Il avait surtout envie d'un verre et peut-être de trouver de quoi désinfecter ses plaies. Ses phalanges n'étaient que le uste mélange de sa haine et de sa frustration. Un trou au supermarché lui permettra de trouver et de quoi boire et de quoi faire semblant de se soigner.