Une salle de bain pour deux.

Comme d'habitude, il est en retard. S'il est impeccable sur bien d'autres aspects, la ponctualité ne fait pourtant pas partie de ses qualités. La veille, il avait décidé d'emballer les quelques fournitures de l'appartement qui lui appartenaient. Pas comme s'il en avait plusieurs non plus... À peine un lit - il s'agissait de quelques couvertures au sol et ça faisait l'affaire, puisqu'il préférait ne pas dormir sur le lit fourni dans son logement. En réalité, rien chez «lui» ne lui avait jamais appartenu, depuis son arrivée. Des choses sans importance, sans signification. Des vêtements et quelques autres trucs ici et là et ça suffisait pour dire qu'il était enfin prêt à dégager de là et emménager avec quelqu'un d'autre. Blaze, c'était son nom. Une Royal Cobra. Et c'est tout ce qu'il savait à son propos. Son prénom, et son groupe d'appartenance, étant le même que le sien. C'est alors qu'il ferme la porte de ce qui fut jusqu'à présent son appartement, il jette la clé sous la porte pour faire chier le nouveau proprio, puis transporte sur son épaule un énorme sac contenant ses vêtements et quelques objets précieux, rien de plus. En se rendant à sa nouvelle adresse, il regarde sa montre, affichant treize heure et onze minutes. Oups, un peu plus de deux heures de retard. Une fois rendu sur la rue de son nouveau domicile, Jaxen jette de fréquents coups d'oeil aux numéros parfaitement bien affichés sur les portes des appartements et studio, puis repère le bon. Il arrive à la porte, les cheveux ébouriffés, l'air encore endormi, puis cogne à la porte, en l'attente de sa nouvelle colocataire.

« C’est quoi le mot de passe? » Elle plaisante, là? Jaxen commence à se demander sur quelle genre de folle il est tombé. Une je-suis-trop-heureuse-tout-le-temps qui rit seule à ses propres blagues? Il hésite tout à coup à rebrousser chemin et à reprendre son vieil et piteux appartement qu'il venait de laisser derrière lui, mais ses talons demeurent cloués au sol,
devant la porte du studio. Toutefois, avant même qu'il pense à une réponse ou qu'il ait même l'intention de poursuivre sur la même lignée d'humour douteux qui se joue actuellement au travers de la porte d'entrée, celle-ci s'ouvre finalement et laisse place à une très jolie jeune femme, qui renchérit avec la suite de sa blague « Au fait, le mot de passe c’est : La sublime, gentille, géniale et pimpante Blaze.» Crispé par le malaise que provoque le silence qui suit la blague quelque peu douteuse de la demoiselle, Jaxen se surprend lui-même à tenter une réponse:
«Sublime à coup sûr. Pour le reste, ça restera à voir.» Il ne pensait pas à mal en répondant spontanément une réponse du genre, mais puisque le relationnel n'est pas totalement sa tasse de thé et qu'il ne connaît d'aucune façon cette Blaze - autrement que lors de quelques rencontres avec les Cobras, il ne pourrait pas dire si elle est gentille, géniale et pimpante. « Baaah. Merci de m’honorer de ta présence. J’avais que ça à faire, t’attendre. » Il saisit le sarcasme dans sa voix, et renchérit avec le même genre de réplique: «Bah, derien!» Un très léger sourire se dessine au coin de ses lèvres alors qu'il piétine sur place, dans le cadre de porte, toujours en dehors du studio - son nouveau chez lui. Elle le laisse finalement entrer dans cet espace déjà plus grand que celui dans lequel il avait l'habitude de vivre. Immédiatement, il y laisse tomber son gros sac dans l'entrée et retire ses chaussures en les laissant traîner non loin de là, puis se retourne vers la jeune femme. «Tu m'fais visiter un peu?», demande-t-il tout en se passant une main dans la crinière. Quand on ne le connaît pas, c'est bien difficile de le suivre, lui et son manque d'expression, de réaction et sa faible capacité relationnelle avec autrui.

Spoiler:

Relaxe. Faudra que t’apprennes à être moins sérieux si tu veux que ça fonctionne. Ok? Elle n'a pas l'air de l'apprécier, et ça le met encore plus mal à l'aise. Jax n'a pas envie qu'elle le foute à la porte après deux semaines de colocation. Ce n'est pas non plus sa faute, si sa zone de confort c'est la solitude. «J'pourrais pas être plus relaxe, ma jolie.» Faux. Mais tant qu'à faire dans le sarcasme, c'est mieux d'y jouer à deux, non? Parfois, c'est à s'y méprendre: Jaxen ne parle que très peu, mais ça ne l'empêche pas d'interagir en temps voulu et de répliquer. Sa force de caractère et son impulsivité lui vaudront quelques malentendus, mais c'est le danger d'avoir une personnalité si incontrôlable. C’est bien, Jack. La flatterie c’est toujours gagnant. Rappelle-t’en. Jack. Jack?! What the fuck. «Jaxen. C'est Jaxen, mon nom.», souffle-t-il, déjà clairement irrité par tout ça. Si la jeune femme a des allures d'ange, elle est en réalité plutôt un véritable petit démon. On va mettre au clair une chose d’abord, le senior, on fait que vivre dans le même espace, right? J’suis pas ta bonne à tout faire. Le senior? Mais elle pense qu'il a quel âge? Soixante ans, putain? Il soupire en roulant des yeux, s'attardant un instant du regard à la paire de chaussures qu'il venait de balancer par terre à l'entrée, et qui étaient la cause de cette remarque désobligeante de la part de la brunette. Pourtant, Jax ne fait que détourner les yeux et les laisse traîner exactement là où elles sont. «Pardon princesse, j'vais essayer de me ramasser à l'avenir.», disait-il avec une fausse assurance, comme s'il n'y portait pas plus d'attention que ça. Et c'est bien vrai: il n'y portait pas la moindre attention. À quoi bon? Blaze lui présente vaguement le studio d'un coup de tête ici et là, sans s'attarder plus que ça aux détails. Après tout, c'est vrai que c'était petit et que tout était à découvert, à part la salle de bain. Il espérait bien pouvoir se rincer l'oeil une fois de temps en temps. Ça, c’est ma chambre. Interdiction d’y aller. Si je t’entends même penser à y mettre tes fesses poilues, t’auras affaire à moi Jason. Jax n'émet qu'un léger rictus à cette menace. T'auras affaire à moi.
Bien sûr, bien sûr... Son rictus se transforme en un sourire prolongé,
lorsqu'il plonge son regard bleu perçant dans celui de la demoiselle:
«Jaxen. J-A-X-E-N. Voudrais-tu l'épeler avec moi, d'un coup que tu l'oublies encore?» Son sourire ne disparaît vaguement que lors de l'évocation des règles de colocation. Jax suivait Blaze jusqu'à la cuisine, où il s'adosse contre le comptoir et croise les bras, l'air semi-intéressé par le sujet: «Quelles règles de colocation? Du genre, qui prend la douche en premier? Qui fait les courses? Qui fait le ménage et quand? Des trucs du genre?» Il passe un rapide coup d'oeil sur l'ensemble du studio et pense qu'après tout, il pourrait être bien ici. Même si l'autre était plutôt chiante, quand même.


@Blaze

Oui, c’est ce que j’ai dit. Elle le fait exprès, et ça t'irrite royalement. Tu as envie de la boucher, de t'installer sans avoir à lui parler et de faire comme si elle n'était pas vraiment ta colocataire, mais juste une touriste à l'appart' que tu devras supporter, tout simplement. Non, c'est pas ce que t'as dit. Comme elle te fait chier, tu as particulièrement envie de lui rendre la pareille. Et tant qu'elle n'arrêtera pas, tu n'arrêteras pas non plus. C'est ton orgueil de mal, ou ton plaisir du jeu qui fait que tu veux tenir le coup et ne pas baisser les bras le premier. Oui, c’est ça. Ajax. A-J-A-X. Ajax, maintenant? Elle fait exprès, ou quoi? Elle se trouve drôle en plus, puisque tu perçois son sourire. Un sourire craquant, mais qui te rappelle immédiatement ô combien tu vas devoir prendre sur toi pour les semaines qui suivent. «Faut croire que t'es pas une cent watts, toi...» À ton tour de sourire comme un con, trop heureux de lui rendre la pareille, alors qu'elle se plaît à massacrer ton nom à toutes les chances qu'elle a.

Le sujet devient soudain bien plus sérieux. Quoi qu'il n'y avait pas spécialement matière à rigoler précédemment avec ses blagues pourries et son humour douteux. Les règles de colocation qu'elle t'évoque ne sont pas aussi lousses que tu aurais pu te l'imaginer. Elle te fait une liste digne de celle d'un gosse qui écrit des improbabilités au Père Noël. Parce qu'elle croit quoi, elle? «Pourquoi tu t'cherchais un coloc, si ça t'dis pas de partager?» Cette question t'intrigue, puisque tu cherches bien à trouver une réponse à celle-ci, en vain. Elle s'ennuyait peut-être. Avec toi, elle va être bien loin de l'ennui. Tu te donnes à l'instant même le défi de lui en faire voir de toutes les couleurs, à la belle brunette. Elle énumère sans prendre de pause, si bien que tu l'observes presque reprendre son souffle à la fin. Elle n'avait pas envie de te laisser placer un mot avant qu'elle ait terminé, comme s'il s'agissait d'un concours entre vous deux. «Je suis sûre que tu te rincerais l'oeil, si je me mets à courir nu dans l'appartement. Dis-moi pas l'contraire, je te croirais pas princesse.» Tu appuies bien sur le dernier mot, trop amusé à l'idée de te promener tout nu dans le studio. «J'aurais peut-être une suggestion... et si toi tu te promenais nue dans l'appart? Moi, ça m'irais bien, tu sais. J'propose même qu'on dorme dans le même lit, ça sauverait l'espace et le chauffage l'hiver, après tout. Si c'est pas une bonne idée, j'me demande bien ce que c'est!» Tu fais comme elle et attrape une pomme - qui techniquement, ne t'appartient pas, et croque dedans à pleine dents, un sourire semi-victorieux aux lèvres et le regard brillant d'amusement.

@Blaze

Jaxen, j’me cherchais pas un coloc’. Pendant un bref instant, tu es pris de court. Tu ne comprends pas trop où cette drôle de situation vous mène. Si elle ne voulait pas de coloc, comment se fait-il que tu te trouves là? Ce qui t'étonne aussi, c'est que pour une fois depuis que t'es arrivé, elle t'a appelé par ton nom. Ton vrai nom. Pas Jackson, ou Jacob ou Jack ou un autre nom ridicule. C'est qu'elle doit être sérieuse. «Trop tard, maintenant. J'suis là.» Tu lui lances un sourire à peine subtil, qui se veut provocateur. Ça fait même pas trente minutes que vous cohabitez ensemble, que vous vous lancez déjà des piques assez directes. Et étrangement, même si tu la trouves tellement chiante, ça t'plaît. C'est signe que cette colocation ne sera pas barbante pour un sous. J’en ai probablement pas l’air comme ça mais, peu importe à quel point j’aime vivre seule, je laisserai jamais un Cobra dans le pétrin. La famille, c’est sacré. Ça t'met plutôt mal à l'aise. Pas que tu n'aimes pas les Cobras. Sinon, tu n'y serais pas affilié. Toutefois, tu n'te sens pas à ce point connecté. Tu ne les considères pas comme ta deuxième famille, parce que tu as du mal à faire confiance. T'as entendu quelqu'un un jour dire à un autre qu'il ne fallait jamais faire confiance à personne. Même pas sa famille. Et si tu devrais les considérer comme tel, les Cobras, t'hésitait à leur vouer toute ta confiance et t'ouvrir à eux comme s'ils s'agissait de confidents ou de ta famille. Mal à l'aise sur le sujet, tu préfères te taire et ne rien dire, plutôt que de froisser la jeune femme au sujet des Cobras. Après tout, tu n'as pas envie qu'elle fasse part aux autres de ton manque de dévouement et qu'on te le fasse payer.

C’est à tes risques et périls, Jacob. Si tu souhaites éviter que j’te la coupe, garde-là à l’intérieur de ton slip. Et c'est reparti... Super! Tu roules des yeux, l'exaspération pointant le bout de son nez. Un peu plus et tu vas montrer tes crocs. «D'toute façon, j'aurais trop peur que ça t'excite et que tu me sautes dessus.», dis-tu le plus banalement du monde en haussant les épaules, retenant un sourire et même un rire qui naissait dans ta gorge. T’as raison. Le sofa, c’est pas pour toi, papy. J’te propose une place de choix à même le sol. Le pire, c'est qu'elle a l'air sérieuse. Elle arbore une expression différente, qui te fait douter sur tes paroles. As-tu été trop loin dans ton jeu? Tu ne voulais pas faire en mal, quoique ça te plaît plutôt de la faire chier et de répliquer. T'allais t'excuser ou proposer le lever du drapeau blanc - qui sait, c'était peut-être une bonne solution à adopter, mais tout de suite Blaze reprend de la vigueur et te balance ce qui ressemble à une menace, ou plutôt un avertissement à ne pas prendre à la légère. J’allais oublier le plus important. Ne me touche jamais. J’dis pas ça parce que t’as la tronche d’un pervers, hein. J’déteste les contacts physiques en général. C’est un truc de Mentalist. Tu recules d'un pas, les mains dans les airs, un rictus assez évident sur les lèvres. T'inquiète pas princesse, j'avais pas l'intention d'te toucher non plus. Les Mentalist, j'les évite le plus possible. Et j'crois que t'es pas saine d'esprit., dis-tu à la blague, en te croquant à nouveau dans ta pomme que tu jettes à la poubelle, pourtant à peine entamée. Tu cherches pourtant le regard de la belle brune et une fois trouvé, tu y plonges tes yeux bleus en l'attente d'une réponse, mais tu as l'impression qu'elle est ailleurs... Dans un autre monde. Et étrangement, ça te soulève une certaine inquiétude.

@Blaze