Tout est bizarre dans ta tête. Tu vois ces rivières de sang et tu n'arrives plus à savoir si ça te plaît ou si ça te dérange. Au début, c'était facile de ne pas voir les choses en face, de simplement suivre le mouvement et de semer tes graines sans culpabilité. Mais maintenant, ça pique dans ta tête. C'est bizarre comme sensation. Tu as l'impression que tes mains sont toujours humides du sang dans lequel elles ont trempé. Tu as l'impression que toutes tes idées tendent à la destruction. Et cette haine qui te dévore, tu la sens encore qui avale ton corps. Ton coeur bat dans un écho étrange, trop calme, trop faible. Tu n'es plus certain d'en avoir. En as-tu seulement eu un ?
Comme pour répondre à cette question, il surgit de nulle part et te fait brusquement réaliser que tu es là, perdu dans la nuit. Tu ne sais même pas où tu es mais tu comprends soudain que ton jean est humide. Tu es assis dans la neige, piège glaçant qui anesthésie tes sens.
« T'as encore remis ça, pas vrai ? » Tu ne réponds pas. De toute façon, sa question est rhétorique. Et c'est toujours la même. Toujours. Tu perçois son soupir qui s'élève dans la nuit et tu grimaces. Il va recommencer. A chaque fois, il croit pouvoir la ramener sur ton état. Tu connais ce crétin depuis si longtemps. Tu l'aimes depuis trop longtemps aussi. Mais t'en a ras les couilles de son attitude, de sa fausse inquiétude. Tu n'en peux plus de lui. Ça te ronge au point que parfois, tu ne sais plus ce qui est réel ou ce qui se passe dans ta tête. Il te fait saigner de l'intérieur, il te bouffe comme si tout le reste ne le faisait pas assez. Tu sais très bien ce qu'il en est mais tu restes à le regarder, à le détester.
« Tiens. Cadeau. » Tu ne sais comment, tu parviens à rattraper ce qu'il te lance.
« Ce soir, tu boiras pas seul. » Tu regardes la bouteille qu'il ta jeté et une colère sourde t'envahie. Ta haine resurgit. T'as envie de le frapper, de le marteler de coups. T'as envie de lui arracher ses putains d'yeux, de le ravager comme il t'a dévoré. T'as envie qu'il comprenne ce que ça fait. T'as aussi envie de lui cracher à la gueule à quel point tu enrages mais tu sais que ce ne serait que bafouillages incompréhensibles. D'habitude, tu laisses parler ton corps pour qu'on te comprennes bien mais là... tu sais que tu dois te taire.
- Spoiler:
Tu te souviens de la provenance de ta bouteille de 8oz de vodka