Faute d’avoir le temps de vous réunir dans un endroit plus adéquat et plus discret, vous n’avez pas eu d’autres choix que de vous rabattre sur une petite ruelle, à quelques pâtés de maisons de l’hôpital qui plus est, comme dans un mauvais film de flics et voyous de série B. Des voyous, c’est sûrement tout ce que vous êtes aux yeux des mieux lotis mais t’aimes à penser que vous êtes des bienfaiteurs aux yeux d’une petite partie de la population de Varakes, celle pour qui tu fais ça en premier lieu. Certes, les moyens utilisés ne sont pas très glorieux mais au bout du compte vous aidez des gens à se soigner et à pas se défoncer alors le but est légitime, si on veut. «
Tiens, je t’ai pris ce qu’il te faut aussi. » Sortant le butin de ton sac à main, tu tends à Mélo un petit sac d’une échoppe comme il en existe tant d’autres, une supérette ou une autre connerie du même genre. Tu lui épargnes de se trimballer une poche en plastique avec le nom d’une marque de cosmétiques à la main, c’est déjà ça. Tu t’es assurée de ne pas oublier les petites pilules irisées dont il a lui-même besoin, celles-là même pour lesquelles il avait manqué de t’étrangler la première fois que tu l’as vu, quand tu pensais encore que c’était qu’un tocard en manque. «
Je pourrais pas t’en filer autant la prochaine fois… Tes doigts viennent attraper une cigarette dans le paquet que tu viens de sortir de ton sac, la déposant entre tes lèvres en jetant un coup d’œil au seul bâton de nicotine à l’endroit dans l’emballage, en pensant à ces vœux que tu faisais sans vraiment y croire, puis tu avances le paquet vers ton partenaire de crime pour l’inviter silencieusement à s’en servir s’il le souhaitait.
Je connais quelqu’un qui travaille au poste et apparemment l’un de ses collègues a été averti que des médicaments manquaient au compte et il enquête maintenant dessus. » Pourtant t’avais fait attention à ne prendre qu’une boîte ici et là, espaçant tes larcins suffisamment pour que le manque de stock ne soit pas remarqué, pas assez folle pour t’aventurer à tout chourer d’un coup ou pour remplir tes poches à chacun de tes passages légitimes. Mais t’as dû merder suffisamment pour qu’ils se rendent compte de quelque chose à l’inventaire, t’as dû prendre une ou deux boîtes de trop dans la même semaine et ton château de cartes tangue dangereusement maintenant qu’un type est sur le coup et qu’il pourrait t’arriver des bricoles.
La cigarette maintenant allumée entre tes lèvres, tu inhales la fumée puis tu reprends le bâton entre tes doigts, prenant soin de tourner ta tête sur le côté pour ne pas expirer la fumée directement dans le visage de Mélo, ce qui aurait été inopportun mais peut-être moins que de voir ta collègue à quelques mètres de là, dans cette ruelle où personne ne passe habituellement. Un juron te traverse l’esprit mais tu le gardes pour toi. Tu te doutes bien qu’elle n’a pas pu entendre ce que vous vous racontiez mais t’ignores ce qu’elle a pu voir et ça te fait grincer des dents. Tu te doutes bien de quoi votre échange a l’air et dans le fond, c’est pas si loin de la vérité à la différence que vos clients c’est pas des camés et que vous faites ça gratuitement. Mais t’as aussi le droit de discuter avec un pote dans la rue et c’est pas parce que la pimbêche avait tendance à fourrer son nez dans ce qui la regardait pas que ça changeait quoi que ce soit. «
Salut Skye, comment tu vas? » Le ton n'est pas des plus jovials mais il reste poli, sans qu'un sourire ne se dessine sur ton visage pour autant, jugeant inutile de s'encombrer de simagrées alors qu'aucune de vous devait être particulièrement ravie de cette rencontre fortuite, toi la première.
@carmélo @skye
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