filthy secrets and dark spells // (Wiane)

filthy secrets and dark spells

And everyone's watching, it all unfold. Everyone's watching, who's gonna take the throne ? Who's gonna run the show ? Everybody wants someone who's gonna fight fire with fire. ft. DIANE

L’anneau tourne machinalement entre tes doigts, comme tout ce que tu touches en temps normal, crayons, couteau suisse ou encore cigarette comprise. Assis au bord de ton lit, tu fixes inlassablement la porte qui mène à ton salon puis enfin à ta porte d’entrée. Blue t’évite encore et tu sais que tôt ou tard tu finiras par aller sonner chez lui. Les hommes, les femmes, les conquêtes d’un soir, tu les vois tous défiler les uns après les autres sans parvenir à apercevoir l’infirmier, même lorsque tu espères le voir au moment où il partira travailler. Le fait est que tu ignores tout de ses horaires et qu’il ne te doit absolument rien. De toute évidence, tu ne le connais pas depuis assez longtemps pour pouvoir exiger quoi que ce soit de lui. Et quand bien même ce serait le contraire, que pourrais-tu exiger de lui tout court ? Perdu dans tes pensées, tu ne cesses de tourner et retourner l’anneau accroché à une chaîne d’argent qui était avec toi lors de ton réveil. Tu n’en comprends pas le sens, et à en juger par sa taille il pourrait aussi bien aller à un homme qu’à une femme. Tu n’en sais trop rien, toujours est-il que la bague est sans fioriture aucune ni gravure. Seul le métal semble être d’une grande qualité et est si lisse qu’il n’y se trouve aucune imperfection. Pour ce que cet anneau signifie en revanche, c’est la page blanche au creux de ta caboche. Il tourne et tourne encore, au gré de ton âme qui s’effrite et des trous qui se comblent. Ainsi tu sais, tu as appris, de quoi ton corps est capable. Dauthus. Tu prêtes de plus en plus attention aux détails que tu reniais depuis ton réveil. La vue aisée dans l’obscurité, la sensation de tes muscles et de tes os qui craquent. Les touchers exacerbés et la force incroyable sans n’être nullement dopé. Tout cela t’échappe encore au fond, comme beaucoup de choses, mais des poids s’enlèvent, des poids s’échappent pour mieux te laisser respirer. Avancer. Bien sûr il y a eu les premières images, flashs mémorables dont tu tentes de te rappeler, mais tes prunelles bicolores, même fermées, ne parviennent à voir la raison du pourquoi en larmes tu es venu t’effondrer dans ton souvenir. Ni qui ou qu’est-ce qui a pu causer autant de trouble dans ton for intérieur.

Tant de questions sans réponses et de questions qu’aujourd’hui tu ne souhaites pas te poser. Du moins pas toutes, demeure celle de l’anneau que tu tiens à présent serré entre tes doigts. Tu as tout essayé, même de souffler dessus dans l’espoir qu’une fine pellicule de buée révélerait une quelconque indication. Mais non. Rien. Alors tu as entendu parler de la bijouterie qui se trouve dans ta zone, et notamment de sa propriétaire. Certains passants disent qu’elle est aussi froide que la glace elle-même et que son regard pourrait lancer des éclairs. Bien sûr, tu sais que d’aucun exagèrent. Les rumeurs vont bon trains, constamment, perpétuellement. La ville est aussi grande qu’elle est petite en termes de vagues d’informations. Et tu as beau ne pas être là depuis aussi longtemps que certains, tu l’as déjà compris. Il ne t’en faut pas plus pour attraper ta veste et quitter ton appartement, t’attardant quelques instants sur le palier en espérant réussir à voir au travers de la vitre floutée de sa porte. Bleuet ne doit pas être chez lui. Mains dans les poches, tu dévales les quelques marches qui vous séparent du rez-de-chaussée et tu files en direction de la fameuse bijouterie.

Lorsque tu pénètres à l’intérieur, la sonnette typique annonçant l’arrivée d’un client retentit. Ca tu n’as pas oublié, tu sais que c’est commun. En fait, tu sais toujours cuisiner, tout comme tu sais quels sont tes aliments préférés ou non. C’est là le plus étrange dans l’histoire. Focalisé sur ta tâche du moment tu te rapproches du comptoir pour enfin apercevoir une chevelure d’un roux flamboyant. Des cheveux couleur de feu comme l’ont murmuré certains. Loin de te laisser démonter, tu t’approches davantage en retirant le collier que tu avais rattaché à ton cou le temps du trajet.

« Bonjour. » que tu lâches d’une voix posée. Tu essaies de te faire moins froid qu’à l’accoutumé, mais ce n’est pas encore chose aisée ni même gagnée. « Je voudrais faire analyser cette bague. Savoir… En quoi elle est fait et s’il y aurait éventuellement une marque, un signe quelconque dessus. ». En soi, ta demande est purement informative, nulle envie de la vendre, pour une raison que tu ignores tu ne saurais t’en séparer. Et tu penses qu’elle doit représenter et compter beaucoup pour toi. « La seule chose que je sais c’est qu’il ne s’agit pas d’une alliance. A priori. ». A priori, car des fois que tu te trompes sur toute la ligne… Tu n’es plus très sûr de rien avec tout ce qui t’arrive ces derniers temps et en particulier la révélation que Shadow t’a faite, ou du moins, celle qui t’a permis d’ouvrir les yeux sur les étrangetés de ton cas. Depuis, tu es tel un éléphant dans une boutique de porcelaine, tu crains que ta force ne t’échappe. « Vous sauriez me renseigner ? ». Sans un mot de plus, tu viens délicatement poser l’anneau et la chaîne sur le comptoir, juste devant elle.    

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Air glacial. Air frais qui pourrait glacer tes entrailles. Ils n’ont pas menti, les fomenteurs de rumeurs au sujet de la bijoutière du coin. Non clairement pas. La voix est glaciale, le ton est clinquant, cinglant. Aucun doute là-dessus elle n’est pas du genre à attirer la sympathie, c’est du moins la première impression que tu t’en fais au moment où le oui presque cassant s’échappe de ses lèvres, elle qui a pourtant tout pour rayonner parait aussi aigrie qu’une vieille mégère défraîchie par les ans. C’est triste, ou peut-être est-ce justifié, c’est ce que tu te dis sur le moment en continuant dans ta démarche comme si rien ne pouvait te distraire. La bague est déposée sur le comptoir et elle l’attrape pour l’observer, toi tu ne bouges pas, attendant le verdict en silence sans même hausser un sourcil. L’analyse ne dure pas plus de cinq minutes et le verdict tombe. De l’Argent, oui, bien ce que tu pensais mais il n’y avait rien de plus ? Pas de détails cachés ou camouflés apparemment. Sur le coup, tu parais presque un peu déçu mais la demande de la jeune femme te laisse perplexe et surpris dans le même temps. « La vendre ? » que tu répètes comme si elle t’avait annoncé que le Diable en personne était de la visite. Rattrapant la chaîne entre tes doigts tu signes à la négative instantanément. « Si elle n’a rien de particulier, je ne vois pas pourquoi vous voudriez me la racheter. ». Elle n’y va pas par quatre chemins et toi non plus, ce n’est pas ton genre de toute manière. Clairement pas.

Si elle te disait le fond de sa pensée, nul doute que tu lui dirais que ce n’est pas parce que tu es amnésique, comme eux tous, que ce bijou n’a pas de valeur pour toi. Tu le sens au fond de tes entrailles et grâce à ton instinct, cette bague est importante pour toi, pour celui que tu es supposé être. Celui que tu étais et que tu ne seras plus jamais. Plissant le nez, tu récupères le bijou au fur et à mesure en ne cessant de la regarder. « Elle n’est pas à vendre, désolé ». Malgré tout, tu t’excuses, quand bien même tu n’en penses pas un traître mot. T’Excuser de ne pas vendre un objet personnel est pour toi quelque chose de complètement dingue, mais soit, tu n’as pas spécialement envie de la vexer ou de la frustrer, même si tu trouves sa réaction déplacée et étrange. Pourquoi vouloir se donner du mal à la récupérer si elle n’a strictement rien de particulier ou qui puisse être intéressant ? Ce n’est donc pas aujourd’hui que tu en apprendras plus sur tes flashs ou même découvrira ce que cet anneau signifie. Ce n’est pas bien grave, au moins tu as essayé, c’est ce que tu préfères te dire plutôt que te décourager. La suite logique de ta démarche voudrait que tu t’en ailles de la boutique sans prendre la peine de regarder ce qui est à vendre, mais ton corps refuse de bouger. Il est trop tard, tu sais que tu vas te permettre une réflexion, d’ailleurs elle ne tarde pas à voguer hors de tes lippes. Dans ton autre vie tu as dû t’attirer pas mal d’ennuis, tu en es certain.

« A en juger par l’aspect vide de votre boutique, je dirais que les rumeurs qui circulent sont véridiques à votre sujet… Vous êtes glaciale. ». Ou comment balancer ça d’une manière impromptue, par Wade l’amnésique bourru. Ce n’est pas ta faute, tu ne mens pas et de toute manière il te parait évident que de son côté la jeune femme ne se cacherait pas pour dire ce qu’elle pense alors… Autant lui faire part des informations qui circulent à son sujet. « J’accorde le bénéfice du doute, mais je dois admettre que sur ce coup, les rumeurs paraissent fondées. C’est bien dommage. ». Au fond, ça l’est vraiment. Fixant la rouquine de tes yeux vairons tu ne bouges pas d’un pouce, chaîne retenant la bague toujours entre tes doigts, car il est hors de question que tu la cèdes, même si elle te la rachetait à un prix défiant toute concurrence. Histoire de ne pas te montrer trop froid, tu lui offres un sourire en coin presque provocateur. Pour le coup, tu es très clairement en train de chercher les ennuis. A moins que tu ne cherches qu’à la réveiller ? Elle qui se tient aussi raide qu’un piquet derrière son comptoir…

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Tu ne peux pas la vendre, tu t’y refuses catégoriquement. C’est comme une sonnette d’alarme qui se met en marche chaque fois que ton esprit essaye d’emmagasiner la possibilité. Tu ne le peux pas ni ne le veux, tu sens au fond de toi que cette bague est importante, pour une raison ou une autre. Une raison que tu retrouveras peut-être. Tu ne sais pas si elle serait potentiellement liée à cette personne que tu étais supposé trouver chez toi, bribe d’un souvenir apparu en flash à un moment plus qu’inopportun il y a à peine quelques jours. Cela pourrait être n’importe quoi, mais dans ces images tu étais bouleversé au point de sentir réellement tes tripes se tordre dans la réalité de ton monde d’aujourd’hui. Tu en as eu le souffle littéralement coupé par une douleur fulgurante, mais tu ne disposes toujours pas des clés. Ni des réponses. Refusant catégoriquement la proposition de la rouquine, tu ne daignes pourtant pas bouger de ta place, et tu la fixes, collier contenant la bague récupéré entre tes doigts pour t’assurer qu’on ne te la volerait pas. Vous devriez la vendre, qu’elle te dit encore d’un ton froid, toi tu n’en démords pas et la ranges dans la poche intérieure de ta veste, à l’abri de ses regards glacés.

« Elle a de la valeur. ». Sentimentale, probablement, tu ne peux qu’en être certain quand bien même tu ne détiens pas entre tes mains tous les éléments de ta vie passée.

Le sujet est clos de ton côté, mais tu ne peux t’empêcher de faire une réflexion soudaine, comme pris par la subite envie d’enquiquiner la bijoutière qui te fait face et dont tu ignores le nom. Tout comme elle ignore le tien. Tu lui lances alors les rumeurs circulant à ton sujet d’un sourire en coin un peu trop arrogant mais sur le moment tu n’en as que faire, tu testes les limites de la jeune femme tel un abruti que tu deviens. A n’en point douter tu t’es déjà attiré des ennuis par le passé et tu le feras probablement encore dans cette chance qui t’es donnée. Elle te fixe, tu fais de même, bien décidé à en découdre, ne baissant pas les yeux et te lançant dans cette jouxte de regards polaires. Tes billes vairon contre l’acier évident des barrières qu’elle érige autour d’elle.Ils ont raison. Diane te montre alors la sortie mais si tu pivotes sur toi-même tu n’entames aucun mouvement dans sa direction. Devant ton stoïcisme évident, les talons claquent contre le sol et la sonnette retentit à son geste. Elle ouvre la porte et tu viens croiser les bras contre ta poitrine. « Vous êtes vraiment sûre de vouloir rester seule ? C’est d’un morbide. ». Oui, au moins tu lui tenais compagnie, ignorant parfaitement qu’elle faisait en réalité partie des dime lions. Tu n’appartiens à aucun gang, et quand bien même ce serait le cas tu ne soupçonnerais pas la moins du monde son appartenance à ce groupe, obnubilé par ta demande. En soi, Diane n’a pas été en mesure de t’aider plus que cela et ça t’embête, tu avais espéré avoir ne serait-ce que le moindre petit indice pour t’aider, t’aiguiller.

Bien qu’elle désigne toujours la porte ouverte, tu restes encore quelques secondes immobiles, jusqu’à ce que tu ne sortes finalement de ta léthargie pour avancer de quelques pas et venir t’arrêter devant elle, plongeant ton regard dans le sien. « L’on dit que la froideur est une barrière censée nous protéger de quelque chose. De quoi cherchez-vous à vous protéger au juste ? ». Tu es bien trop curieux, oui, c’est clairement un vilain défaut, mais soit… C’est comme ça, tu ne changeras pas, et face à quelqu’un qui sait se montrer aussi glacial que toi, voire même pire, ça a le don de t’amuser.

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La curiosité te pique sans doute un peu trop au vif, il est vrai, mais pourquoi diable te contenterais-tu de retourner si vite à la civilisation alors que le cas de la rouquine t’intéresse ? Il y a cette froideur qui émane d’elle dont tu ignores la teneur, tout comme tu ignores qu’elle fait partie de l’un des groupes éminents de Varakes. Est-ce que cela changerait quelque chose dans ton comportement ? Non probablement pas, tu ne fais partie d’aucun de ceux qui existent et tu n’es pas vraiment certain de vouloir te cantonner dans un rassemblement qui pourrait impliquer des responsabilités que tu n’es pas sûr d’être en mesure de réellement assumer. Une chose est sûre néanmoins, l’Eglise des dingues peut bien aller se faire foutre, plutôt crever que de croire en ce Dieu qu’ils vénèrent, et autant dire que le prêtre ne t’a de toute manière pas à la bonne. Esprit libre, voilà ce que tu es et as compris en peu de temps. Tu ne sais pas si tu étais comme ça avant, mais tu l’es maintenant et à trop vouloir ressasser un passé qui n’existe plus, tu as fini par t’épuiser. Aujourd’hui, tu penses que l’heure est venue de profiter. Chercher un peu oui, mais rester bloquer sur une amnésie, non. Tu es en train d’avancer. Lentement. Sûrement, et bien que tu ne l’aies pas vu avant, tu te rends compte que ce sont également les rencontres qui t’aident à faire abstraction de cet état d’angoisse dans lequel tu as pu te mettre lors de ton arrivée dans la ville.

Te rapprochant de Diane, tu la fixes, t’armant de tes airs de sournois, sourire perché au coin des lèvres. Tu lui demandes ce qu’elle tente de camoufler derrière cette image de glace, car il en est forcément ainsi. Toi-même tu sais l’être pour te protéger, tel un réflexe défensif, mais elle, de qui ou de quoi cherche-t-elle à se protéger en se montant aussi glaciale ? Elle ne peut décemment pas n’être vouée qu’à cette seule existence maussade. La réponse ne tarde pas à t’exploser au visage et tu ne souris qu’un peu plus tout en ne la quittant pas des yeux un seul instant. « Des curieux comme moi, hm. » que tu répliques l’air pensif en effleurant ton menton de tes doigts, la laissant se positionner devant toi. Elle te pousse, et pour mimer une pseudo victoire, tu recules de trois pas, faisant face à la porte qui se met à claquer violemment. Ton sourire ne désemplit pas et tu penches la tête sur le côté, une moue presque vexée apparaissant finalement sur tes traits.  

Immobile, tu crois les bras, l’observant de derrière la surface vitrée. Tu la voix reprendre position derrière son comptoir et tu ne quittes toujours pas les lieux, bien décidé à l’embêter. Tu as pris note du fait qu’elle n’a pas verrouillé la porte et ça te fait à nouveau sourire. Alors, têtu comme une mule, tu pousses la porte et pénètres à l’intérieur, prends le temps de refermer cette dernière avant de venir errer dans la boutique tel un fouteur de merde. Tu ne touches à rien, fais mine de tout observer, chaque pierre précieuse, chaque bijou, tel un consommateur averti qui prendrait son temps avant de se décider. Tu pourrais lui en acheter, après tout, tu gagnes plutôt bien ta vie, mais ça elle l’ignore, et tu finiras peut-être par le lui dire, si elle ose venir te dire quoi que ce soit.

« Claquer la porte avec autant de violence est très malpoli vous savez… ? » que tu énonces le plus calmement du monde et de manière détachée, prenant subitement des airs qui pourraient se prêter au jeu de l’aristocratie. A ce petit jeu tu t’amuses comme un fou.