as the lights fade away. (skalt)

as the lights fade away. ☆ (skalt)

La nuit est déjà tombée depuis déjà presque une heure lorsque tu sors du café à une dizaine de minutes de chez toi. Tu n'as pas vu le temps passer alors que tu étais installée à ta table, à siroter un thé tout en griffonnant dans ton carnet, et tu t'en mords bien les doigts. L'ambiance de la ville change du tout au tout lorsque les étoiles apparaissent au firmament et, quelque peu inquiète, tu ne peux t'empêcher de jeter des regards aux alentours. Et si quelqu'un te guettait dans l'ombre? Pressant le pas, tu te surprends à prier d'arriver en un seul morceau chez toi. Prier, oui, mais à qui? Cette église de la seconde chance? Très peu pour toi. Ce n'est pas une seconde chance qu'on vous a accordé, mais un beau merdier. Tes pas résonnent dans les rues vides, un peu plus au fur et à mesure que tu en augmentes la cadence. Plus qu'une centaine de mètres, et ton immeuble entrera dans ton champ de vision.

Ta boîte aux lettres est vide, comme d'habitude. A force, on se demanderait presque pourquoi tu t'obstines à la regarder tous les soirs lorsque tu rentres. Au fond de toi pourtant tu le sais : c'est l'espoir d'y trouver enfin une explication à toute cette mascarade qui te pousse à ouvrir cette fichue boîte, soir après soir. Lasse, tu entreprends de monter les escaliers qui te mènent jusqu'au deuxième étage, vers ton appartement, ta bulle à toi. Mais alors que tu poses le pied sur la dernière marche, une silhouette recroquevillée sur le pas de ta porte te forces à t'arrêter. Le coeur battant, tu ne fais plus aucun bruit tandis que tu essaies de comprendre. Très vite, t'habituant à la pénombre qui règne dans le couloir, tu distingues un visage et tu étouffes un cri. « Balt. » murmures-tu avant de t'élancer dans sa direction. D'un geste méticuleux, comme tu l'as déjà fait tant de fois avec ton ami (oui, tu peux le dire, ton ami), tu poses la main sur sa joue afin d'essayer d'évaluer les dégâts. L'obscurité quasi totale t'en empêche pourtant. « Attends, je vais ouvrir et je viens t'aider. » Tu t'empresses d'introduire les clés dans la porte et la pousse, lançant ton sac dans l'entrée. Puis, t'accroupissant aux côtés de Balthier, tu passes ton bras autour de sa taille. « Prêt?  Un, deux, ... » Sur un trois muet, vous voilà debout, bientôt à l'intérieur. Si pour l'instant Balthier a échappé à ton sermon habituel, qu'il ne crie pas victoire trop vite. Il viendra bien assez tôt. Mais pour l'heure, son état est ta seule préoccupation.

as the lights fade away. ☆ (skalt)

Tu te demandes comment tu as pu reconnaître ton ami alors qu’il se trouve dans la pénombre du couloir. Maintenant que tu vois son visage de plus près, boursoufflé et méconnaissable à cause des hématomes, tu te dis que c’est ton instinct qui a parlé plutôt que ta certitude. Pas besoin de le questionner sur ce qui s’est passé, tu t’en doutes : une altercation avec des lions probablement, c’est un risque lorsqu’on fait partie d’une bande comme les Royal Cobras. Évidemment, tu tais ce secret et l’emportera dans ta tombe, mais tu n’approuves pas pour autant. Le poids de Balthier se fait peser sur ton épaule lorsque tu l’aides à se soulever et il te lance, comme une rigolade : « Ça va, c’est juste des égratignures. » Sa nonchalance face à ses blessures ne te surprend plus, tu as l’habitude maintenant. « Aujourd’hui peut-être, jusqu’au jour où ce sera plus grave… » tu lâches d’un ton qui se veut réprobateur, mais qui trahit surtout l’inquiétude que tu ressens. Pourtant, ses plaisanteries t’ont quelque peu apaisée, et tu te dis que s’il était à l’article de la mort, il serait peut-être un peu plus sérieux. Du moins, tu l’espères. Balthier se laisse tomber dans ton canapé tandis que tu ramasses ton sac dans l’entrée et le pose sur la table. Puis tu te diriges dans ta salle de bain, Balthier continuant sur sa lancée. « Il y a plus de sang que de mal. » Un sourire non réprimé plus tard et te revoilà à ses côtés, une gigantesque trousse à pharmacie sur tes genoux. Si quelqu’un avait un doute sur ta profession, il changerait probablement d’avis en voyant à quel point tu es équipée. « Je suis sérieuse Balt, un jour tu ne t’en remettras pas. Tu ne veux pas arrêter tout ça avant qu’il ne soit trop tard ? » Ton regard se fait suppliant, implorant ton ami de cesser ces activités qui signeront son arrêt de mort. Avec attention et minutie, tu t’attèles à désinfecter les plaies sur les joues du jeune homme et appliques un onguent pour les soigner. Bientôt, il se retrouve avec le visage presque blanc, et tu étouffes un rire à cette vue. « Bon, où est-ce que tu as mal ? » continues-tu avec plus de sérieux, brandissant bandages et antidouleurs hors de ta trousse. Ta tâche te tient à cœur et plus vite tu le soulageras de ses douleurs, plus vite tu pourras souffler, la perspective de passer cette soirée en compagnie d’un ami – certes blessé – te réjouissant. « Au fait, pas question que tu remettes les pieds dehors avant demain matin au minimum, compris ? » C’est probablement ton côté maternel, si rarement mis en évidence, qui parle, mais tu ne pourras pas dormir de la nuit si tu le sais en vadrouille, surtout pas quand les attaques se multiplient. Tu ne tiens pas à le voir à la morgue lorsque tu arriveras à l’hôpital.

as the lights fade away. ☆ (skalt)

Tu tiens beaucoup à Balt, il a été l'un de tes premiers amis à Varakes. C’est pourquoi tu ne supportes pas de le voir blessé, ni de l’entendre plaisanter sur la vie et la mort. « Je ne vais pas mourir de toute façon. » commence-t-il, avant d’ajouter, probablement en te voyant réagir au quart de tour : « Enfin il faut le vouloir quoi. » Ton regard se fait plus réprobateur, puis s’adoucit tandis que tu lui réponds : « Est-ce que quelqu’un sait vraiment l’étendue et les limites de ces pouvoirs ? Je veux dire, on pourrait se réveiller demain et ne plus rien avoir. Comment ferais-tu alors ? » Peut-être ne peut-il pas en mourir, peut-être que si. Chaque corps a ses limites et tu crains qu’un jour, malgré son pouvoir, Balthier dépassera les siennes et passera de l’autre côté. Cette pensée te fait frissonner. Tu n’oses pas imaginer un tel futur, mais en même temps, tu ne peux imaginer de quoi sera fait demain. Ce n’est pas une vie que vous vivez là. C’est juste survivre jusqu’au lendemain tout en essayant de mettre du sens là où il n’y en a pas, et où il n’y en aura peut-être jamais. Le jeune homme continue d’essayer de se justifier. « Ce sont les lions qui sont venus me chercher. Je ne cherche pas la bagarre, moi ! » « Je sais bien, mais ça ne les empêche pas de se défouler sur toi. Et moi, c’est de ça dont j’ai peur. » tu lui réponds le plus naturellement du monde. C’est alors que tu te mets à soigner ton ami, tout en prenant soin d’essayer d’ignorer les pensées et émotions que tu ressens alors que tu le touches. Ton métier te force à être en contact avec autrui en permanence et ce pouvoir qui est le tien est alors un fardeau, mais tu ne le laisses jamais prendre le dessus sur les tâches qui sont les tiennes. N’ayant aucune envie de savoir quelles sont les pensées qui traversent l’esprit de ton ami, tes mouvements se font rapides, mais nullement brusques. Ces mini-contacts t’empêchent de saisir trop d’informations en une fois, et même si la situation n’est jamais idéale, elle est moins pire que si ta paume était en contact permanent avec la peau de Balthier. Celui-ci te fait rire tant il ressemble à un enfant, à éviter tes doigts plein d’onguent. « Te moque pas, je suis sûr que j’ai l’air super sexy. » Tu éclates de rire en l’entendant, et l’espace de quelques minutes, l’atmosphère se fait plus légère. Mais elle ne tarde pas à changer lorsque Balthier lève son haut, et tu fronces les sourcils. Son corps a autant morflé que son visage, mais les dégâts sont à première vue superficiels, comme il n’a cessé de te le répéter. Tu aimerais bien t’en assurer en faisant une radiographie, mais cela devra attendre demain, où tu traîneras – par la peau de fesses s’il le faut – le jeune homme à l’hôpital. Pour l’heure, tu appliques de la pommade sur les différents hématomes et blessures sur son torse, tout en lui annonçant qu’il a interdiction de quitter ton domicile pour la nuit. Un roulement d’yeux plus tard, il te répond « D’accord mais c’est bien parce que c’est toi ! » et tu souris. Tu attrapes un bandage posé à côté de toi et l’enroule autour du torse de Balthier, tout en prenant bien garde à le serrer suffisamment, mais pas trop non plus. Finalement, tu tends un antidouleur à ton ami avec un verre d’eau, en espérant que cela suffira pour l’instant à le soulager. Une fois qu’il l’a avalé, tu te lèves pour aller ranger tout ton matériel.

Tu ne l’as pas vu venir. Un mal de tête foudroyant s’empare de toi tandis que tu lâches ta trousse à pharmacie. La tête te tourne et en l’espace d’une seconde, tes genoux te lâchent et tu tombes sur le sol, le regard vitreux, dans le vide. Des flashs te reviennent. Tu es là, toi. Un autre homme aussi, mais tu ne parviens à distinguer son visage. Un baiser volé. Un tissu sur ton visage. Cette voix qui résonne encore en toi. « Doucement, c’est pour ton bien ce que je fais là. » Et ta vision qui se trouble.

Lorsque tu reviens à toi, des perles de sueurs coulent le long de ton visage. Tu ne sais pas trop ce qui s’est passé, mais tu essaies de te relever en titubant. « Balt… » tu commences, sans trop savoir comment continuer. « Balt, je crois que je me souviens de quelque chose. » Le dire à haute voix te fait l’effet d’une explosion. Tu te souviens avoir été amoureuse, d’avoir été en couple même. Mais surtout d’avoir été trahie dans la confiance que tu accordais à cet individu, qui n’a pas hésité à prendre le dessus sur toi. Tu veux en savoir plus, mais tu as peur de ce que tu pourrais découvrir, et cela ne tarde pas à te rendre malade.

as the lights fade away. ☆ (skalt)

Tu ne peux croire ce qui vient de se passer. Est-ce que tu viens bien de te rappeler de quelque chose de ton passé ? C’est possible ça, de se rappeler ? Lorsque tu réalises l’ampleur de ce que cela signifie, tu perds pied. Y en a-t-il eu d’autres avant toi ? Peut-être qu’en fait, ce n’est pas réellement un souvenir, mais une manipulation de ton esprit. Tu n’en sais rien finalement. Mais… ça te paraît tellement réel que tu es persuadée qu’il s’agit d’un souvenir de ton passé, d’un indice. Quelque chose à laquelle te raccrocher dans ce monde barbare dans lequel tu es perdue. Balthier te fixe tandis que tu lui annonces la nouvelle. Tu vois ses yeux s’agrandir sous le coup de la surprise, et tu devines qu’il meurt d’envie d’en savoir plus. Tu aimerais comprendre pourquoi toi, pourquoi à ce moment-là précis. Peut-être n’y a-t-il aucune explication et que tu n’es ni la première ni la dernière à qui cela est arrivé. Mais tu n’as jamais entendu personne en parler. « Skye... tu devrais venir t'asseoir à côté de moi. » commence-t-il, sous en s’approchant de toi afin de t’aider à te rasseoir sur le canapé. Les rôles se sont inversés, tu n’es plus maître de la situation. « Est ce que tu as besoin de quelque chose ? Un verre d'eau ? » Tu secoues vivement la tête. Tu n’as besoin de rien, si ce n’est d’une oreille. Pourtant, tu n’es pas certaine de vouloir confier à quelqu’un ce que tu as vu. Balthier finit par oser et pose la question : « Est-ce que tu veux en parler ? » D’abord, tu secoues à nouveau la tête. Non, tu ne veux pas. Mais tu n’es pas certaine que garder tout cela en toi est une bonne idée pour autant. Balthier est une personne de confiance et tu t’en sens proche. Il est probablement la personne la plus appropriée, celle qui te jugerait le moins. Alors finalement, après quelques secondes, tu hoches le menton et commences nerveusement. « Je… » Comment expliquer ? « Je ne sais pas vraiment ce qui s’est passé. C’était comme un rêve… mais ça paraissait tellement réel… » Tu sens que tu commences à te perdre dans tes explications et que Balthier ne va sûrement rien comprendre. Il te faut aller au plus simple : décrire ce que tu y as vu. « Je crois que j’avais un petit ami… Il m’a trahi, je crois qu'il m'a droguée… Mais je ne sais pas pourquoi. » Des frissons te parcourent le dos tandis que tu mets en mots ce terrible souvenir. Sans que tu puisses l’en empêcher, tes yeux se remplissent de larmes et tu sens la frustration monter en toi. Tu ne veux pas que cela t’affecte autant, mais tu es si impuissante face à la réalité.