Put a ring on it ◇ Nedow

Put a ring on it

Nessie & Shadow

Comment un simple petit objet pouvait complètement chambouler notre vie? C’est vrai quoi. Lorsque je m’étais réveillé avec cette chaîne surmonté d’une bague féminine, je ne m’étais pas posé plus de question qu’il n’en fallait. Elle avait appartenu à ma mère décédée ou un truc dans le genre. Qu’importe puisque je ne me souvenais de rien de toute manière. Mais ce jour où tu l’avais enfilé Nessie et qu’elle s’était parfaitement ajusté à ton doigt, eh bien c’est le jour où mon cerveau s’est mis en marche pour me rendre complètement dingue. M’envoyant un paquet de fausse image, d’idée plus sordide les unes que les autres. Est-ce qu’elle t’appartenait cette bague Nessie? Était-elle à toi avant de se retrouver là? Et si tel était le cas, pourquoi était-ce moi qui la possédais? L’as-tu déjà enfilé avant ce jour? Ou devais-je te l’offrir en cadeau? Un anniversaire? Un mariage…? Étais-tu ma fiancée?

La tête me tourne alors que j’essaie une fois de plus de ne pas trop m’attarder sur ces questions. Pourtant, c’est devant la porte de ton appartement que mes pieds me mènent bien malgré moi. Je soupire et fixe l’immeuble un moment avant de me permettre d’y entrer. Je grimpe les marches en un rien de temps, en sautant la moitié pour être franc, et toque enfin à ta porte, attendant les mains dans les poches que tu m’ouvres. Je sais, je n’me suis pas annoncé avant de venir. Si ça se trouve, il y a de forte chance que j’arrive à un mauvais moment ou que tu ne sois même pas présente. Mais c’est un risque à prendre. C’est ça ou mon esprit qui fou le camp alors..

Tu ne sais pourquoi, mais depuis que tu as enfilé la bague qui balançait autour du cou de Shadow, tu ne comprends plus votre relation. Tu croyais qu’il était, certes un membre du même clan, mais tu avais noué une amitié solide avec lui. Pourtant, tu le fuis. T’es pas le genre à fuir, mais là, tu ne comprends pourquoi, t’as l’impression que tu dois mettre de la distance entre vous. À chaque fois qu’il semble proche, t’as l’impression qu’il va t’agripper et essayer d’avoir une véritable conversation avec toi.

T’es comme une gamine. Tu fais l’autruche en te disant que ça va passer, mais là, il a décidé de jouer les plus malins avec toi. Il se pointe chez toi. Pas de sortie, pas d’échappatoire, si ce ne serait de ne pas ouvrir la porte, mais bon, t’as pas pensé de regarder avant d’ouvrir. T’es trop sonnée de la veille pour être intelligible. T’es habillée comme tu l’étais la veille et tu ne sais pas si tu as des marques d’oreiller, mais tu te sens encore engourdie, alors que le café coule. Tu ne sais pas il est quelle heure, mais tu viens de te réveiller comparativement à lui qui semble bien trop angoissé et en forme pour quelqu’un qui viendrait à peine de se lever.

S’il est habitué à ta tête blonde du moment, t’as enlevé ta perruque pour la nuit, et tu montres tes vrais cheveux. T’es dans le cadrage, tu croises les jambes et ton regard passe de ses épaules à ses yeux. Tu ne dis rien. Tu lui laisse la voie libre, même si intérieurement, tu n’as qu’une envie. Fermer la porte sur tout cela. Pourtant, il est ton ami, alors tu finis par te dire que tu peux essayer de lui venir en aide, tout en te protégeant en évitant le sujet délicat. Tu finis par arrêter de le fixer, d’entrer chez toi, car tu n’as pas envie de rester là éternellement, ton café va bientôt être prêt.  

- Tu veux un café?, dis tu dans la cuisine qui se trouve tout prêt de l'entrée.

Toi, tu aurais bien pris une ligne, mais t’as pas l’envie de faire ça devant ton invité, mais tu sens que tu vas devoir t’armer de courage pour ce qui s’en vient, car Shadow ne vient rarement chez toi depuis que tu as eu le malheur de toucher à son bien. Si ça semble le rendre confus et espérant, de ton côté, t’as juste envie de te terrer. T’as pas envie de savoir. Ta vie du moment te convient très bien comme cela. C’est comme ton exil. Ton exil à une vie que tu laisses derrière et dont tu n’as aucun souvenir et dont tu espères ne jamais devoir te souvenir. T’es rendu elle. T’es rendu Nessie, point à la ligne, et ça tu croyais qu'il le comprendrait.

Put a ring on it

Nessie & Shadow

Moi qui m’attendais à trouver ton appartement vide ou bien que tu m’ignores, je suis surpris de voir la porte s’ouvrir aussi rapidement devant moi. Je te regarde en silence, attendant de voir ta réaction. Fut un temps où on était super pote toi et moi Nessie, c’est cette impression de souvenir qui nous a éloigné tu crois? Ce sentiment amer qui m’envahit chaque fois qu’une nouvelle théorie fait surface? Parce qu’il n’y a rien de pire que de ne pas connaitre la vérité. Certaine personne ont quelques souvenirs de leur passé. Ils resurgissent à toute heure du jour ou de la nuit, surprenant et à peine cohérant. À en croire l’attitude de Blaze, ce n’est pas toujours une bénédiction que de ce souvenir.  

J’entre dans ton appartement et tu refermes derrière moi. T’as encore des marques d’oreiller sur le visage et à en croire ton expression, tu manques probablement de sommeil. Ça fait deux comme ça. Je te suis de loin alors que tu marches vers la cuisine et demeure toujours silencieux. J’avais une tonne de chose à dire avant d’arriver et là, rien. « Tu veux un café? » J’ouvre la bouche pour parler et soudainement tout est noir. Qu’est-ce qu….

Immobile devant la porte de ton appartement, tu prends une grande bouffée d'air avant d'en passer le pas. Tu es anxieux. Une émotion que tu ressens fortement, mais qui est quelque peu éclipsée par la joie de la revoir. Combien de temps s'est écoulé depuis ta dernière permission ? Tu ne saurais le dire, peut-être six mois, peut-être plus. Elle ne se fait pas attendre d'ailleurs, se postant devant toi avant même que tu n'aies le temps de déposer tes sacs. Tu t'attends à de douces retrouvailles, parce qu'elle t'a manqué et tu oses espérer que le sentiment est réciproque. C'est elle qui parle la première et tu tombes de haut alors qu'elle ouvre la bouche. « Comment as-tu pu me faire ça ? Et t'oses revenir ici en plus ? » Tu la regardes en silence. La surprise t'envahit pendant un court instant, mais vu le ton colérique qu'est le sien, tu n'as pas tant de mal à deviner ce dont elle peut parler. « Je peux... » T'expliquer, voilà ce que tu veux faire avant qu'elle ne te coupe la parole à nouveau : « Non. Dégage. » Bien que ses mots ne te laissent pas de choix, tu t’entêtes : « Attends… c’est pas ce que tu crois. » Ta réponse ne semble pas lui plaire et tu ne peux pas vraiment la blâmer au fond. Tes mots sont pourtant sincères, tu n’avais pas fait ça pour lui faire du mal. Tu n’aurais jamais cru qu’elle l’apprendrait un jour. « Je m’en fiche. Dégage et reviens pas. » Pour ponctuer ses dires, elle retire la bague qui trône à son annulaire gauche et te la lance au visage. Tu l’attrapes de justesse. Son geste ne te laisse aucune chance, tu le sais bien. Cette bague tu lui avais offerte lorsque vous vous étiez fiancés, qu’elle te la rende ne pouvais dire qu’une chose. Tu as envie de lui crier que tu l’aimes encore, mais tu sais que ça ne sert à rien, pas quand elle est aussi énervée. Tu ne comptes pas abandonner pour autant, juste lui laisser un peu de temps.

Je reviens à moi et te retrouve qui t’affaire toujours à préparer du café comme si de rien n’était. J’ai du mal à respirer et attrape systématiquement la bague à mon cou en écarquillant les yeux. Je te regarde toujours en essayant très fort de revoir ce visage dans mon… mon souvenir. Impossible cependant, je ne vois que la bague qui m’est jetée au visage, je ne ressens que cette déception, cette souffrance et cette colère dirigée vers moi. Je lève ma main gauche, fixe mon annuaire et tente d’y imaginer une bague. Elle y serait si seulement… « Nessie, j’crois pas que la bague soit à toi. » dis-je finalement de but en blanc, désormais empli de cette conviction. Je n’me souviens peut-être pas de son visage, mais je sais que ce n’était pas celui de l’asiatique devant moi.

Si t’avais l’impression qu’il allait te parler de tous les états et les interrogations par lesquelles il était passé, il te fixa simplement avant de te suivre sans rien dire. Surement parce qu’il avait compris à ta gestuelle que t’avais pas envie de parler de ça. Pourtant, il était là et tu ne te permettrais jamais de laisser un ami sur le seuil de ta porte sans l’aider un minimum. Tu te fais du mal à toi-même, mais tu piles sur le fait que tu ne voudrais rien savoir pour l’aider. Vous êtes amis et dans le même clan, alors tu sens bien que tu ne peux le laisser seul avec ses problèmes. Que ça te concerne directement ou non, tu crois tout de même que ça va finir par mal tourner toute cette histoire, au lieu de quoi, Shadow a droit à son ticket de nostalgie en entrant dans ton appartement.

Si plusieurs doivent l’envier, tu trouves tout cela particulièrement déstabilisant, confirmant que ça arrive, alors que toi de ton côté, tu ne veux pas savoir. Plus maintenant que Nessie existe. Plus maintenant que tu es trop loin dans tes conneries de fille dealeuse et junkie. En fait, tu ne veux pas trop savoir si c’était déjà le genre de vie que tu menais auparavant ou non, car tu as trop peur d’être déçue ou de tu ne sais trop quoi au final. Dans tous les cas, t’as l’impression qu’aucune des options n’est plus enviable l’une que l’autre.

Tu finis par porter l’oreille, mais rien. Il semblait absent, car alors que tu lui avais posé une question, il n’avait même pas pris la peine de te répondre, ce qui n’était pas normal. Après tout, il n’était pas venu pour simplement te fixer ou venir voir le peu de décoration de ton appart. Il sembla finalement revenir à lui tout en lâchant un je crois pas que ce soit toi sortie de nulle part. Tu aurais pu éviter le sujet, maintenant que tu étais soulagée d’un poids énorme. Tu semblais même plus soulagée que lui et ça paraissait dans ton visage et dans ta posture moins crispée, mais bon...

Sans réellement lui demander son accord cette fois, tu verses le café dans deux tasses, tout en ne versant aucun lait, aucune crème et aucune cuillerée de sucre pour l’adoucir. Tu les laisse noir et tu poses le tout sur l’îlot qui vous sépare avant de le regarder et d’y aller avec ta franchise légendaire.

- Et si ça l’avait été moi? Ça l’aurait rien changé entre toi et elle, Shadow.

Tu ne sais pourquoi, mais une petite pointe de colère se pointe. Pas parce que tu voulais absolument être la fameuse, fiancée/mariée/peut-être divorcé de l’homme qui était devant toi. Au contraire, tu avais ce relent de haine, car tu voulais juste ne pas imaginer le mal que tu aurais infligé à ton ami si tu avais été la propriétaire de cette bague.    

- T’es baisable, mais ça l’aurait arrêté là, et tu le sais. Elle n’est pas faite pour les relations à long terme, même avec toute la volonté du monde. Elle n’est pas aussi romantique que toi. Et elle ne veut encore moins savoir ce que tu cherches désespéramment à retrouver. C’est vraiment bien pour toi, et elle espère que tu vas retrouver la mémoire, seulement... Ne te fais pas de fausse idée, celle à qui appartient la blague ne veut peut-être rien savoir de sa vie passée non plus.

Tu ne peux savoir si ce que tu dis le blesse ou pas, mais tu le regarde tout en t’excusant. Tu aimes mieux dire la vérité que le laisser s’imaginer n’importe quoi. Tu ne pourrais accepter de voir ton ami triste car tu ne l’as pas déjà prévenu, t’es pas celle qui aime narguer les autres en disant je te l’avais dit, mais t’aimes savoir que tu les avais mis en garde et que t’avais un moindrement pu contribuer à ne pas qu’il tombe trop bas dans leurs désillusions.

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Nessie & Shadow

J’ai peine à comprendre ce qui m’arrive. Ce que je viens de voir. Ces émotions qui m’assaillent… C’est.. j’ai.. je me souviens. C’est impossible. Ce genre de chose n’arrive qu’aux autres. Ou enfin, c’est ce que je n’ai pas arrêté de me faire croire. Comment survivre depuis plus de 6 mois sans devenir complètement dingue quand on n’arrive à ce souvenir d’absolument rien sinon de se dire que ça n’arrivera tout bonnement pas? Qu’il vaut mieux ne pas y penser, ne pas trop espérer? Pourtant c’est bien là, aussi réel qu’un souvenir puisse être. J’ai vécu cette scène comme si j’étais à l’extérieur de mon corps à regarder les événements se dérouler et dans mon corps en même temps, à les vivre au premier rang. Comme si j’étais aveugle et pouvais voir à la fois. Sourd aussi et malgré tout, j’ai sa voix qui résonne en boucle dans ma tête.

Tu me sers un café et je me souviens soudainement que tu m’avais demandé si j’en voulais. Heureusement, tu ne l’auras pas versé en vain, j’en avais réellement envie. Tu n’y ajoute rien et je t’en suis reconnaissant. Aucun sucre ni lait ne viendrait y ajouter quoi que ce soit. On aime le café ou on n’aime pas. À quoi bon en masquer le goût? Qu’importe. Je me rapproche de toi et zieute la tasse sans pour autant la prendre dans mes mains. « Et si ça l’avait été moi? Ça l’aurait rien changé entre toi et elle, Shadow. » Je te regarde sans broncher. Tu as bien raison, ça n’aurait probablement rien changé. Parce que ces histoires, c’est du passé. Mais malgré tout, n’es-tu pas soulagé de savoir que ce n’est réellement pas toi? Qu’on ne se doit probablement rien l’un à l’autre?

« T’es baisable, mais ça l’aurait arrêté là, et tu le sais. Elle n’est pas faite pour les relations à long terme, même avec toute la volonté du monde. Elle n’est pas aussi romantique que toi. Et elle ne veut encore moins savoir ce que tu cherches désespéramment à retrouver. C’est vraiment bien pour toi, et elle espère que tu vas retrouver la mémoire, seulement... Ne te fais pas de fausse idée, celle à qui appartient la blague ne veut peut-être rien savoir de sa vie passée non plus. » Tu marques un point et ça me fait tressaillir. Que toi, tu ne veuilles rien savoir de cette histoire, c’est une chose. Mais maintenant que je sais que ce n’est pas à toi, je n’avais pas pensé que, peut-être, la propriétaire de cette bague, ma fiancée…. Ex fiancée… n’a probablement aucun souvenir de cette histoire, qu’elle n’en a probablement aussi rien à foutre. Pire, peut-être qu’elle s’en souvient et que, comme dans mon souvenir, elle m’en veut toujours. J’avale de travers et attrape la tasse devant moi. Sa chaleur me réconforte à peine. « T’as probablement raison. » J’sais même pas quoi ajouter d’autre. D’un certain côté, j’suis content d’être venu te voir et d’avoir eu ce… souvenir… à ce moment précis. Même si t’es pas faite pour les engagements à long terme Nessie, t’es une très bonne amie. Tu l’sais ça? Pas de sous-entendu avec toi. Pas de fausses idées non plus. Tout est noir sur blanc.

Je m’assois finalement, sentant l’excitation de ce souvenir me quitter peu à peu et, malgré mes capacités de Dauthus, mes jambes ne plus soutenir mon poids. Qu’est-ce qui m’arrive merde? Si c’est ça ce souvenir, franchement, j’suis pas certain d’avoir envie d’en apprendre d’avantage maintenant.

Tu as connu Shadow bien plus bavard et tu dois avouer que le voir dans cet état te persuade que ton raisonnement est celui à adopter. Ça te berce encore plus dans ton illusion et ça te rend encore plus entêtée à ne pas vouloir savoir, à refuser que les souvenirs ne viennent t’assaillir. Pour toi, c’est mieux comme ça, après tout, tu te dis juste que dans tous les cas, ça te nuira. C’est un sujet qui finit toujours par t’hérisser les cheveux sur la tête.

T’as d’ailleurs les doigts qui se crispent inconsciemment sur ta tasse à café, ne sachant trop ce qui a pu rendre l’intrépide voleur aussi tranquille et résolu à te dire aussi facilement que tu avais probablement raison. Tu n’es pas celle qui réussira le plus à le consoler, vous le savez tous les deux. Tu n’oses pas lui demander de t’expliquer. Pas parce que ce serait indiscret, non, car tu ne sais jamais trop comment tu vas réagir en abordant le sujet, et puis, disons que les effets secondaires de ta nouvelle activité n’aident en rien. Ton irritabilité étant de pair avec ta consommation de coke, tu décides de laisser le silence régner pour ne pas faire vivre une scène à Shadow.

Tu réussis tout de même à esquisser un sourire désolé sur tes lèvres, avant de cacher ta bouche derrière ta tasse et prendre une gorgée de café. Tu ne sais toujours pas l’heure qu’il est, et tu ne la regardes même pas avant de proposer à ton invité de corser son café avec quelque chose de plus fort. C’est pas comme si t’étais pas déjà paf de la veille et qu’il avait pas l’air d’avoir une meilleure mine, mais oui. Tu finis par lui poser une question avec une indifférence qui commence parfois à inquiéter certains de tes proches.

- Plus grand chose n’a réellement de sens, alors est-ce que ça changerait quelque chose de sortir le fort en se levant?

Tu n'es pas reconnue pour ton silence, ni pour ton calme. C'est à se demander si t'es pas hyperactive en fait. Il reste que t'as changé de sujet et que comme toujours, tu finis par proposer l'option facile : l'alcool. Dès le matin, tu as envie de faire s'égrainer le temps et de trouver quelque chose de plus intéressant à faire que de rester cloîtré dans cette appartement que tu finis finalement par n'utiliser que pour crécher. Tu demandes d'ailleurs à Shad comment se passe ses vols, et s'il n'avait pas un petit quelque chose de périlleux comme contrat pour les Cobras ou pour le plaisir à te refiler.

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Nessie & Shadow

Je reste là un bon moment, cloitré dans mon silence à me battre avec moi-même, ne sachant pas si j’ai oui ou non envie de me souvenir à nouveau. Si j’ai envie de me pencher sur cette nouvelle mine d’information qui vient tout juste de surgir sous forme de bribe dans mon esprit. Est-ce que ces informations ont toujours été là, bien enfouies, attendant simplement le moment idéal pour refaire surface? Et si la réponse est oui, alors pourquoi maintenant? Est-ce que mon souvenir concernant cette bague a spécialement refait surface au moment où je me posais le plus de question à son sujet ou n’est-ce que le fruit du hasard? S’il est là parce que j’y ai trop pensé, est-ce que ça voudrait dire qu’il y a moyen, d’une certaine façon, de provoquer ces souvenirs? Bon sang, j’ai mal à la tête…

« Plus grand chose n’a réellement de sens, alors est-ce que ça changerait quelque chose de sortir le fort en se levant? » Ta voix me fait sursauter et je prends un moment à comprendre ce que tu viens de me proposer avant de lâcher un rire las. « Du moment que tu partages… » Que je dis finalement en te regardant d’un air entendu. Je te tends ma tasse de café et attend sagement que tu y verses l’alcool. Puis, ignorant royalement l’heure qu’il est, j’en prends une grande gorgée qui brûle ma gorge autant de par la chaleur du liquide que par sa concentration alcoolisé. Tu me demandes ensuite si j’ai pas une mission de prévu pour les cobras, un truc que je pourrais te refiler. « Rien de prévu dans la semaine à venir… mais si c’est d’adrénaline dont t’as besoin… d’émotions fortes et ce genre de chose, ça peut s’arranger. » Je penche légèrement la tête sur le côté, t’analysant un moment. « On commence à devenir instable miss Nessie? »

Sans être étonnant, t’as juste à te pencher un peu pour sentir la bouteille de fort entre tes doigts. Tu continues à fixer Shadow, sachant maintenant que toute cette merde ne planera plus autour de vous. À savoir si t’étais importante pour lui avant ou pas. Pour toi, ça ne changerait rien. Tu aurais juste trouvé cela bien chiant, ne pouvant pas combler des attentes que tu ignorais et que tu aurais préféré oublier de toute façon. Le soulagement semblait faire briller tes yeux, heureuse que votre amitié se résume à ce qu’elle était et ce qu’elle resterait. Intact.

À bien y réfléchir, tu te rends compte que tu as le don de recueillir chez toi les âmes en peine, alors que ton côté généreux n’est pas le plus reconnu ou le plus développé au sein de la ''famille''. C’est surement pour ça que laisser les bouteilles de fort, c’est devenu une habitude. C’est la façon que tu trouves pour remonter le moral à quelqu’un.

Tu verses alors ce que tu as sous la main dans ta tasse et dans la sienne à l’œil. Tu en mets sans réellement porter attention au fait que tu en verses surement trop. Tu crois pas que la quantité changera quelque chose, mais tu espères juste que ton début de journée soit plus pimenté et moins morose que celui-là. Tu oses même demander une petite quête pour te remettre le vent dans les voiles, le sourire d’anticipation sur le bout des lèvres.

Il n’a rien pour l’instant, mais il semble tout de même avoir une idée en arrière de la tête avec le reste de ses paroles. Seulement, tu commences un peu à te poser des questions lorsqu’il penche la tête avant de finalement te taquiner en te demander si tu étais devenue instable. Tu ris un peu. Jaune, surement. T’as un peu peur de la stabilité de cet endroit. De cette ville qui est juste un amas de rues que tu parcours la plupart du temps sans but.

- La stabilité? Laissons ça pour les autres, c’est pas fait pour nous.

Tu penches aussi ta tête, comme si ça ajoutait de la malice à ta question, avec un sourire qu’on te voyait souvent revêtir. Tu lui demandes sans détour ce qui pourrait bien arranger ton problème. Car oui, pour toi, c’est un problème. T’as pas envie que l’ennui te gagne à nouveau. T’as tellement l’impression qu’au lieu d’être un monde rempli de possibilités, comme tu le pensais en sortant de l’hôpital, ça devient une prison et une invitation à la tentatrice dépression. C’est pas pour rien que t’as décider d’allonger ton argent et bien plus pour un peu d’action.