AGAPE ♣ Une pomme pour deux.

Agape & Bleuet
   
   

Journée qui s’achève, qui se termine enfin. Tu avais récemment recommencé à travailler, laissant ta dépression calmement te quitter. Depuis ce souvenir cruel, tu t’étais renfermé dans ta bulle, sombrant dans une dépression, ne trouvant plus véritablement le sommeil. Ça avait duré plus d’un mois, mais finalement, tu recommençais à bouger, à travailler, bien que ton état ne soit pas encore des plus stable. Aujourd’hui, tu as rendez-vous avec ton meilleur ami, Agape, avec qui ta relation est devenue de plus en plus fusionnelle avec le temps. Etant l’un des rares à être venu te voir chez toi, lorsque tu ne voulais pas bouger, il est logique que tu te sois rapproché de lui. Tu avais besoin de voir un visage familier, de t’enlever l’image de Wade de l’esprit. Votre histoire était terminée, du moins, elle n’avait même pas commencé pour dire la vérité. Une partie de jambe en l’air avant que tu ne tombes en dépression, puis depuis, vos chemins c’étaient séparés, non sans rancœur. Enfilant ta veste noire, tu avais troqué tes habits d’infirmier pour des habits de tous les jours. Ayant l’habitude de traîner en short ou boxer à longueur de temps chez toi, te remettre quelque chose sur le dos est assez étrange. Sortant de l’hôpital où tu venais de finir ta garde, tu passes à la cafétéria pour chopper deux pommes au passage. Ton estomac est souvent noué dès que tu bouges de chez toi, la nervosité te prenant aux tripes et donc, tu ne mangeais plus vraiment beaucoup.

Sortant de l’hôpital, tu commences à manger ta pomme tout en te dirigeant vers le parc, le lieu de rendez-vous que vous vous étiez donné. Une fois sur place, tu laisses le soleil caresser ta peau, te faisant un bien fou. Tu en avais oublié cette sensation, cette douce chaleur qui caresse cette peau meurtrie par les diverses cicatrices et brûlures. A cette pensée, ton estomac se noue et tu sors la seconde pomme, la regardant avec peu d’appétit. Toi qui avait faim quelques minutes plus tôt, tu te retrouves à ne plus savoir avaler quoi que ce soit. Merveilleux, tu vas devoir travailler sur ça. Te mordant péniblement la lèvre, tu te poses dans l’herbe alors que les passants, couples et enfants ne cessent de défiler, de rire, de se bécoter. Combien de fois n’as-tu pas rêvé d’avoir une vie normale ? De ne pas pouvoir toucher quelqu’un sans pouvoir lire dans ses pensées, ressentir ce qu’il désir, ce qu’il déteste…Trop de fois. Poussant un long soupire, tu finis par te coucher, fermant les yeux alors que tu tiens toujours cette pauvre pomme dans ta main. Tu ne la mangeras pas, pas de suite, peut-être que tu la proposeras à Agape, tu n’en sais rien. Pour l’heure, tu te perds dans tes pensées, essayant d’éviter les sujets qui fâches comme Wade ou encore ton souvenir.