A peine installé aux côtés de
@Siobhan et de
@Genesis, un sentiment lourd m’emporte. Le col tiré, je sentais les gouttes de sueurs commencer à perler sur mon front. J’ignorais si cet état relevait de la panique ou de la paranoïa, et dans la précipitation, je sortis de la tasse d’un simple saut, en bafouillant quelques excuses maladroites. J’avais besoin
d’elle, de cet habit qui n’était constitué sobrement de toile et de tissu. J’avais besoin de la sentir, près de moi. Ce sentiment de manque, nouveau, était des plus déstabilisants. Jamais je n’avais éprouvé quelque chose, et je ne me souviens pas d’avoir ressenti quelque chose d’aussi profond, sauf peut-être dans des souvenirs où seules la peur et la violence venaient exacerber mes traits déjà tirés et marqués. Face à elle, je retrouve un pâle sourire, un brin essoufflé de ma course. Mes doigts s’enfoncent dans le vêtement abîmé, entaillé, décousu et sale. Lorsque je me relève brusquement, j’en oublie la kermesse et le monde qu’il peut y avoir pour venir heurter de plein fouet
@Pandora. Regard troublé, je regarde la jeune femme à ses côtés et secoue la tête, lèvres muettes, bien conscient et inquiet à l’idée d’avoir pu blesser la femme aux cheveux d’ébène. Ses mots sucrés viennent apaiser mes doutes alors que je me redresse et qu’elle ne saisit pas la main que je lui tends. Ce que je présume être son amie se détourne d’elle alors que mes yeux cherchent Siobhan, sans oser la trouver, ou y parvenir. J’esquisse un léger sourire et je parviens enfin à aligner quelques mots sans bafouiller.
« Je crois que je me fais un peu vieux pour les tasses tournantes. Mon cœur supporterait pas, je pense. Déjà que la toge n’y a pas survécu. » J’hausse les épaules, affichant un air mutin alors que je l’observe prendre un morceau de sa friandise. Bouche légèrement bée, l’air mutin devenant béat à mesure que le sucre fond, je déglutis et tente de reprendre mes esprits.
« Habitants de Varakes ! Osez venir vous essayer à notre nouvelle attraction, tout au bout de la kermesse ! » Je tournais alors la tête vers l’homme à la voix roque pour finalement revenir à Pandora. Je me disais alors que si cette attraction était excentrée, c’était l’occasion ou jamais de s’éloigner de toute cette marée humaine opaque et oppressante, historie de recouvrer quelques esprits en me laissant le temps de redevenir l’homme simple avant d’endosser à nouveau le costume de l’homme de foi.
« Ca te tente ? » Je laissais mes iris s’éprendre des lumières ambiantes, soulagé d’avoir trouvé de m’isoler sans attirer les soupçons sur un quelconque mal-être ou besoin de solitude. A mesure que mes pas fendent la foule, les cris s’estompent, les jets de lumières deviennent plus tamisés. L’attraction tant vantée est enfin là, et si les apparences ne laissent présager que la devanture d’une simple grange aménagée, le tout dégage une atmosphère plus mystérieuse et pesante. Peut-être que ce n’était pas une bonne idée d’être venu aussi loin. Un homme s’avance, au chapeau de paille et à la faux qu’il nous tend, et silencieusement, il nous invite à prendre place à l’intérieur. Je jette un dernier regard à Pandora.
« On doit bien être testé un jour. » Je lui souris, ignorant même de quelle nature le test était. Alors que je fis le premier pas, à peine eus-je le temps de le poser au sol qu’une orbe l’entoura, avant de commencer à flasher et qu’un bruit de tronçonneuse ne se fit entendre.