(not) The perfect thief [Cloudic]

Où était Shadow quand on avait besoin de lui ? Tu avais cette fois-ci complètement foiré ta mission... Si tes compétences de voleur étaient de loin tes meilleurs atouts, en cette charmante matinée dans la zone portuaire, l'orgueil de l'expérience t'avait fait défaut. Ce vieil homme t'avait semblé si dénué de réflexe que tes méthodes habituelles étaient passées à la trappe... Tu avais aujourd'hui légèrement oublié ta discrétion habituelle, et ton partenaire de chasse n'était pas là afin de te faciliter la tâche ! Sans Shadow, fini les tours de passe-passe audacieux de voleur d'élite... Tu avais gâché là une pratique que tu considérais comme un art, oubliant toute la subtilité de ce métier. Résultat, te voilà désormais coursé par un vieux marchand bourgeois en rogne, fusil à pompe en main ! Si tu avais su que ce genre d'homme résidait dans les hauts quartiers de la zone portuaire, probablement aurais-tu pris plus de précautions...

Ainsi arpentais-tu chaque petite ruelle, tentant d'échapper à ce vieux fou, qui par malchance avait fait appel à ses amis marchands... Tu étais cependant agile, et la distance qui vous séparez s'élargissait peu à peu ! Des sauts par-dessus les poubelles, des dérapages par-dessous les étendoirs à linge... Nombreuses étaient les solutions que tu avais trouvées afin de leur donner du fil à retordre ! La caisse d'oranges fraiches que tu portais dans les bras te retardait quelque peu, mais ces bourges ne devaient pas avoir pour habitude de courir ainsi... Tu allais finalement te trouver hors de danger, lorsqu'un jeune homme se pointa devant ton passage, se prenant un Aspic à pleine vitesse contre le buste... Vous étiez tous deux tombés violemment, laissant le cageot d'orange vous éclater contre le dos... Il était désormais trop tard pour sauver quoi que ce soit, les viocs ne devaient pas tarder à arriver armée de leurs fusils. Aussi ne fis-tu pas plus attention aux précieuses oranges que tu avais laissé traîner sur le sol afin d'attraper le trouble-fête par le col et l'entraîner dans une plus petite ruelle adjacente... Tu avais agi à l'instinct, pensant à Juste titre que laisser ce garçon entendu sur le sol en compagnie des objets volés était plutôt dangereux pour sa vie. « T'es pas un chanceux toi... »

Ta vie, une survie parmi les abrutis. C'est aujourd'hui tout ce à quoi tes journées se résument, se parfument, se consument. L'odeur de la connerie quelque part coincé dans ton nez, vision de la soumission au poison t'écorchant les yeux, et la sensation de l'hématome béant, géant que tu es. Syndrome du héros, syndrome dont tu ignores foutrement le cerveau. Ça n'est pas logique de se réveiller au milieu des poings des moins que rien avec leurs pensées vivaces qui t'encrassent l'esprit. C'est pourtant ce qui t'arrive. T'es à la dérive, quelque part sur la rive de cette ville maudite. Le sang au coin de tes lèvres que tu essuies, pensif t'arrache un grognement instinctif. Foutus connards aux coups vicelards. Tu revenais simplement d'une putain de livraison, c'était motif à une agression ? Tu as dû te perdre dans tes pensées deux secondes et c'est la douleur qui t'inonde. Sans vélo c'est vraiment un méli-mélo d'emmerdes. Et ça se confirme. Décidément, c'est pas ton jour. Forcément, ça l'est jamais. Tu tombes par terre, ton cul prend cher et ton caractère de merde se révèle. Tu jures, sans imposture mais tu n'as pas le temps de t'insurger, de gueuler contre celui qui t'a reversé. Tu te vois littéralement tiré hors du sol et embarqué dans une ruelle que tu ne connais pas. Tu entends de vagues paroles sur ton manque de chance et ça ne manque pas de t’exécrer et de t'arracher une grimace sarcastique. « Putain, on t'a jamais dit de pas tirer sur l'ambulance, toi ? » Ton regard croise celui du gars qui t'a fait chuter et t'a entraîner dans une course à laquelle tu n'étais pas préparé. Il te semble évident que ce gars fuit quelqu'un et il a pas franchement l'air d'un sain. C'est exaspéré, blasé au possible, que tu supposes : « Laisse-moi deviner... t'as les flics au cul, parce que t'es un putain de dealer ou une connerie du genre et j'étais sur ton chemin ? D'où le coup de chance... » Putain que tu en as marre de ces histoires. Toujours les mêmes et toi t'en as vraiment rien à foutre du nombre de pauvre glandus qui se shootent la gueule. En fait, non si tu t'en moquais, tu serais pas bloqué là, mais bordel, c'est précisément ce qui t'énerves, là tout de suite. T'es pas comme eux, t'es pas aussi con pour suivre le mouvement de ce cocon de connerie. 

Le garçon était définitivement en rogne après toi... À juste titre évidemment. Tu l'avais plutôt brutalement retiré de son petits quotidiens. La chose n'avait pas manqué de t'arracher un léger sourire. Après tout, bien que ces missions te soient extrêmement précieuses, tu les avais toujours prise plus ou moins à la rigolade ! Tu te devais d'agir ainsi ! Sans un minimum de jeux dans ta vie à Varakes, il serait difficile pour toi de te consacrer aux démunis... Tu aimais beaucoup t'adonner -généralement accompagné de Shadow- à cet art que tu nommais "vol" ! Malgré le danger omniprésent de ce travail, tu trouvais tes petites actions héroïques très excitantes. Observé ce petit blond grogner face à toi pour ta connerie ne t'atteignait pas vraiment... Tu avais agi à l'instinct et tu ne regrettais rien ! Ce gars aurait très bien pu finir sous les balles de ces vieux croutons sans ton "sauvetage" brutal. Le léger sourire que tu portais face à lui était ainsi justifié, bien qu'assez peu polie...

Le jeune homme semblait lassé. Exténué par une situation qui lui paraissait toute tracée dans sa tête ! Il t'associa sans gêne à un dealer, t'arrachant une moue faussement navrée... Le garçon s'était imaginé lui-même tout ton scénario, puisant son inspiration d'une vérité de Varakes que tu connaissais bien. Vraisemblablement, le monde de la drogue ne le tentait pas du tout, ce que tu comprenais parfaitement... C'est alors avec grand plaisir que tu détruisis sa charmante théorie ! « Tu peux me voir comme un dealer, en quelque sorte ! » commenças-tu, avant de tendre l'oreille vers les ruelles adjacentes... « Mes services sont en revanche gratuits, et seins pour la santé ! Crois-tu vraiment que ces oranges allaient aider un quelconque bisness de la drogue . ». Tu observes les produits volés éclater contre le sol, un peu plus loin. Des pas se rapprochaient, probablement ceux de tes chasseurs... « Je vole aux riches pour donner aux pauvres ! Oui, c'est plus ou moins ce que je me suis mis en tête depuis que je suis ici ! Dans ce cas-là, ceux que tu nommes policiers sont, en l'occurrence, de grassouillets petits marchands, faisant fortune dans la zone portuaire ! ». Tu avais déséspéremment besoin de te justifier face à ce garçon... Tu n'aimais vraiment pas faire le malheur des autres. Entraîner ce pauvre inconnu dans ton aventure n'était de ce fait pas un plan que tu tenais particulièrement à coeur...