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Calistair ♦ Tight me, lose me, be a Daddy (Flashback)

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Cali


Cali
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MessageSujet: Calistair ♦ Tight me, lose me, be a Daddy (Flashback)   Calistair ♦ Tight me, lose me, be a Daddy (Flashback) EmptyDim 2 Juil - 8:15




Tight me, lose me, be a daddy

Felt like the weight of the world was on my shoulders Pressure to break or retreat at every turn Facing the fear that the truth I discovered, No telling how, all these will work out
But I’ve come too far to go back now

Blablabla Cali, mets-toi là, fais donc ci, obéis, t’as que ça à foutre de ta vie, t’as signé pour ça mon petit, faut t’y faire oh, t’es pas à l’abri, jamais, arrête de croire aux contes de fée et de râler pour un rien. Ce que je fais ce soir évidemment, en vidant cet énième verre de rhum, maugréant et pestant comme un gamin. Parce que j’ai rien choisi moi, rien du tout et aujourd’hui pour la première fois, cette idée me fait chier. On m’a claqué là, dans cette ville où la criminalité et les emmerdeurs pullulent comme des bactéries, on m’a imposé un nom et quelque chose à faire de ma vie. J’essaie de relativiser, d’me dire que ça aurait pu être pire et qu’au fond, être un flic à qui on a des affaires de ce genre à confier, c’est peut-être pas si mal, même si ça implique de se transformer en croyant invétéré pendant plusieurs mois. Plus j’y songe, plus j’me dis que j’ai intérêt à bien me préparer parce que me voir dans une église, ça ressemble plus à de la science-fiction qu’autre chose et j’m’imagine parfaitement merder à peine les pieds posés sur le sol sacré. J’ai pas envie que mon abruti de chef me tombe dessus, même si j’lui ai signalé que j’acceptais son dossier seulement s’il me laissait gérer – et cette idée l’a fait flipper, j’crois bien, vu son teint pâle de ce matin. L’image me donne un sourire, léger certes, mais c’est déjà ça. J’jette alors un œil vide autour de moi, tentant de discerner par-delà la vision floue que mon cerveau me renvoie où j’me situe. Peine perdue. J’suis sûrement dans l’un des bars crasseux du Nord-Ouest de la ville, à en juger par la population et le bordel environnants. J’sais pas ce que je fous là, ni comment j’y ai échoué. J’devais sûrement chercher de quoi remonter la pente et m’envoler un peu, mais j’me rends bien compte en fouillant mes poches que j’ai fait chou blanc. Shit. Ça m’fout les boules, j’me sens mal, comme en manque. Alors j’recommande un verre, parce qu’il me reste que ça, et histoire de faire passer cette pilule que j’n’ai pas.

Les gorgées s’enchaînent, shooters portés jusqu’à ma bouche sans que quiconque ne m’en empêche. J’vois les regards en coin que me lance la serveuse, un sourire ridicule scotché à son visage de poupée Barbie et les cils qui papillonnent mais j’m’en fous, j’suis pas d’humeur, pas ce soir. Ça pourrait me détendre pourtant, surtout qu’elle est plutôt bien fichue, avec son minishort qui moule son petit cul et ce décolleté plongeant. Mais moi, j’pense qu’à cet estomac qui se tort, à ce décor qui part à en vrille et à ce gars-là, deux mètres plus loin, cet abruti qui me jauge depuis dix minutes. Ça m’rend fou et j’me lève, chancelant, arraché comme je l’ai pas été depuis longtemps. J’m’approche, j’le défie, j'lui laisse même pas le temps de répondre et l’empoigne avant de le balancer à travers la salle. Et pleuvent, pleuvent les coups sur sa tronche de demeuré, pleuvent la violence et cette rancœur qui me donnent envie de gerber. J’vise le nez, les arcades, la poitrine, en des coups maladroits et indécis. Stupide alcool qui lui permet de reprendre le dessus et de me coller quelques gnons aussi, pour qu’on se fasse finalement éjecter du bar à grands coups de pied au cul.

J’me relève avant lui mais je m’éloigne, j’ai plus envie. J’fais pourtant pas trente mètres, les jambes flageolantes sur lesquelles je suis juché choisissant ce moment pour me laisser tomber. La tête qui claque sur le bitume et le corps maltraité, j’mets un moment à traîner ma carcasse jusqu’au mur avoisinant. J’ai le crâne en vrac, l’impression d’avoir la moitié des os brisés – et cette bile, cette foutue bile qui me monte à la gorge jusqu’à se répandre sur le trottoir. J’ai rien mangé, et j’le paye maintenant. Je capte rien du monde qui m’entoure, insensible à la solitude qui pèse malgré tout. A quel point j’ai merdé, cette fois ? J’en sais rien. J’ai pas envie de le savoir, on verra demain.

« On verra demain… »

J’murmure, tandis que mes yeux se ferment sur cet univers qui n’est pas le mien. Je ne suis qu’âme mutilée, châtiée.

Une épave qui s’abandonne à l’obscurité.

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Alistair


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MessageSujet: Re: Calistair ♦ Tight me, lose me, be a Daddy (Flashback)   Calistair ♦ Tight me, lose me, be a Daddy (Flashback) EmptyDim 2 Juil - 12:39


Tight me, lose me, be a Daddy




Josy a eu toutes les difficultés du monde à me laisser partir de chez elle. A ce que j’ai compris, elle attendait son mari depuis 2 jours maintenant. Ce n’était pas la première fois qu’il faisait le fugueur… Et j’étais prêt à parier mon petit-déjeuner qu’il serait rentré avant la fin de la semaine et la couvrirait de cadeaux. Ces deux lascars pourraient presque tenir une émission de télé réalité. Elle, en femme amoureuse, sublime, à l’accent chantant et aux belles hanches prometteuses, lui, grand homme au sourire ravageur et au regard de chien battu. J’avais de la chance : son mari savait très bien que je n’avais aucun intérêt pour sa femme. Il acceptait ma présence et me serrait même la main avec le sourire quand il me voyait. Les rares fois où nous nous croisions, il me parlait d’elle. De ce qu’il voudrait lui offrir. De l’inquiétude qu’il lui causait. De sa beauté quand il l’éveillait en pleine nuit et qu’elle le regardait avec tout son amour avant de le disputer pour ses disparitions régulières. Et lui qui pouffait comme un adolescent, ravi de voir à quel point sa femme pensait et tenait à lui.

Je connais absolument toute leur histoire. Leur rencontre, leur amour, leurs déboires. Puis-je vraiment les compter comme des clients ? Non… à dire vrai, combien de fois ai-je « oublié » de faire payer Josy pour nos séances ? Cela compense bien toutes les fois où elle m’invite à manger. Ce soir, j’ai eu droit à une superbe salade avocat-crevettes agrémentée d’une sauce pimentée qui a bien failli me faire pleurer. Le flan coco était bienvenu pour en calmer les ardeurs. Je regarde autour de moi alors que j’erre un peu dans ces rues souvent mal fréquentées. Mes muscles sont instinctivement tendus et je suis aux aguets. Mais personne ne s’intéresse réellement à moi. Il faut dire que ma carrure suffit à décourager les plus peureux. Du haut de mes 1 mètre 85, j’affiche un corps bien développé : des épaules carrées, un torse bien dessiné… Bon, il ne faut pas prêter attention à mon embonpoint. Ce soir, je porte un simple débardeur noir, une veste, un jean. Rien d’exceptionnel.

J’aperçois dans une rue quelques femmes maquillées et peu vêtues qui offrent aux passants un sourire, quelques mots, davantage si on leur confie un peu d’argent. Je ne m’y arrête pas. Je veille à ne pas le faire. Les fragrances chocolatées qui traînent dans l’air m’avertissent d’un danger latent. Pourtant, mon pas ne s’accélère pas. Mon regard reste fixe. Ici, il est dangereux de croiser un regard ou de fixer quelqu’un. Ici, des chats échaudés, des fauves écorchés, des félins affamés n’attendent qu’un signe de faiblesse ou de provocation pour se jeter à la gorge d’une proie ou d’une menace potentielles. Et c’est alors que mon attention se porte sur un homme qui titube. Il marche, péniblement. Le pas traînant. Une dizaine de mètres derrière lui, un autre homme s’avance. Je m’arrête.

Le premier homme s’écroule. Le deuxième s’immobilise. Puis il accélère sa course. Vu ses poings serrés, je devine que ce n’est pas pour l’aider. L’odeur chocolatée s’intensifie. L’homme au sol n’est qu’à une dizaine de mètres de moi. Cette fois, j’accélère l’allure. Je devrais faire comme tout le monde. Je devrais continuer mon chemin. Faire comme si rien n’était. Qu’est-ce que j’en ai à foutre de ce type ? Je ne le connais pas. Il semble complètement saoul. La rue dans laquelle il s’est écroulé pue l’urine et un chocolat noir, à l’arôme si puissant que l’urticaire me recouvre les avant-bras. L’autre homme est plus rapide que moi. Il n’est plus qu’à un mètre de sa victime. Sa main cherche quelque chose dans sa poche.

    «  Oh ! »


J’ai haussé la voix. Ma simple onomatopée a claqué dans l’air comme la foudre déchire le ciel. L’homme se fige. Mon intervention, aussi simple soit elle, semble le faire hésiter, assez pour que je parvienne à faire 5 mètres en trottinant. Je m’accroupis aussitôt près de l’homme écroulé au sol. Je fronce le nez à l’odeur écoeurante de la bille et ma main vint déjà se porter devant son visage pour m’assurer à ce qu’il respire. L’homme au dessus de moi a un geste vif, comme pour m’attraper par l’épaule.

    « Dégage… Te mêle pas de ça. »


D’un geste de mon bras, je l’écarte de moi et je me redresse de toute ma hauteur. Je l’écrase du regard et serre mes 2 poings en contractant tous mes muscles. Mes yeux bleus deviennent mauvais. L’odeur du chocolat est plus forte que jamais. Mais je ne sais pas s’il elle vient de moi… ou de lui.

    « J'ai pas de temps à perdre. Tu dégages ou j'te crève. J'suis assez clair ? »


Ma voix a grondé comme celle d'un chien prêt à l'attaque. Je suis un homme naturellement protecteur. La bile vomie par l'homme à mes pieds m'inquiète terriblement. J'ai peur qu'il s'étouffe. Qu'il m'fasse un coma éthylique ou je sais pas. Je connais pas ce type. Mais j'ai peur pour lui. Je le surplombe, pour m’assurer à ce que l’autre ne tente pas de le toucher. Déjà bien amoché et probablement affaibli par l’alcool qu’il a ingéré, le roublard hésite. Il me dévisage. Je le dépasse de 2 têtes. Ca semble suffire à le calmer.

    «  Va crever toi et ta pute ! »


Il s’éloigne. Je ne m’en alerte pas. Je me penche de nouveau vers le jeune homme. Avec douceur et application, je le place en position latérale de sécurité pour qu’il ne s’étouffe pas avec sa langue ou tout autre rejet.

    « Hey… »


Ma main tapote la joue du jeune homme, se perd dans ses cheveux alors que je récupère dans mon sac à dos une bouteille d’eau. Est-il conscient ? Je mouille ma main d’un peu d’eau que je passe le long de son visage, puis de sa nuque, avec délicatesse.

    « Monsieur ? Vous êtes avec moi ? »


Ma main se porte finalement sur son épaule pour la lui serrer. Avant toutes choses, voir s’il est conscient. S’il ne l’est pas, je contacterai probablement les urgences… Heureusement que j’ai toujours mon portable sur moi. La lumière d’un lampadaire éclaire un visage encore épargné par le temps mais creusé par la fatigue…

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MessageSujet: Re: Calistair ♦ Tight me, lose me, be a Daddy (Flashback)   Calistair ♦ Tight me, lose me, be a Daddy (Flashback) EmptyDim 2 Juil - 17:24




Tight me, lose me, be a daddy

Felt like the weight of the world was on my shoulders Pressure to break or retreat at every turn Facing the fear that the truth I discovered, No telling how, all these will work out
But I’ve come too far to go back now

Bulle de douceur pour royaume de douleur. J’flotte entre deux mondes, perdu, hésitant, cherchant les bras de Morphée sans jamais les trouver, inspirant le néant sans m’y accrocher. J’déteste l’obscurité et tout ce qui la compose au moins autant que j’haïs les cauchemars qu’elle m’impose. J’ouvre les yeux mais je n’vois rien, j’ai la gorge en feu et mal dans les reins, le dos, le cou. J’entends des éclats, éclats de voix éclats de vie, rien que des bribes de mots que je n’comprends pas. J’suis aveugle, essoufflé de n’savoir ou aller, désemparé devant la lutte qu’il me reste à mener. J’ai pas la force, j’me reconnais pas, qu’a-t-on fait de moi ? L’alcool englobe tout, l’alcool détruit tout. J’aime pas la pénombre alors j’hurle. De toutes mes forces. J’hurle mon silence, j’hurle mes craintes, j’hurle ma douleur. J’exorcise tout et j’prie pour qu’on m’entende.

Silence.

Silence étouffant, éblouissant. Silence qui m’prend et qui m’enveloppe, silence qui m’étreint et qui m’absorbe. Personne n’est là pour toi, Cali. Faut t’y faire, faut l’accepter, faut avancer. Boitant, rampant, j’cours à m’en exploser les poumons, je fuis à en perdre la raison – y a cette lumière, au bout du tunnel. Elle qui m’attire comme un papillon, un sourire au bord des lèvres, le cœur en fusion, j’ai l’espoir de l’atteindre et la main qui s’tend vers elle, prête à l’agripper. Mais c’est qu’une chimère, un putain de mirage qui disparaît en même temps que l’espoir d’y arriver. J’tourne en rond, j’ai plus les mots, j’ai plus la voix mais j’entends toujours. Alors, je suis l’écho ; le chemin est long, tortueux, jonché d’embûches sur lesquelles je n’peux que trébucher, les mains en avant pour me rattraper. Je chute, une fois, deux fois, cinq fois, j’arrête de compter. J’suis à bout de souffle, la gorge nouée, j’ai pas envie de laisser tomber mais je douille, putain. J’ai l’habitude de la douleur mais pas d’celle-là. Celle-là, elle embarque tout et ça, ça m’est insupportable.

Le son devient bruit, le bruit se mue en voix. Et devant mes yeux ébahis, j’vois un gars penché sur moi.

« Monsieur ? Vous êtes avec moi ? »

J’le dévisage, le regard fou, incapable de comprendre un traître mot de ce qu’il me raconte. Mais j’sens sa main sur mon épaule et ça, ça m’fait disjoncter ; j’ai encore trop d’images en tête, j’sens encore les coups qu’on m’a donné. J’panique. Littéralement, j’panique. J’ai la lucidité de chercher le flingue suspendu à ma taille sans l’y trouver. Normal, je l’ai oublié. Oublié. Le genre de truc qui n’m’arrive jamais.

J’suis pas en état de m’battre alors j’me prépare à crever. J’imprime dans mon cerveau embrouillé l’image de celui qui va certainement me coller une raclée – j’ai le cou moite, j’ai le pull trempé. Je sue à grosses gouttes, faut croire que j’ai la trouille et j’arrive pas à m’échapper. J’essaie, pourtant. Des maigres forces qu’il me reste, j’tente de me dégager de son emprise avec autant d’entrain qu’une poupée de chiffon. Mes muscles répondent plus, mon cerveau est en mode OFF. Il m’a complètement lâché ce con, à croire qu’il pensait que j’allais m’en tirer tout seul mais c’est peine perdue mon garçon, tu vas claquer ici, le cul sur le bitume gelé et les pensées qui tourbillonnent à vitesse grand V.

J’essaie de me lever – je m’écroule. Ok, même pas capable de s’tenir sur ses pieds, les connexions nerveuses en butée et les jointures complètement rouillées. J’déteste être comme un lion en cage, j’déteste être flippé, et j’déteste encore plus cette nausée qui m’remonte l’estomac jusqu’au creux de mes lèvres tuméfiées. J’ai rien à vomir, mais j’crois que mon corps l’a pas compris alors, d’une main faible, je pousse un peu celui qui s’tient face à moi et j’me penche pour rendre c’que j’n’ai pas. Pathétique mon pauvre Cali, misérable comme l’est cette stupide vie. Au point où j’en suis, il n’aura même pas besoin de lever le petit doigt et pourra directement me laisser crever ici.  

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Alistair


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MessageSujet: Re: Calistair ♦ Tight me, lose me, be a Daddy (Flashback)   Calistair ♦ Tight me, lose me, be a Daddy (Flashback) EmptyLun 3 Juil - 5:10


Tight me, lose me, be a Daddy




Ses yeux s’ouvrent et se lèvent vers moi.
Mes prunelles rejoignent instinctivement les siennes. Je me plonge dans le puits béant de ses pupilles, creusé par l’alcool. La peur. La douleur. Ses yeux ne sont qu’une fenêtre, qui me laisse apercevoir une chambre plongée dans l’obscurité. Je devine les silhouettes menaçantes de créatures tapies dans l’ombre. Le pâle reflet du lampadaire au dessus de nous. Ma propre ombre qui me paraît plus inquiétante que jamais, renvoyée par son regard. Ses muscles déjà tendus sont parcourus comme d’un spasme. Sa main tâtonne sa hanche et je relâche son épaule pour le soulager de ce contact physique, tout du moins, l’espace de quelques secondes. C’est alors que son corps s’anime davantage. Je sens presque l’effort physique qu’il doit faire pour réussir à se redresser. Péniblement. Tout son corps tremble. Sa silhouette me rappelle celle d’un animal frêle et brisé renversé sur la route. Malgré les blessures ouvertes et béantes comme ses pupilles écarquillées, malgré ces balafres tant physiques que mentales, il lutte pour se lever. Il tend ses muscles. Il force sur son souffle. Il se bat. Il se bat pour vivre. Sa maladresse évidente pourrait faire rire. Mais j’y vois les forces désespérées d’une bête pleine de rage. Ses jambes le lâchent. Il s’écroule de nouveau. Il a un geste de la main. Comme un lion prêt à se défendre jusqu’au bout. Comme un homme prêt à défendre sa dignité alors qu’un haut le cœur le fait vomir l’alcool et la bile que son estomac renferme.

Je lui laisse quelques secondes de répit. Assez pour qu’il reprenne son souffle. Puis je m’accroupis de nouveau près de lui. Dans un geste lent et précautionneux, je repose ma main sur son dos et le lui frotte légèrement. Je devine une colonne vertébrale bien droite, renforcée par des muscles solides, tendus. Je n’ai pas même besoin de passer mes mains sur sa peau pour sentir la souffrance qui tord certains de ses muscles. Mon autre main tient toujours la bouteille d’eau, que j’hésite à lui confier. Je reste là, sentinelle, mes yeux guettant son visage, se relevant parfois pour s’assurer que l’on ne vienne pas nous déranger, que l’on ne vienne pas se venger.

    « On ne va pas rester là. Je vais vous mettre à l’abri. Okay ? »


Je parle lentement. Ma voix n’a plus rien d’un aboiement agressif. Je fais en sorte de la rendre la plus douce et rassurante possible. Bien qu’au final, j’ai juste l’impression d’avoir marmonné dans ma barbe. J’hésite sur ce que je dois faire. Je sors de ma poche un mouchoir propre, je le mouille un peu, puis je me penche vers son visage pour une rapide toilette de chat. J’essuie son front, ses yeux, ses lèvres. Régulièrement, malgré moi, de petites phrases m’échappent comme « Je suis là » ou « Tout va bien ». Je me doute bien qu’un homme comme lui n’a pas besoin de ça… Mais je ne peux pas m’en empêcher. Dois-je le porter ? J’en sais rien. Je ne sais pas comment il va le prendre. Ou comment le prendre. Pas au sens sexuel du terme.

    « On essaye de se mettre debout ? »


Je glisse prudemment un bras autour de sa taille. D’habitude, je le fais avec le jeune Grey et son genou cassé. Ou la vieille du 3ème quand je fais travailler ses vieilles articulations. Je prends son autre bras pour le faire passer autour de ma nuque puis je me relève lentement. Je le surveille du regard et m’assure à le tenir fermement dès que ses jambes manquent de lâcher prise. Si jamais la marche lui est vraiment impossible, je le porterai sur mon dos. J’espère que Josy acceptera de me prêter son 2nd appartement pour cette nuit. Ou si je dois le porter jusqu’à mon cabinet, on n’est pas prêts d’arriver.

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MessageSujet: Re: Calistair ♦ Tight me, lose me, be a Daddy (Flashback)   Calistair ♦ Tight me, lose me, be a Daddy (Flashback) EmptyMar 4 Juil - 15:08




Tight me, lose me, be a daddy

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Lumière orangée sur mon teint blafard, pour un monde que je n’distingue désormais plus qu’en noir et gris. C’est l’cirque dans ma tête, y a toute la ménagerie. Entre saltimbanques et acrobaties, j’parviens à capter le regard de l’inconnu. Une seconde. C’est tout c’qu’il me fallait pour apercevoir cette pitié au fond d’ses yeux ; elle que j’déteste plus que n’importe qui. Mais j’ai pas la volonté, encore moins la force de m’révolter. D’un geste lent, imprécis, j’essuie c’que je pense être la commissure de mes lèvres, bercé par la voix de l’homme. J’comprends pas. J’comprends pas ce qu’il fiche ici, au milieu de nulle part, à aider l’espèce de pseudo-cadavre que j’constitue aujourd’hui. J’saisis pas ses mots, mais le ton de sa voix – et ses syllabes longues, et ce mouvement de lèvres infini – m’incitent à me calmer un peu, la tête sagement reposée sur l’mur de briques derrière moi.

Même si cette explosion, elle, ne me lâche pas.

Boum boum, fait ce fichu cœur dans ma poitrine, boum boum, c’est ma faiblesse qu’il tambourine, boum boum, fait l’poison qui l’envenime ; j’ai que l’écho d’sa voix comme credo et ça m’suffit, franchement, j’ai pas besoin d’en entendre plus pour le moment. Juste savoir que j’vais pas servir de dessert aux bestioles de cette satanée ville – et peut-être, au fond, avoir conscience que je n’suis pas seul ce soir, bien que ça m’fasse bizarre. J’ai les pensées qui s’éparpillent, le cerveau en éruption quand soudain ; c’est froid, ça surprend, ça réveille, qu’est-ce qu’il me fait lui encore ? J’ouvre les paupières, à moitié, j’étais prêt à sombrer et voilà qu’il me mouille le visage ; il me nettoie, je rêve pas. Mais j’arrive plus à suivre ses gestes, trop rapides pour moi alors j’le laisse faire. J’ai toutes les misères du monde à garder les yeux ouverts.

Les doigts qui tremblent, l’ego qui tangue. J’ai l’cœur en balançoire, l’envie de tout comme de rien. Des myriades de questions qui ne peuvent qu’attendre demain. J’ai la tête vide et l’estomac liquide, j’ai l’âme en vrac et l’désir qu’on m’abatte. C’est un film noir, une nuit éden ; c’est un putain de cauchemar, une agonie certaine. J’ai tellement mal que j’préférerai qu’il m’laisse sur le carreau.

Tout, en fait, plutôt que c’que j’crois entendre là maintenant.

« On essaye de se mettre debout ? »

Les yeux qui sortent de leurs orbites, j’me tends inconsciemment lorsqu’il m’agrippe. J’ai pas envie qu’il me lève, pas envie d’marcher, ça fera qu’accentuer cette souffrance que j’supporte déjà pas. J’ouvre la bouche pour lui dire de m’lâcher mais rien ne sort. Aucun son ; aucun mot. Tu fais pas d’bruit Cali, y a que ces râles gutturaux qui t’laissent prétendre que t’es encore humain. J’me laisse donc porter, poupée de chiffon qu’on balance au gré du mouvement balancier, mais j’sens bien que j’tiendrai pas la longueur. L’adrénaline qui redescend, trop d’rhum dans le sang et cette douleur, partout, constamment et sous toutes les formes. Pointe dans l’thorax, brûlure dans l’abdomen, faut croire que l’autre abruti a pas lésiné sur les coups qu’il m’a mis. J’gémis, j’en peux plus, j’ai les jambes qui flageolent ; quelques secondes avant qu’elles ne m’abandonnent et que j’me raccroche à l’inconnu comme à une bouée d’sauvetage.

J’ai peur. Une boule d’anxiété au creux du ventre et les mains qui se serrent à m’en faire blanchir les jointures, la terreur à son paroxysme lorsque j’me vois chuter. J’ai peur, à la manière d’un enfant qu’on aurait placé dans l’obscurité à la merci d’un monstre que personne n’entendrait. Puis j’me dis que le monstre, c’est moi. Moi et mes chimères, moi et mes idées à la con, moi et cette manie d’me mettre dans de sales positions. Mais j’ai pas l’temps de plus me pencher sur la question.

Le sol se rapproche, menaçant. Je n’verrai pourtant pas la chute, je serai à peine conscient.
Mes paupières se closent. Je sens mes muscles se détendre, mes nerfs se délier.

Une fois encore, je ne fais que sombrer dans l’obscurité.


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MessageSujet: Re: Calistair ♦ Tight me, lose me, be a Daddy (Flashback)   Calistair ♦ Tight me, lose me, be a Daddy (Flashback) EmptyMer 5 Juil - 14:45


Tight me, lose me, be a Daddy




Il se tend comme un arc. Ses yeux s’écarquillent. Je sens sa peur. Toujours présente. Des sons incompréhensibles s’arrachent de ses lèvres, trahissant des pensées aussi bringuebalantes que ses pas. Ses bras s’accrochent à moi. Ses ongles se plantent dans mon vêtement. Je sens son corps qui s’effondre, mais mes bras le retiennent et l’aident à s’asseoir à même le sol. Non. Il ne peut pas tenir debout. J’aurais dû m’en douter. Au moins, j’aurais essayé. Je glisse alors un bras dans son dos, l’autre, sous ses jambes. Puis je contracte mes muscles et me relève dans un grognement sous l’effort. Il pèse son poids, quand même. J’aurais dû le laisser là. Mais je n’en ai pas le cœur. Pas maintenant que j’ai commencé à m’occuper de lui. Que je m’inquiète pour lui.
Son corps tendu témoigne de douleurs dont j’ignore encore la source. La peur dans ses yeux me fait mal. Et l’odeur de chocolat omniprésente finit de me convaincre que je ne peux pas l’abandonner dans la rue, pas dans celle-là. Un mec attend à la sortie d’un bar. Il a fini de fumer et nous observe discrètement, faisant mine de jouer avec son briquet. Deux ombres tapies dans une ruelle ont parfois un mouvement, assez pour me permettre de voir leur silhouette se détacher et disparaître quand j’y porte mon attention. Si on reste trop là, on va rameuter des charognards.
    « Désolé, pas le choix. »

Je le porte comme une mariée. Un de mes bras passe sous son fessier, le tient par la hanche, ses jambes pendent dans le vide. L’autre entoure ses épaules et je baisse régulièrement les yeux vers son visage pour m’assurer à ce qu’il ne vomisse pas. Je l’ai manipulé avec douceur, dans des gestes expérimentés, comme lorsque je dois porter la fragile Lady et la déposer sur le lit de mon cabinet. Je n’ai pas à marcher longtemps pour rejoindre le domicile de Josy. Elle m’ouvre, en peignoir, échevelée, s’attendant probablement à faire face à son mari. Au lieu de ça, elle me voit. Elle me regarde. Elle fixe l’homme inconscient dans mes bras.
    « C’est comme ça que tu cueilles des hommes ? »

Et elle rit. Je reste stupide, à la regarder avec de grands yeux. La belle Josy est hilare. Son visage rond, à la peau délicatement tannée, est radieux. Ses lèvres roses s’ouvrent d’un grand sourire victorieux alors qu’elle m’adresse un regard malicieux. Elle arrive à m’arracher un sourire, malgré l’urgence de la situation.  
    « Josy… Tu peux me prêter ton appart’ ? »

Elle sait ce dont je parle. Elle hoche la tête et ne prend pas la peine de s’habiller. Ici, elle est vue comme une reine. Elle me conduit à l’appartement en face du sien et m’ouvre la porte. Il est très simple, avec un salon servant aussi de chambre. On y trouve un lit 2 places, une banquette, une télévision sur un petit meuble, une table ronde avec 4 chaises. Il y a aussi un frigo, des placards, un four à micro-ondes. Une porte conduit à la salle de bains. Je m’avance et je dépose prudemment l’homme sur le lit. Je le place en position latérale de sécurité, au cas où il vomirait de nouveau. Je détache ses chaussures, les range au pied du lit, retire sa veste que je plie pour la déposer à côté de lui. Je retire sa ceinture pour qu’il puisse respirer correctement et, là seulement, je m’écarte dans un profond soupir.
    « Où est-ce que tu l’as ramassé ? »

Elle a croisé les bras. Elle est restée sur le seuil de l’appartement. Elle observe l’homme avec un mélange de méfiance et de moquerie dans le regard.
    « Dans la rue. »

    « Et tu le ramènes après chez moi ? Tu ne sais pas où il a traîné. »

Elle a peur pour moi. Elle, elle ne craint rien, elle fait partie d’un de ces gangs qui dirigent la ville. Elle m’a toujours dit de m’en méfier. De ne pas me mêler à ça.
    « Je n’allais pas le laisser dehors. »

Je réponds en haussant les épaules. A dire vrai, je ne sais pas ce qu’il m’a pris. Un élan d’humanité. Un parmi tant d’autres. Josy me connaît. Elle soupire, tapote mon épaule puis embrasse ma joue.
    « Demain midi, je veux que l’appartement soit vide. Tu mettras ton SDF dehors ou chez toi, je m’en fous, mais je veux pas de lui plus longtemps ici. »

    « Merci pour tout, Josy. »

Elle ne dit rien et disparaît. Moi, je m’assieds sur la banquette. Je pose mes coudes sur mes genoux. Je lève les yeux vers lui puis je ferme les prunelles et me laisse aller à une douce somnolence.
Un élan d’humanité.

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MessageSujet: Re: Calistair ♦ Tight me, lose me, be a Daddy (Flashback)   Calistair ♦ Tight me, lose me, be a Daddy (Flashback) EmptyJeu 6 Juil - 12:53




Tight me, lose me, be a daddy

Felt like the weight of the world was on my shoulders Pressure to break or retreat at every turn Facing the fear that the truth I discovered, No telling how, all these will work out
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L’innocence d’un enfant face au démon d’un autre temps.

Je suis cet enfant, ce garçon aux yeux brillants et aux fossettes creusées par le rire, les cheveux ébouriffés comme si j’venais de me lever. Assis à même le sol, les lattes de parquet sombres se dessinant sous mes jambes tandis que j’garde les prunelles rivées sur la brume opaque qui m’entoure. J’n’ai pas peur. Plus peur. Mes doigts minuscules se tendent brusquement vers la nappe de brouillard et y creusent un trou béant – j’suis curieux. J’ai envie de savoir ce qu’il y a derrière. Ce qu’on me cache, à moi qui n’sait rien et qui voudrait pourtant tout comprendre, tout connaître, tout vivre. J’ai cette adrénaline, glissée au cœur des poumons ; les muscles tendus, les nerfs noués par c’que j’m’apprête à réaliser.

Ni murmure, ni souffle. J’plonge finalement la main complète à travers la fumée, les doigts s’ouvrant et se refermant presque machinalement, à la recherche de quelque chose sur quoi s’poser ; ce que je trouve, au bout d’un certain temps. C’est doux, chaud mais pas brûlant, tendre mais pas mou pour autant. Ça bouge, aussi, m’arrachant un léger cri tandis que j’retire brutalement le bras, les yeux agrandis par la frayeur de n’être plus vraiment seul. J’me complais dans ma solitude, pourtant, gamin aventureux proclamant qu’il n’a besoin d’personne pour s’amuser et ajoutant qu’il haït tout l’monde, de toute façon. Ça sonne faux, ça pèse sur mes épaules mais j’m’en fiche – j’suis seul, j’suis le roi, j’déciderai quoiqu’il en soit.

J’me terre dans un coin de ma pièce de brume, caché dans la pénombre, les genoux remontés contre ma poitrine même si j’sais que ça m’protégera pas. J’l’entends à présent, cette satanée bestiole. J’entends son souffle rauque comme le choc régulier qu’engendrent ses pas. Ma respiration s’fait plus sifflante et j’serre les poings. J’attends. J’suis conscient qu’il n’existe aucune échappatoire, aucun endroit où se mettre en sécurité et que l’seul moyen de m’en sortir, c’est de l’affronter. Et ce, même si je n’suis pas prêt. J’cherche des yeux de quoi m’défendre, mais j’n’ai que le vide comme horizon. Alors, j’attends. Écrasé malgré moi par le poids du temps.

Combien de temps d’ailleurs j’suis resté ainsi, immobile, à attendre cette Mort qui n’venait pas ? Une minute ? Une heure ? J’en sais rien. J’me fonds dans le décor à force, la terreur accrochée à mes traits comme un masque de cire, des frissons le long de l’échine et ces membres qui n’tremblent plus. Jusqu’à ce bruissement, là, devant. J’me raidis, j’suis sur le qui-vive, prêt à frapper, encaisser, et même mordre s’il le faut. La brume s’épaissit, réduisant la pièce à un placard minuscule, et j’plisse les yeux.

La bête est là. J’peux sentir son haleine fétide courir le long de mes joues, mon cou, mon thorax ; et j’imagine les dents aiguisées, la bave qui dégouline et ces babines retroussées. Une goutte de sueur perle le long de mon front lorsque j’distingue les deux prunelles rougeoyantes qui m’dévisagent avec avidité. Un grognement rauque se glisse jusqu’à mes tympans ; elle avance alors, lentement, véritable prédatrice en pleine partie de chasse avec pour gibier, un pauvre enfant traumatisé.

Quand soudain, lumière ; la brume n’était qu’éphémère.

Et c’est ainsi que je la vois. Que j’distingue chacun de ses traits, que j’imprime chaque détail de sa silhouette… Jusqu’à c’qu’elle fonde sur moi, les crocs en avant et les griffes ornées d’sang.  

Sursaut.

J’ouvre subitement les yeux et j’me redresse, le souffle court. J’suis trempé, j’le sens, la sueur ruisselant le long de mon dos et de mon cou à m’en imbiber le t-shirt. J’ai la tête comme un étau et mal aux cheveux, incapable de me souvenir de comment j’en suis arrivé là et encore moins pourquoi. L’air hagard, j’balade mon regard sur le paysage qui m’entoure, à la recherche d’un détail qui m’paraîtrait familier, mais rien n’y fait. J’n’ai aucune idée de l’heure qu’il est, encore moins du jour, alors l’endroit où j’me trouve… Mes yeux charbonneux s’immobilisent sur le frigo : inconnu au bataillon, au même titre que ces placards, cette télé ou encore ce lit sur lequel mes fesses sont posées. J’aperçois mon manteau sagement replié au bout du matelas et j’hausse un sourcil perplexe ; m’étonnerait que j’ai eu la délicatesse de l’ranger en rentrant, surtout si j’étais complètement arraché. Rentré ouais, pas chez moi, mais j’ai pas dormi dehors c’est déjà ça. J’continue mon petit tour et lorsque j’arrive sur ma gauche, mon cœur rate un battement. Y a un gars, là. Brun, la quarantaine, inconnu au bataillon lui aussi, qui dort étalé sur la banquette à côté du lit. Mon cerveau retrouve une partie de ses facultés et j’réagis ; fin j’essaie.

Ma bouche s’ouvre et se referme succinctement, sans qu’aucun son n’en sorte. J’jette un coup d’œil rapide sous la couette pour m’rendre compte que j’suis encore habillé, quoique déchaussé. Ça me rassure un peu, l’alcool a pas encore réussi à m’faire changer d’bord, ou alors j’suis pas au courant. Il manque ma ceinture aussi, ça m’fait tiquer mais j’prends pas la peine de m’y attarder. J’hésite à l’réveiller, j’aimerais bien comprendre c’qu’il m’arrive et éventuellement qui il est mais ça aussi, ça attendra. J’me lève, difficilement, j’ai l’impression d’avoir une chape de plomb sous chaque membre et j’ai les genoux qui tremblent, mais j’parviens quand même jusqu’à la salle de bain et en particulier, jusqu’au lavabo.

Ma tête me fait peur, j’ai des cernes à faire pâlir de jalousie tous les pandas du monde, les lèvres gonflées et des contusions ici et là. Moi qui voulais m’barrer vite fait, j’crois que j’vais quand même réveiller la Belle au Bois Dormant histoire qu’il m’explique le pourquoi du comment. J’reviens dans l’salon, le pas hésitant, et j’finis par aller m’asseoir au bord du lit, tourné face à lui. C’est peut-être pas une bonne idée, si ça s’trouve il est complètement taré et il a tenté d’me kidnapper même s’il s’est retrouvé avec un boulet, pour le coup.

Ok Cali, on se calme, inutile de paniquer, on respire, tout roule. J’secoue la tête, histoire de me remettre les idées en place – la gueule de bois ça m’fait penser n’importe quoi – et j’lui tapote l’épaule pour le sortir de sa torpeur.

« Eh. Salut. Ne pas oublier d’être poli, Cali, même si cette voix de dépravé fait totalement flipper. Tu pourrais éventuellement me dire où on est et surtout, c’que je fiche ici ? »

J’désigne du menton l’appartement qui m’entoure, sans m’apercevoir que j’ai oublié de m’présenter. J’ai évité de l’secouer comme un prunier pour l’réveiller, c’est déjà ça. Pour le reste, il repassera.


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MessageSujet: Re: Calistair ♦ Tight me, lose me, be a Daddy (Flashback)   Calistair ♦ Tight me, lose me, be a Daddy (Flashback) EmptyDim 9 Juil - 10:47


Tight me, lose me, be a Daddy




L’appartement est bien rangé. Assez impersonnel. Josy le loue, de temps en temps. Il y a tout ce qu’il faut pour assurer un véritable confort, mais il n’y a pas de noms, pas de numéros, pas de photos, pas même un stylo qui traîne et pouvant trahir une possible identité. Le mobilier est neuf. La seule bougie posée sur la table n’a pas été allumée. Le frigo, la gazinière comme le carrelage sont immaculés. La salle de bains sent bon le propre, bien qu’il n’y ait pas de déodorisant dans les parages. Il n’y a pas de brosses à dents et une seule serviette blanche est pliée sur le bord du lavabo, avec un gant de toilette. Il n’y a pas de baignoire, mais une simple douche, fermée par un rideau gris. Un petit bambou, dans un verre posé près du lavabo, sert de seule décoration à l’endroit.
Moi, j’ai fini par m’endormir. Putain, j’étais censé veiller à ce qu’il ne s’étouffe pas, mais voilà que je ronfle, la bouche entrouverte, la tête appuyée sur le rebord du canapé, les mains jointes sur mon ventre arrondi. J’ai gardé mes chaussures, j’ai même encore ma veste sur les épaules. Je suis assis car je n’ai pas pris la peine de m’allonger. La lampe de chevet à côté de moi est encore allumée. J’ai posé à côté la besace renfermant mes papiers. On tapote mon épaule. J’entends une voix. Cela suffit à me faire émerger. Mes paupières s’ouvrent difficilement puis papillonnent un peu. Je me redresse dans un soupir qui devient un gémissement quand mon dos émet un craquement sonore. Je masse mes paupières puis je tourne mes yeux gris vers lui.
Le pauvre gars. Il a bien ramassé. Je n’ose pas lui dire qu’il pue l’alcool à plein nez, bien que ses yeux injectés de sang me laissent voir des pupilles plus rétractées que la veille. Il est pâle. Il a des cernes énormes. Je crois percevoir de discrets tremblements. Il n’est clairement pas bien. Avant même de comprendre ses questions, je récupère ma besace et je fouille dedans, jusqu’à en sortir un paquet de dolipranes. J’en ai toujours sur moi. C’est un de ces médicaments miracles qui soignent tous les maux.
    « Salut. »

Ma voix est spontanément douce. Elle est grave, profonde, mais posée. Je ne veux pas accentuer sa migraine, que je devine sans qu’il n’ait réellement besoin de la montrer. Je me lève et je lui remplis un verre d’eau.
    « Pour commencer, je m’appelle Alistair. Nous sommes au 15 de la Rue de la Rivière, au 3ème étage, dans un appartement de location dont je dispose jusqu’à midi. »

Je me tourne vers lui pour unir mes yeux aux siens.
    « Je rentrais chez moi, hier soir, après le travail. Je vous ai trouvé par terre. Je vous ai hm… récupéré, on va dire, pour vous mettre à l’abri.»

L’explication est assez raccourcie. Pour préserver sa dignité, essentiellement, mais s’il me demande davantage de détails, je peux les lui donner. Il n’a peut-être pas besoin que je lui rappelle qu’il était trop saoul pour se tenir debout, qu’il a vidé son estomac à 2 reprises et qu’il a failli servir de pâture à des vautours qui rôdaient près de son corps, prêts à se jeter sur lui dès que je me serais éloigné. Malgré cette volonté, je finis par reprendre.
    « Vous n’aviez vraiment pas bonne mine. Et en plus de ça, y’a un type en colère qui n’attendait que de vous transformer en steak haché. Je n’allais pas vous laisser là. »

La dernière phrase, je me la suis répétée je ne sais combien de fois. Je m’approche et pose près de lui le verre d’eau ainsi que le médicament.
    « C’est du doliprane. »

Je lui montre la boîte et la pose près de lui.
    « Prenez en, ça vous fera du bien. Je suis pas médecin, mais ostéopathe. Le peu que je sais en pharmacologie, c’est que ça reste un des meilleurs trucs contre la gueule de bois. »

Je lui souris chaleureusement.
    « Je suis content de vous voir réveillé. Souhaitez-vous boire ou manger quelque chose ? »


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MessageSujet: Re: Calistair ♦ Tight me, lose me, be a Daddy (Flashback)   Calistair ♦ Tight me, lose me, be a Daddy (Flashback) EmptyLun 17 Juil - 14:46




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Il met du temps à émerger et j’m’impatiente un peu, mes ongles frappant mes genoux de ce rythme aussi inaudible qu’il n’est invisible. J’pourrais râler, le secouer si j’en avais la foi mais le fait est là : j’suis curieux. J’sais pourtant pas précisément c’que j’attends de lui, encore moins de ce qu’il s’apprête à m’offrir – des certitudes, peut-être ? Un ricanement léger s’échappe de mes lèvres abîmées. Y a rien de sûr dans cette fichue ville. La nuit, les rêves, les envies, les gens. Surtout les gens. Il pourrait m’dire n’importe quoi de toute manière, j’aurais pas de quoi dénier. Mes souvenirs, au même titre que ma volonté d’m’échapper, semblent s’être envolés.

Il ouvre brusquement les yeux pour me fixer, et j’sens ma mauvaise humeur monter d’un cran. J’ai pas confiance en ces yeux gris qui m’dévisagent, en ce sentiment qui m’crie qu’il voit tout. Qu’il sait tout, sans m’connaître. Comme si j’étais un putain de livre ouvert au premier chapitre, première page même, affublé d’un marque page et avec écrit « Tenez, lisez, pour la vie de Cali c’est ici ». J’ai vraiment envie d’lui dire d’accélérer le mouvement mais il s’lève d’un geste – net, précis, beaucoup trop vif pour mon pauvre cerveau embrumé qui n’a même pas l’temps de voir ce qu’il sort de sa besace. J’fronce les sourcils, cherche une fois encore ce flingue que j’n’ai pas. Est-ce que je saurai me battre si besoin est ? Nan, négatif mon ami, t’es encore bien trop bourré. Ou défoncé. Ou les deux cumulés, peu importe, mieux vaut qu’tu gardes ton cul sagement posé sur ce lit douillet.

« Salut. »

Cette voix qui était censée m’arracher les tympans à première vue s’contente de les effleurer. J’ai les cils qui papillonnent, j’mets un temps à capter que ce ton là, celui qui t’accueille d’une caresse, appartient à un grand gaillard tel que lui.

« Pour commencer, je m’appelle Alistair. Nous sommes au 15 de la Rue de la Rivière, au 3ème étage, dans un appartement de location dont je dispose jusqu’à midi. »

J’me passe la main sur le visage, j’suis pas sûr de bien comprendre. Location ? On n’est donc pas chez lui. Mais alors chez qui ? Une fois encore, j’parcours des yeux ces murs dénués de toute trace de personnalité, cette cuisine un peu trop bien rangée. On s’croirait dans un appart témoin et ça, ça m’fiche la nausée. Puis attends… Troisième étage ? Ça veut dire quoi, que j’me suis traîné jusque-là ? Impossible ça, j’y crois pas.

« Je rentrais chez moi, hier soir, après le travail. Je vous ai trouvé par terre. Je vous ai hm… récupéré, on va dire, pour vous mettre à l’abri.»

J’fais un effort surhumain pour imprimer quelques infos utiles. Alistair. Rue de la Rivière. Mettre à l’abri. A l’abri d’quoi, de qui ? J’risque plus à rester enfermer ici, avec cette idée que j’ressemble à un clébard coincé en cage qu’à m’faufiler dans le quartier le plus pourri de Varakes. J’tourne la tête vers la fenêtre, mais les volets fermés m’empêchent de deviner l’heure qu’il est. Putain depuis combien de temps j’suis ici, dans cet appart, avec ce gars que j’connais ni d’Eve ni d’Adam ? Il pourrait venir de n’importe où. Dime Lions, Cobras… Church. J’relève la tête, le dévisageant à mon tour. Nan, pas la Church, please. J’passe déjà une journée suffisamment compliquée comme ça.

« Vous n’aviez vraiment pas bonne mine. Et en plus de ça, y’a un type en colère qui n’attendait que de vous transformer en steak haché. Je n’allais pas vous laisser là. »

Nouveau froncement d’sourcil. J’me rappelle vraiment de rien, pas même de la manière dont j’ai gagné ces gonflements et contusions. J’sais juste que ça brûle, un peu, comprime mon crâne, beaucoup ; juste de quoi m’certifier que j’suis bel et bien vivant, que j’ai une fois encore survécu à la nuit sans savoir comment, et que ce type qui m’observe avec compassion commence à m’agacer sérieusement. J’souris, un petit mouvement de lèvres en coin comme ça m’arrive souvent.

« Ça aurait été que quelques bleus de plus. »

J’ai dit ça avec nonchalance, dans un haussement d’épaules presque évident. J’me la joue pas bad boy, pour une fois. J’constate simplement.

J’capte rien de ce qu’il me sort ensuite ; ni le doliprane, à peine son job, médecin ou je n’sais quoi. J’m’en tape, j’ai la tête comme une pastèque et juste l’envie de rentrer chez moi. J’me retiens de lui claquer un « ok, merci, salut » dans la tête, parce qu’après tout – malgré tout – il m’a quand même sauvé la peau cette nuit, pour une raison qui m’échappe encore. Et comme je n’sais faire que du grand Cali, j’agis comme d’habitude – maladroitement, selon certains, sans me soucier de rien selon moi.

J’me lève d’un coup, tremblements de genoux et vertiges à l’appui, et me retourne pour récupérer ma veste. J’m’avance alors vers la table, déniche un stylo et un bout d’papier sans savoir comment, et y inscrit mon numéro.

« Nan merci, ça va. J’t’en dois une je crois. Bien que j’ignore ce que ce terme signifie. Y a mon numéro, là. Quand t’auras besoin d’un truc, appelle-moi. »

J’lui tends le papier. J’attends rien en retour ; pas un mot, pas une question. J’ai pas besoin d’en savoir plus sur lui, autant qu’il a pas besoin d’en apprendre d’avantage sur moi. Il m’a ramassé, c’était sympa, ça m’a peut-être évité d’avoir une gueule pire que celle que j’ai déjà mais ça s’arrête là.

J’veux que ça s’arrête là.

Et pourtant, j’sais pas pourquoi, mais j’m’entends lui sortir d’une voix rauque, les lèvres tremblantes.

« Et moi c’est Cali. »
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MessageSujet: Re: Calistair ♦ Tight me, lose me, be a Daddy (Flashback)   Calistair ♦ Tight me, lose me, be a Daddy (Flashback) EmptyMar 18 Juil - 18:36

UN SOUVENIR DE CALI
Un grognement s'élève et rebondit en écho dans la pièce. Ton corps est douloureux. Tu ignores où tu es et tu ignores comment tu as atterri là. Tu as la nausée, mais c'est beaucoup moins marqué que tes céphalées. Des plaintes sonores continuent de t'échapper mais tu ne veux pas ouvrir les yeux. T'as l'impression que ta tête va exploser. Et c'est bizarre mais la surface molle sur laquelle tu es allongé est humide et collante par endroit. Ça aurait dû attirer ton attention dés le début. Tes prunelles noires s'ouvrent sur un décor que tu connais bien et tu soulèves les draps pour voir le sang qui noie les draps blancs. Tes prunelles continuent de remonter jusqu'au corps blême et sans vie qui se trouve à tes côtés. Ton sang ne fait qu'un tour. Un frisson te secoue et ton coeur s'arrête quand la panique t'immobilise. Tes prunelles sont écarquillées par l'horreur et ce n'est que lorsque ton corps réagit et sursaute hors du lit que ton cerveau reprend contact avec la réalité. Tout aussi sanguinolente, tout aussi atroce. Mais le visage de la personne sur ce lit où tu dormais a changé. Tes souvenirs de la soirée passée te reviennent et avec eux, un sourire carnassier vient tapisser ta face. Ta rage a encore frappé et tu as réussi à te venger. Mais c'est pas encore assez. T'en as pas assez égorgé. Tes mains n'ont pas assez trempé dans le sang de ces vermines.

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MessageSujet: Re: Calistair ♦ Tight me, lose me, be a Daddy (Flashback)   Calistair ♦ Tight me, lose me, be a Daddy (Flashback) EmptyJeu 20 Juil - 17:02


Tight me, lose me, be a Daddy




Il se méfie. Je le vois clairement. Ses muscles sont tendus. Sa mâchoire est crispée. Ses yeux observent nerveusement autour de lui. J’imagine qu’un appartement aussi impersonnel que celui-là n’a rien de rassurant… Enfin, c’est quand même mieux qu’un endroit en plein bordel, qui pue, où la lumière ne se verrait qu’au travers de fenêtres jaunies par le temps non ? Le genre de décor de films d’horreur… Non, là, on se verrait bien dans une émission censée vous aider à revoir la déco’ de votre appartement ou le réaménagement de vos meubles. Josy a de très bons goûts et elle peut se montrer excessivement maniaque, plus encore quand il s’agit de recevoir des invités et qu’il lui est nécessaire de faire bonne impression. L’appartement sent le propre, l’homme peut probablement percevoir l’agréable odeur de la lessive de mon amie, la fragrance discrète du produit désinfectant qu’elle passe régulièrement dans la salle de bains pour enlever toutes traces de moisissures, le sol carrelé impeccable – j’ai d’ailleurs enlevé mes chaussures pour ne pas le salir. S’il est un tant soit peu observateur, il a dû voir les chaussettes assez ridicules que je porte : grises, elles se terminent par la tête d’un ours dont le gros museau noir s’étale sur mes orteils. Malgré ma quarantaine d’années, j’aime les chaussettes… originales.

Il finit par esquisser un sourire. Avec négligence, il hausse les épaules, me répond, qu’apparemment, quelques bleus de plus, ce ne serait pas bien grave. Tu parles.

    « Allons, ne dîtes pas ça. Vous êtes encore jeune, plutôt beau mec, ne vous amochez pas. Moi, j’ai plus rien à perdre. Des rides et du bide. Au moins, les bleus, ça me rajoute un peu de couleur. Ca tombe bien, je commence à me décolorer. »


Je désigne mes cheveux grisés dans un petit sourire coquin. Je m’adosse légèrement à la table devant le lit et je croise les bras sur mon torse : malgré mes quelques kilos superflus, j’ai une carrure bien solide, avec des épaules bien développées, des bras épais, un torse musclé, simplement protégé par une petite couche de graisse qui garde la chaleur…

Il se lève soudain. Ses jambes tremblent. Je cligne des yeux et je me retiens de tendre un bras pour le rattraper, au cas où. Il récupère sa veste et passe près de moi. Maladroitement, je me redresse et m’écarte d’un pas, comme par crainte de le déranger dans sa progression. Un peu pataud, je croise les bras dans mon dos et je le regarde faire avec surprise. Je prends en douceur le papier qu’il me tend. Sa voix tremble lorsqu’il se présente. Ses yeux sont rougis, éclatés par l’alcool, par la nuit d’enfer qu’il a passée, par des choses que j’aperçois, au fond de ses prunelles. Par des monstres que je ne connais pas. Par des prédateurs dont je peux seulement percevoir les grondements menaçants, les masses sombres. La menace qu’ils dégagent.

    Peut-être est-ce ce Cali, la menace ?
    Pourquoi l’ai-je ramassé ?
    Combien l’aurait abandonné ?
    N’a-t-il donc pas cherché ce qu’il lui arrive ?
    Ne l’a-t-il donc pas mérité ?


J’en sais rien. Je ne le connais pas. Je ne sais absolument rien de lui, exceptés ce numéro, ce nom qu’il m’a donné. Ce regard qu’il m’a adressé.

Ce sourire en coin. Faible. Ces jambes qui tremblent lorsqu’il marche. Les coups sur son visage. Les blessures qui s’y étalent, qui doivent résonner dans sa chair, qui doivent marteler ses pensées, qui doivent se raviver à chaque mouvement de sa part.

Je ne me préoccupe pas de son agressivité, de sa négligence. Non, je m’inquiète pour lui. Je glisse le numéro dans la poche de mon pantalon. Puis ma main revient, tout en douceur et en lenteur pour ne pas l’inquiéter, se déposer sur son épaule. Elle se veut réconfortante. Un geste maladroit de soutien. Un geste pour lui signifier que je suis là, qu’il peut se poser, que je ne compte rien faire de mal. Comme un support dans ce monde instable où la tête doit lui tourner, où ses jambes sont prêtes à le lâcher. Comme un phare dans la tourmente, dans ce déluge d’émotions et de sensations auxquelles il doit faire face, seul et désemparé, en face d’un inconnu, dans un appartement qu’il ne connaît pas, après une nuit dont il se souvient probablement à peine.

    « Cali…  C’est sympa comme nom. Pose toi 2 minutes, installe toi et essaye d’avaler un truc. Tu es vraiment pâle… Tu veux un café ? »


Je ne peux pas m’empêcher de me montrer paternel envers lui. J’ai reposé le verre devant lui. Je relâche son épaule, pour ne pas qu’il se sente envahi. Je vais ouvrir un des placards de la cuisine, j’en sors un paquet de biscuits au chocolat, un autre empli de barquettes à la fraise. J’apporte le tout sur la table. J’ignore encore ce qu’il se passe. Ce qu’il retrouve en cet instant.

A ce moment, je ne vois qu’un homme à la dérive. Un homme que j’ai pas envie de laisser à la mer. Un homme à qui j’ai envie de tendre la main.

Même s'il risque de me mordre.

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MessageSujet: Re: Calistair ♦ Tight me, lose me, be a Daddy (Flashback)   Calistair ♦ Tight me, lose me, be a Daddy (Flashback) EmptyVen 28 Juil - 17:32




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Une main qui s’lève, un regard qui s’ouvre. Au monde, à la vie. Je n’suis pas comme lui. Je n’porte pas sur les autres des yeux doux, compatissants, voilés par cette envie d’aider et d’épauler. J’aime pas ça. J’déteste comment il me dévisage, sans colère ou rancœur certes, mais avec une pitié que je n’supporte pas. J’lève la main, à mon tour, déposant les doigts sur son bras pour l’dégager. J’ai pas envie qu’il me touche, pas envie qu’il pose de questions, pas envie qu’il m’invite à boire un café. J’comprends pas ces gens qui, sous prétexte qu’ils vous causent une fois ou deux, partent du principe qu’ils peuvent vous considérer comme allié. J’ai pas de raison d’m’attacher. C’est c’que j’me répète depuis des mois, constatant au fil du temps qu’c’est pire que ça : j’en ressens pas l’besoin. J’ressens pas grand-chose d’autre que d’la colère ou d’la lassitude, tu m’diras. Mais ça là, ce « viens donc, on fera copain copain toi et moi », c’est niet.

Et puis, ce qu’il me manque en relations et en affections, j’le trouve dehors.

Dans les brumes de l’alcool et l’extase que m’apportent ces pilules que j’gobe. Le monde se pare alors de mille teintes criardes, loin des nuances de gris qui peignent mon quotidien. J’suis presque heureux, dans ces moments-là. Presque, ouais, parce que j’suis un éternel insatisfait, de ceux qui n’cessent jamais vraiment râler, hormis quand ils sont mis hors circuit. Appuyé contre le chambranle de la porte, la main toujours posée sur le bras inconnu, j’sens de nouveau mes jambes flageoler. L’étau qui comprime mon crâne se serre davantage, m’obligeant à me redresser pour ne pas chavirer. Qu’est-ce que… ? J’ouvre des yeux exorbités devant les images qui m’assaillent. Le souvenir, conté comme une histoire, m’enveloppe corps et âme.

Un grognement s'élève et rebondit en écho dans la pièce. Ton corps est douloureux. Tu ignores où tu es et tu ignores comment tu as atterri là. Tu as la nausée, mais c'est beaucoup moins marqué que tes céphalées. Des plaintes sonores continuent de t'échapper mais tu ne veux pas ouvrir les yeux. T'as l'impression que ta tête va exploser. Et c'est bizarre mais la surface molle sur laquelle tu es allongé est humide et collante par endroit. Ça aurait dû attirer ton attention dés le début. Tes prunelles noires s'ouvrent sur un décor que tu connais bien et tu soulèves les draps pour voir le sang qui noie les draps blancs. Tes prunelles continuent de remonter jusqu'au corps blême et sans vie qui se trouve à tes côtés. Ton sang ne fait qu'un tour. Un frisson te secoue et ton coeur s'arrête quand la panique t'immobilise. Tes prunelles sont écarquillées par l'horreur et ce n'est que lorsque ton corps réagit et sursaute hors du lit que ton cerveau reprend contact avec la réalité. Tout aussi sanguinolente, tout aussi atroce. Mais le visage de la personne sur ce lit où tu dormais a changé. Tes souvenirs de la soirée passée te reviennent et avec eux, un sourire carnassier vient tapisser ta face. Ta rage a encore frappé et tu as réussi à te venger. Mais c'est pas encore assez. T'en as pas assez égorgé. Tes mains n'ont pas assez trempé dans le sang de ces vermines.

Et je vois. J’vois ce sourire carnassier, ce corps blafard et ces mains auréolées de sang. J’sens la chair se ramollir sous mes doigts, la peur empreindre mon cœur et puis, cette satisfaction cruelle qui m’ressemble pas. Mais c’est moi. Ces bras épais, ces cheveux ébouriffés, ces yeux gorgés de sang. Un être avide. Vengeur. Assassin. Et cette réalité, plus que n’importe quelle autre, menace de m’faire chavirer à chaque instant.

J’me raccroche au mur comme à une bouée de sauvetage, luttant tant bien qu’mal contre cette fichue bile qui me monte à la gorge. J’ai envie d’fuir, pour de bon cette fois. De retourner dans ce bar, de m’oublier une énième fois. Ou d’prendre un truc pour finalement m’écrouler sur mon lit, ou dans un coin, peu importe. Dormir d’un sommeil de plomb, me vider la tête de ce film d’horreur, oublier cette douleur qui m’cisaille le thorax et ces questions qui m’dégomment le cerveau.

Mais j’en suis incapable. Mes jambes me porteront pas où que ce soit, pas maintenant en tout cas. J’grimace, sans savoir si c’est à cause de cette nausée qui m’tord l’estomac ou à l’idée de devoir resté coincé là, avec ce gars que j’connais pas. Le souffle court, j’traine ma carcasse jusqu’à la première chaise que je trouve afin d’m’y affaler.

« Va pour le café. »

Mes mains viennent masser mon crâne de quelques mouvements circulaires, mais rien à faire : ces images ne m’quittent pas. Alors, j’fais ce qui me semble le plus adapté à une situation pareille – non, ni baiser, ni me droguer – juste parler. Changer de sujet, peu importe si ça amplifie mon mal de crâne ou mon mal de vivre. J’suis des yeux les mouvements du brun pendant quelques instants, silencieux.

« Qu’est-ce que tu cherchais ici, toi ? »

Les mots s’entrechoquent entre ma langue et mon palais, donnant à ma voix un aspect pâteux qui n’est pas vraiment des plus plaisants.

« Dans le quartier Nord. »

On vient rarement ici pour autre chose qu’la drogue ou les soirées. Et vu son air frais, il a pas l’air d’être de ceux qui se la sont collées. Pas comme moi quoi, mais ça, c’est pas bien compliqué.
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MessageSujet: Re: Calistair ♦ Tight me, lose me, be a Daddy (Flashback)   Calistair ♦ Tight me, lose me, be a Daddy (Flashback) EmptyLun 31 Juil - 7:58


Tight me, lose me, be a Daddy




Ses yeux s’écarquillent.

Instinctivement, mes prunelles cherchent les siennes.

Je suis là, Cali.

Et pourtant, il est seul. Il est terriblement seul. Ses pupilles s’élargissent. Ses muscles sont si tendus qu’ils tremblent, prêts à se briser sous cette tension nerveuse qui le tient péniblement debout. Son souffle est rapide.  

Je reste là. Spectateur.

Et pourtant, mon cœur se serre. Mon propre souffle se fige dans ma cage thoracique. J’ai envie de répéter son nom. De l’appeler. De saisir ses épaules de mes mains larges. De le tirer hors de ces ténèbres, de l’arracher de ces démons qui le tirent par le bas, de ces monstres tapis dans les ombres qui profitent de sa solitude pour l’attaquer. J’imagine aisément ces soirs qu’il peut passer, dans un bar, inconnu et oublié, à boire pour noyer des pensées sombres, à boire pour repaitre des parasites occupés à ronger lentement mais sûrement son énergie vitale, le peu de bonnes choses qu’il peut accepter ou ressentir. J’ai l’envie soudaine de déchirer ce cocon de souffrance où il semble étouffer, où sa respiration ne semble plus suffire à le maintenir debout, où l’alcool n’est plus un soutien mais est devenu un sol instable où il risque à tout instant de s’effondrer. J’ai l’envie d’intimider la menace qu’il renferme comme je l’ai fait avec le saoulard, j’ai l’envie de le prendre dans mes bras, qu’il n’ait qu’à se reposer et se laisser aller.

Il n’est rien pour moi. Je ne le connais pas. Quoi que, si.

Il s’appelle Cali.

Il boit, le soir. Il se bat.  Il est méfiant. Agressif. Négligent. Il se fiche de sa santé, de sa douleur, de son état.

Il semble si surpris qu’on l’aide spontanément qu’il m’a donné ses coordonnées. Comme si… mon geste ne Pouvait pas être gratuit, selon lui.

J’en connais assez de lui pour vouloir l’aider. Car ce que j’ai vu, c’est un type qui en chie. Un type qui souffre. Un type qui a dû en voir, des choses noires, un type qui a dû en baver et qui continue à le faire, un type qui ne tient que grâce à la rage, à l’alcool, à la douleur qui le maintient, lui Rappelle qu’il est en vie.

Cali, crois moi, la première fois que je t’appellerai, ce sera pour aller manger un truc quelque part.

Pour discuter, de tout, de rien. Te saouler avec mon optimisme à la con, avec mes blagues de merde, pour t’exaspérer avec ma gentillesse débordante, avec l’affection pataude et maladroite que j’ai pour tous ceux que je croise. Je suis un gros doberman baveux, le chien qui prend un peu de place, qui fait des conneries, qui comprend pas toujours ce qu’il se passe, mais qui sera là quand tu auras besoin. Le chien qui montrera les crocs quand on te touchera.

J’ai cette volonté naïve, celle d’un gosse de 6 ans, de vouloir t’arracher un sourire. Te montrer qu’il y a des choses bien, des choses agréables dans ce monde de merde. Te montrer que tu mérites de l’attention, un peu de gentillesse. Peut-être que je ne pourrais jamais t’aider. Peut-être que je ne pourrais jamais réellement te défendre de ce qui te hante, de ce qui te traque. Mais je n’ai pas l’envie de te lâcher pour autant.

Tu bascules et tu te tiens au mur. Je suis toujours prêt de toi, soucieux bien que je veille à te laisser de l’air, à te laisser te débrouiller. Tu arrives à te traîner jusqu’à une chaise sur laquelle tu te rassois. Tes mains viennent se glisser dans tes cheveux sombres, tu te masses le crâne. Puis ta voix se fait entendre, rauque. Je finis par m’éloigner pour préparer une tasse de café. Un peu serré, je ne sais pas faire mieux. J’ajoute du sucre que je pose sur la table.

    «  A ce qu’on dit, il faut boire le jus d’un bocal de cornichons pour passer la gueule de bois. Enfin, à ce qu’on m’a dit. »


Je pouffe légèrement puis je m’installe en face de lui, avec ma propre tasse de café. J’en bois une petite gorgée avant de prendre une barquette à la fraise dans laquelle je croque.

    « Je rentrais chez moi après avoir passé la soirée chez une amie. Je t’ai trouvé sur le chemin. »


Je prends une autre gorgée de mon café.

    « Tu habites loin d’ici ? Il y a un arrêt de bus, au bout de la rue, je pourrais te montrer… »


Je baisse les yeux vers ma tasse.

    « Au fait, vérifie qu’il ne te manque rien. »


Je connais le quartier et j’ai bien vu dans quel état il était. J’espère qu’on ne lui a rien volé… Sinon, je dois bien avoir quelques pièces à lui filer pour se payer un ticket de bus. Enfin s’il les accepte.
Je me sens comme un gros ours dont les pattes griffues manipulent avec précaution notre lien de porcelaine. Prêt à se briser à la moindre maladresse.

Et je fais que d’en faire.

Cali


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MessageSujet: Re: Calistair ♦ Tight me, lose me, be a Daddy (Flashback)   Calistair ♦ Tight me, lose me, be a Daddy (Flashback) EmptyLun 31 Juil - 20:09




Tight me, lose me, be a daddy

Felt like the weight of the world was on my shoulders Pressure to break or retreat at every turn Facing the fear that the truth I discovered, No telling how, all these will work out
But I’ve come too far to go back now

La lumière de l’appartement est une véritable torture pour mes maux de crâne. C’est la tempête, là-dessous. L’effervescence d’un monde qu’on chamboule, le fracas d’un ouragan qui bouscule tout. Les convictions, la réalité, ou du moins celle que j’m’étais donnée. Loin de toutes croyances, loin de toute sorte d’extravagance. Imaginer ce à quoi ressemble son passé, on l’a tous fait. Et qu’a-t-on vu? Pour certains, le gamin, le copain, la maison et le chien. Des proches à bichonner. Pour d’autres, des amis avec qui rire et flâner. On rêve de voyage, on rêve d’autres rivages. Moi, j’ai jamais rêvé. Mais toujours cauchemardé. J’voyais les monstres, la terreur. J’sentais la solitude pulser à travers chaque parcelle de mon corps de camé. Et mes chimères, dans le noir camouflées, cherchaient à tout instant un moyen de me briser. Tous cherchent le bonheur. Tous imaginent cette vie qu’ils ont pu avoir, en oubliant les erreurs, les moments d’peur et ceux d’horreur. Il n’y a pourtant qu’eux qui comptent, au final.

J’vacille.

J’m’accroche aux paroles d’Alistair comme à une bouée de sauvetage, sans réellement le vouloir pourtant. Mais la vision du macchabé imprime mon crâne de son sang vermillon, et grave dans mon cerveau les quelques lettres de mon prénom. J’ai les jambes, les bras, les idées en coton. L’impression que le monde, ou plutôt la ville tels que j’les connais sont en train de sombrer. Bordel, mais qui j’étais? Sûrement pas celui que j’voudrais…

Perdu dans mes pensées sombres, j’vois à peine la tasse de café apparaître dans mon champ de vision. Ce qui me surprend l’plus, une fois encore, c’est cette voix qui surgit de nulle part.

« A ce qu’on dit, il faut boire le jus d’un bocal de cornichons pour passer la gueule de bois. Enfin, à ce qu’on m’a dit. »

J’bats des cils et le dévisage, avant d’esquisser un fin sourire. Un sucre ajouté, un café touillé. La vie doit reprendre, j’le sais. Peu importe dans quel état elle m’avait laissé.

« Le blanc d’oeuf cru ça marche aussi, si tu veux savoir. »


Mélangé à deux trois trucs dont je tairai le nom, une décoction qui vous remet l’estomac en place au bout de deux gorgées ou qui vous fait gerber, c’est selon. Dans tous les cas, une fois que t’as bu ça, impossible de n’pas être réveillé. J’attire la tasse jusqu’au bord de mes lèvres, soufflant sur le liquide pour le refroidir. Entre deux images d’horreur et autres frissons, mon regard dérive sur le visage d’Alistair. A la façon dont il m’observe, on croirait sérieusement qu’il vient de trouver en moi une raison d’exister. J’sais pas si j’dois, mais ça m’fait légèrement flipper. Il me laissera pourtant pas l’temps d’m’y attarder.

« Je rentrais chez moi après avoir passé la soirée chez une amie. Je t’ai trouvé sur le chemin. »

Trouver sur le chemin. J’retiens pas le soupir contrarié qui me monte à la gorge, sans savoir pour quoi il survient exactement. Pour l’état pitoyable dans lequel j’me suis mis? Pour m’être retrouvé à devoir limite être porté jusqu’à ce lit? Pour la désinvolture dont il fait preuve en m’sortant ça? On dirait qu’il a peur pour moi, mon égo ou je n’sais quoi. J’suis pas comme ça, pourtant. Même si ça surprend.

« Tu habites loin d’ici ? Il y a un arrêt de bus, au bout de la rue, je pourrais te montrer… »

La barquette de fraises qui traîne devant mes pupilles dilatées suscitent chez moi de nouvelles nausées. Où j’habite? Oh, eh. J’secoue la tête. Non, tu m’raccompagneras pas. Faut pas abusé, j’suis encore capable de rentrer - si tant est que j’retrouve mes clés.

« Pas loin. Comprendre: à l’autre bout de la ville. J’vais rentrer à pied, ça va m’aérer. »

J’ai besoin de temps pour faire le point, et trainer ma vieille carcasse sur plusieurs kilomètres me laisse largement le temps d’y parvenir. Entre deux gorgées de ce café que j’ai à peine touché, il poursuit.

« Au fait, vérifie qu’il ne te manque rien. »

Bonne idée ça tiens. J’repose la tasse sur la table et entreprends de fouiller les poches de mon blouson. Après tout, même s’il me manque la moitié de mes affaires, y aura peut-être un truc susceptible de me remémorer la soirée que j’viens de passer. J’tombe sur mes clés, bon point déjà. Pas moyen d’remettre la main sur mon portable. Quant à mon porte-feuille, on a l’impression qu’il a mal vécu la dernière nuit, tout déchiré qu’il est. Sa vision m’arrache une grimace ; lorsque j’le secoue un peu, un papier tombe sur la table. C’est un numéro de téléphone qui se dessine sous mes yeux médusés. Ecriture féminine, ronde et empressée. Uhhh, ouais. Ca par contre, ça m’étonne pas, c’est tout moi.

« Ca t’ennuierait d’appeler? J’ai paumé mon téléphone. »

J’hausse les épaules en lui tendant le papier. Inutile de préciser que j’suis pas en état d’parler, encore moins d’investiguer. Tout en l’observant, j’sirote mon café. Il va devoir se débrouiller. Quant à moi, ça m’laissera 1) le temps d’l’analyser 2) quelques minutes de plus pour déçuver.
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MessageSujet: Re: Calistair ♦ Tight me, lose me, be a Daddy (Flashback)   Calistair ♦ Tight me, lose me, be a Daddy (Flashback) EmptyMer 9 Aoû - 4:19


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De nouveau, un sourire éclaire son visage épuisé.

Comme une fleur illumine un cimetière. Comme un rayon de soleil perce les nuages, l’obscurité.
     « Le blanc d’œuf cru ?... Je crois que ce matin, on va se contenter de café ou je vais gerber. »

J’admets dans un rire gêné, les bras croisés sur mon torse. L’idée même d’avaler une telle mixture m’écoeure. Je n’ose pas imaginer la consistance visqueuse, le goût indescriptible, la texture étrange sur les papilles. Quand je sens son regard se fixer sur moi, j’unis quelques secondes mes yeux aux siens avant de les dévier vers ma propre tasse de café. Je ne dois pas être beaucoup plus vieux que lui, pourtant, le temps a déjà décidé de me faire ramasser un peu. Des rides s’étirent au coin de mes yeux, de mes lèvres. Mes cheveux grisaillent. J’ai pris du poids. S’il veut trouver des raisons de se foutre de ma tronche, il peut en trouver plein. J’suis pas vraiment canon.

    « Ok. Un bol d’air, ça fait toujours du bien. »


Je concède dans un petit sourire en coin en haussant les épaules. Je suis pataud, maladroit dans mes relations sociales. L’image du chien me revient à l’esprit. Je suis cette grosse bête qui veut de l’amour et qu’en a plein à donner, ce truc qui te fait chier à toujours traîner dans tes pattes. Je comprends plus ou moins que j’ai peut-être été trop… intrusif. A la fois, après l’avoir trouvé dans cet état dans la rue, après l’avoir porté dans mes bras, avoir vérifié son souffle et senti son parfum de façon involontaire, je ne peux que me sentir proche de lui.
Mais je sens que Cali a besoin d’un peu de distance. Il a besoin d’air, comme il l’a dit. Je parle trop. Je suis trop présent. Je le ménage, par habitude. Par inquiétude. Mais je ne sais pas si cela lui convient. Alistair, arrête donc de te poser 36 000 questions. Arrête de toujours t’inquiéter de ce que tu fais, de ce que tu dis, de comment tu agis. De ce à quoi tu ressembles. Au pire, ce type va juste te détester. Merde, j’aurais pas dû penser ça. Ça m’inquiète plus qu’autre chose.

Depuis mon arrivée ici, je fuis la solitude. Elle m’effraie. Sans souvenirs à ressasser, mon passé vide est une véritable source d’angoisses pour moi. J’imagine des flash-backs que je revis sans le moindre sentiments, ce ne sont que des créations de mon esprit, des fantasmes désincarnés qui finissent par prendre le visage de spectres menaçants alors que j’imagine le sale type que j’ai pu être. Sans histoire, je me découvre sans passions, sans buts, sans rêves ni espoirs à réaliser. Je me retrouve prisonnier, retenu par des doutes et des questions sans réponses qui m’étouffent et me broient.

Jusqu’à présent, je pensais qu’il avait besoin de moi. En réalité, c’est peut-être moi qui aie besoin de lui.

Il m’a permis de découvrir… de me découvrir, en partie.
J’aime aider les autres. Penser à eux plutôt qu’à moi. Au point de totalement m’investir en eux. Bien trop, au point de m’en oublier, au point de ne plus savoir comment agir avec eux.

Tu ne vis pas pour eux, Alistair. Tu vis avec eux.

Le trouver dans cette position vulnérable m’avait aussitôt donné l’envie de le protéger. Et maintenant qu’il s’éveille, qu’il se tient debout, maintenant qu’il me laisse voir cette force qu’il renferme, cette rage de vivre qui pulse dans ses tripes, je me sens… comme admiratif. Bien qu’il s’abandonne à l’alcool, bien que je l’ai vu tituber et s’effondrer, j’ai deviné qu’il avait réussi à se battre, j’ai perçu cette volonté de se lever et de marcher malgré son état. Comme son désir de s’arracher de ma compagnie pour se retrouver, pour attendre que ses blessures guérissent d’elles-mêmes. Cali est un être sauvage, que je sens se tendre quand j’approche la main ou quand ma voix retentit, comme si ma simple présence suffisait, en tant que telle, à représenter une sorte d’intrusion. Néanmoins, son humanité reprend le dessus. Il sourit, il me répond, il m’observe. Malgré ce que je crois être de la réticence, il n’est pas totalement fermé à moi.

Pourquoi ? Probablement car il se sent redevable, d’une façon ou d’une autre, vu qu’il m’a donné son numéro.

Pourtant, il ne me doit rien.

Bien que je ne sache rien de mon passé, je sais que j’aurais apprécié que l’on me tende la main. Que l’on m’offre de l’attention, de la douceur, sans raisons. Si ce n’est celle d’avoir pris conscience de mon existence. De s’être attaché à moi.

Il est difficile d’être une ombre parmi tant d’autres.

Une personne que l’on ignore, à côté de qui on passe sans un regard. Une personne qui peut disparaître du jour au lendemain sans que l’on ne s’en inquiète. Une personne qui souffre, qui pleure et face à laquelle on détourne les yeux, en prétendant ne rien voir, ne rien entendre.

Comme hier soir où j’aurais pu le laisser dans la rue. Continuer ma route.

Mais je n’ai pas pu. J’ai de nombreux défauts, mais pas celui-là. Peut-être va-t-il me détester, peut-être vais-je le fatiguer, c’est même une certitude. Car lui semble déjà usé par la vie. Frustré, déçu, que sais-je. Il ne semble plus rien attendre et pourtant, il a encore la hargne de s’accrocher. Moi, je parais bisounours, à côté de lui. J’ai bien conscience que le monde n’est pas rose, mais je veux me battre pour apporter de bonnes choses. Pour être quelqu’un de bien. Je me suis donné ce but à atteindre. Alors même s’il me repousse, même si ma volonté de bien faire s’achève en un agacement de sa part, au moins, je lui aurais tendu la main.

C’est alors qu’il fouille dans ses affaires et qu’il finit par me désigner un numéro de téléphone. Médusé à mon tour, je fixe le numéro avec de grands yeux, puis je le regarde. Sérieusement ? Je masse mes paupières mais je prends docilement le numéro.

    « Bon, si c’est ta femme ou une copine qui t’attendait hier soir, je dis qu’on a passé la nuit ensemble ? »


Je lui offre un sourire malicieux avant de composer le numéro sur mon vieux téléphone à l’écran défoncé. Je n’ai pas de trucs tactiles, moi, je me contente des touches bien solides. J’attends patiemment à ce que mon interlocutrice décroche. Assis sur ma chaise, j’ai croisé les jambes, je me suis bien installé contre le dossier de ma chaise et je toussote pour éclaircir ma voix.

    « Euh. Au fait, pourquoi tu veux que j’appelle ? Qu’est ce que je suis censé dire ? »


Ouais, des fois, je suis lent à la détente. Il compte à ce que l’on vienne le chercher ? A ce qu’on m’a dit, il n’y a pas de voitures à Varakes.

Et c’est alors qu’on décroche.

    « Bonjour. Excusez-moi de vous déranger si tôt… »


Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai un très mauvais pressentiment.



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