Tu sens l’aiguille percer ta peau alors que les habiles mains de l’homme s’affairent sur l’oeuvre qu’il est en train de créer. Tu as mal, au point où la douleur parvient à faire perler quelques larmes aux coins de tes yeux. Pourtant, tu ne bronches pas ou du moins, tu essaies de ne pas te laisser. C’est plus fort que toi. Tes parents t’ont toujours dit qu’il fallait que tu restes imperturbable. Ils t’ont appris qu’il n’importait pas que le monde tente de te détruire, ce qui comptait c’est que tu restes impassible. C’est donc ce que tu fais, même maintenant. Tu as beau chercher à les défier, tu ne peux que respecter ce dogme qu’ils t’ont imposés depuis ton enfance. Tu prends donc de grandes respirations, espérant que ça t’aide à garder ton calme. Ça fonctionne presque, du moins jusqu’à ce que l’homme prenne la parole :
« Si tu veux que ce soit correct, ne bouge pas. » Et tu obéis, sans rien dire en guise de réponse. Tu tentes tant bien que mal d’ignorer cette douleur qui chauffe ton torse le temps qu’il termine. Plusieurs minutes plus tard l’aiguille se lève et ne revient pas percer ta peau. Il te regarde un moment, semble assez satisfait et dit :
« Tu peux aller te regarder. » Cette fois encore, tu ne fais qu’écouter, pourtant tu trépignes. C’est une première, cette fois où tu as enfin pris une décision malgré le refus de tes parents. Cette défiance reste, maintenant gravée dans la douce peau de ton torse. En silence, tu t’admires devant le miroir. Peut-être même que tu le fais pour la première fois.
« C’est magnifique. » Ce sont les seuls mots qui te viennent, mais en vérité c’est plus que ça. Pour toi, ce n’est pas qu’un tatouage que cet homme a gravé dans ta peau. C’est ta liberté que tu prends enfin en main.
- Spoiler:
- tu te souviens des circonstances autour de ton tatouage sous la poitrine.