Dans la misère, il trouva... | RP solitaire.

Alone in my mind

" If you need help, don't wait until you are lonely. Step up and move on with your life. You need someone to move on? Then call for help. There will always be someone for you. "
C'est sûrement l'une des décisions les plus dures qu'il ait eu à prendre de sa vie. Pourtant, l'image que lui renvoie le miroir lui fait tellement pitié, qu'il ne peut faire autrement que se bouger le cul, et demander de l'aide. Hors de question d'embêter Blaze avec ce tracas, encore une fois. Ou n'importe qui d'autre, d'ailleurs. Les cheveux mi-longs qui lui descendent presque jusqu'aux épaules, sont gras et dans tous les sens. On y voit le relâchement, détresse qui lui aura fait oublier de prendre soin de lui. À quoi bon prendre soin de sa personne, dans un état pareil? La roue tourne continuellement, c'est un cercle vicieux duquel Varakes l'aura fait prisonnier. À mesure que les souvenirs reviennent, ce serait étonnant que ce ne soit pas la majorité de la ville qui devienne fou. Les deux mains serrant le rebord du comptoir de la salle de bain, Jaxen peine à trouver son air dans ce cauchemar qu'est sa vie. Le reflet qu'il perçoit lui donne des hauts-le-coeur. Il a honte. Honte d'être cet homme faible, d'être cet homme, tout court. Il n'a pas envie d'être là, d'être ici, de faire partie de cette vie, alors que celles de sa fille et de sa femme leur ont été arrachées.

Il pue l'alcool à plein nez, mais personne n'ose lui faire remarquer. Peut-être par politesse, ou par pitié. Depuis qu'il est en boisson, il ne dort plus au studio. S'il fait des apparitions ici et là, c'est parce qu'il veut s'assurer que Blaze va bien. Qu'elle est encore en vie, elle. Qu'on ne va pas la lui arracher, comme les autres. Il a l'impression d'avoir été frappé par une malédiction, mais ne connaît pas les détails de sa vie antérieure. Les souvenirs sont difficiles à supporter, de par leur manque d'informations. Ils sont lancés sur les gens au hasard, telle une bombe aérienne qu'on lâche sur des victimes impuissantes. On s'attache au mieux aux grandes lignes, on essaie de percevoir des visages. On essaie de s'accrocher à l'irréel, afin de trouver ce qui est encore vrai, de ce monde. De notre monde.

Aujourd'hui, Jaxen est venu faire un tour à l'appartement, en s'assurant d'abord que Blaze ne serait pas là. Il avait bien besoin d'une douche, et s'il y a passé plus d'une heure, au point que l'eau est devenue froide, c'est avant tout pour tenter de se remettre les idées en ordre. De mettre les choses au clair avec lui-même. Le flot des émotions ne cesse de le prendre par surprise, depuis les événements de la soirée des Cobras. Les larmes le prennent souvent de plein fouet sans prévenir, dans les moments les plus inattendus. Au moins, la douche cache ses larmes et lui permet de se laisser aller sans que cela ne laisse trop de traces. Il en a assez, de se vider ainsi de ses émotions. Cela n'y change rien à rien, de toute manière. D'un coup violent et vaincu, il donne un puissant coup de poing contre le mur de la douche. L'eau coule abondamment sur son dos nu, descendant le long de son corps pour terminer sa chute jusque dans le filtre. Et dès qu'il se décide à sortir de la douche, il est horrifié par l'image que lui transmet le miroir de lui-même. Une véritable loque humaine. Un homme aux allures de sans-abri. L'évidence de sa détresse psychologique le frappe soudainement de plein fouet. Oui, il se rend finalement à l'évidence qu'il a besoin d'aide. D'une aide extérieure.

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Assis dans le large fauteuil de couleur bourgogne, un silence de mort plane dans la salle. On entendrait même une mouche voler. Au lieu de ça, c'est le crayon du psychologue qui s'abat sur le carnet de notes, aux quatre ou cinq secondes. Un bruit répétitif qui rassure le barbu. Il est là, prêt à parler, prêt à s'ouvrir, à se confier. Mais aucun son ne sort d'entre ses lèvres. Aucun son, aucun balbutiement, aucune parole. Rien. Nada. Jaxen se fâche contre lui-même. Une telle violence et un tel désespoir le prennent à la gorge, lui fouettent le corps et la tête, si bien qu'il finit par avouer: «J'en peux plus.» Le psychologue plonge son regard dans les yeux d'un bleu profond du blondinet, puis s'ouvre à son tour. Par une question. Qu'est-ce qui vous fait si mal? Il n'a dit que quelques mots que déjà le psy voit en lui ce que lui-même ne perçoit pas. Il saisit sa détresse, sa tristesse, sa colère, sa haine, sa répugnance, son dégoût... Il se remet à sangloter. Ce qui le fait chier, c'est que son corps ne l'a même pas prévenu de cette réaction spontanée. Il déteste être si faible, d'être si impuissant. «De n'avoir aucune réponse, doc.» Et c'est tout ce qu'il trouve à dire, alors que les sanglots le prennent à la gorge de nouveau et qu'il est incapable de dire quoi que ce soit, se laissant aller à un élan amer et puissant de pleurs et de larmes.