I'll follow your lead while we dance together | Blaxen

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La nuit se fait sentir par son obscurité, percée par les réverbères, et par le silence pesant des quartiers. Tous sont paisiblement endormis, ce qui te donne l'impression d'être seul au monde. Seul avec elle. Les sanglots te secouent encore, et rien n'y fait pour les arrêter. Tu as honte, d'être aussi vulnérable, d'être pris violemment par les larmes, devant une femme. Et pas n'importe quelle femme. Blaze. Le trajet du retour se fait péniblement en silence. Personne ne parle, peut-être trop bouleversé par les événements de la soirée. Chaque pas t'arrache une grimace de douleur, ton ventre ayant été l'une des attractions principales des poings de Shadow. Ton visage étant l'autre, ce n'est pas du tout joli à voir. Heureusement que vous ne croisez personne sur votre chemin, on aurait pu te craindre et alerter les autorités. Vous marchez à une distance respectable, mais chaque fois que tu bascules légèrement en sa direction, tes doigts frôlent les siens, et l'envie de prendre sa main dans la tienne est forte. Toutefois, la raison étant plus forte que l'envie, tu te retiens. De subir un rejet de sa part à nouveau, tu supporterais mal. Surtout ce soir. Tu n'as aucune idée de c'est ainsi qu'elle s'est sentie, lorsque tu as préféré attendre, avant de... Avant d'aller plus loin. Pourtant, ce n'était qu'une question de bon sens, de respect. Tu te rends compte que tu tiens beaucoup à elle. Pourtant, tu es pris de remords en te remémorant ta défunte femme. Depuis combien de temps est-elle morte? Comment est-elle disparue? Putain.. tu sens les sanglots te prendre de nouveau à la gorge. Tu peines à marcher, autant à cause de la douleur que tu ressens dans tout le corps, que parce que ça te paraît tellement lourd, tellement futile, d'être ici. D'être en vie. Finalement, sans même trop t'en rendre compte, trop perdu dans le fil de tes pensées, tes doigts viennent attraper ceux de Blaze et s'enroulent dans les siens, les serrant contre toi, pour le chemin qu'il vous reste à parcourir avant d'arriver au studio.

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Les poils de mes bras se dressent face à cette brise légère dans les ténèbres que sont les nuits de Varakes. Ma veste de cuir ne semble pas être en mesure m’enlever ces frissons qui me parcourent le corps. La lune a peine à se frayer un chemin entre les denses nuances et le ciel est sans étoile. Il semblerait que mère nature a compris que le temps n’était pas à la gaité. Je serre la mâchoire en entendant tes sanglots fendre le silence. J’aimerais pouvoir faire quelque chose. J’aimerais te prendre dans mes bras et de te dire que tout va bien aller. Or, c’est faux. J’en sais foutrement rien. Puis, lorsque nous sommes partis du les milles et une nuits, cette soirée où tu m’as repoussée m’est revenue en tête. Ça m’a fait l’effet d’une douche froide de comprendre, encore et toujours, que tu ne veux pas de moi. C’est pourquoi je garde mes distances. Je sais que tu as besoin de quelqu’un pour te réconforter, mais j’ai peur pour mon cœur, Jax. J’ai tellement peur.

Ton visage en sang me fait culpabilisé et les larmes sur tes joues me rendent triste. Je sais que tu as perdu ta femme et ta fille. Je l’ai compris en te touchant. C’était plus fort que moi, je devais savoir ce qui te mettait dans un tel état. Maintenant, je sais et ça me brise le cœur. Je me rends compte d’une part que tu dois vivre un enfer et, dans un second temps, que je ne rivaliserai jamais avec elles. Je resterai cette colocataire qui, petit à petit, tombe amoureuse de toi alors que ton cœur est loin, très loin. Ta main n’arrête pas de frôler la mienne et c’est une torture à chaque fois. Puis, ta main finit par chercher la mienne et nos doigts s’entrelacent. Je n’ai pas la force de te repousser. Je sais que tu as besoin de ce contact physique et que je suis la seule personne qui se trouve sur ton chemin, mais ça me fait mal parce que je sais que ce sera différent lorsque tu n’auras plus besoin de moi. Je me sens si impuissante, fragile, vulnérable. Or, je dois rester forte. Je dois me construire une carapace pour cacher ces sentiments honteux que je commence inexorablement à ressentir à ton égard. Je serre ta main dans la mienne de façon réconfortante et nous arrivons rapidement au studio. Avant d’entrer, je te dis : « Je m’excuse. J’aurais pas dû… mais je sais. J’ai perdu quelqu’un moi aussi et… c’est pas de ta faute. D’accord? » J’ai l’impression d’empirer les choses. Putain, j’aurais pas pu fermer la gueule? Je me racle la gorge et chasse les larmes dans mes yeux. Sois forte, bordel. Arrête de faire ta chochotte.

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Ce contact tout simple, bien banal, qui rompt ce désagréable éloignement entre vous, ça te réchauffe joyeusement le cœur. Un brin de bonheur dans une once de malheur, ce n’est pas trop demandé. Sa main est chaude, et tu sais que son cœur est tendre. Toutefois, tu n’as aucune idée que cette proximité, cette douce caresse qu’est sa main dans la tienne, la fait lire en toi. Ironique, n’est-ce pas, puisque tu te considères comme étant un livre fermé, scellé par une clé introuvable, perdue dans ce monde extérieur, celui qui entoure Varakes et qui vous est interdit d’accès.

Pour dissiper tes tracas, pour oublier la douleur qui te prend aux tripes, tu te concentres sur ce contact. Sur elle, en réalité. Pas de Shadow. Pas de mortalité. Pas de femme. Pas de fille. Pas de souvenirs. Rien qu’elle. C’est salvateur. Ça te libère l’esprit. Ça t’aère l’âme, torturé par tant de chagrin et de peine.

Vous arrivez finalement au studio. C’est un peu comme un soulagement intérieur, que d’arriver là. Tu n’aurais pas pu marcher indéfiniment. Il te faut t’asseoir, respirer un peu, calmer la rage et l’incompréhension qui te rendent méconnaissable. La clé dans la porte, Blaze se retourne vers toi avant de l’ouvrir. Elle semble triste, pas très à l’aise de t’avouer quelque chose qu’elle semble retenir en elle depuis un bon moment déjà. « Je m’excuse. J’aurais pas dû… mais je sais. J’ai perdu quelqu’un moi aussi et… c’est pas de ta faute. D’accord? » Il te faut un moment pour saisir de quoi elle parle. Elle sait. Tu écarquilles les yeux, mais demeures de marbre. Tu n’as que trop peu d’énergie pour montrer de l’enthousiasme, de la déception, de la colère ou bien pour simplement laisser parler tes émotions, pour réagir face à cet aveu. Elle est comme Skye. Elle peut lire en toi, elle peut savoir à quoi tu penses, rien qu’en te touchant... Tout ce temps. Putain. Ça ne t’effraie pas, au contraire. Tu connais leur pouvoir, mais tu ne doutais pas une seconde que Blaze soit Mentalist. Le seul doute qui grimpe en toi, c’est la peur que Blaze sache tout de toi. Qu’elle ait ressenti tes émotions les plus profondes, l’autre jour… Tu baisses les yeux au sol, honteux. Incapable de dire quoi que ce soit, tu pousses la porte en tournant la poignée, afin d’entrer, sans pourtant lâcher sa main. Tu en es incapable. Ce contact te rassure, te réconforte. Il t’apporte beaucoup trop pour que tu daignes la lâcher, la laisse filer. Elle aussi a perdu quelqu’un. Tu fais le lien instantanément… C’est pour ça, qu’elle s’est retrouvée en piteux état, l’autre jour? «Au contraire… je crois que c’est de ma faute. Ma fille… je l’ai emmenée se faire soigner… et ils me l’ont enlevée… Arrachée… Mon bébé…» Tu fermes les yeux, pris de nouveau par de violents sanglots, mais les ravale immédiatement, par fierté… ou par honte. Ou un mélange des deux, peut-être. De ta main libre, déjà meurtrie par le seul coup porté à Shadow, tu frappes contre le mur, s’enfonçant sous ton poing. Tu recules de quelques pas et lâche Blaze, honteux. «Je… je m’excuse, Blaze. Je… » Tu ne trouves pas les mots. Ils se noient dans ta gorge. Tes yeux d’un bleu toujours si éclatant, se noient de larmes à nouveau et plongent dans le regard de ta colocataire. Tu la cherches. Tu la veux près de toi. Putain. Tu réalises quel con tu as été la dernière fois de la laisser te filer entre les doigts…

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Tes yeux s’agrandissent d’abord et je décèle une pointe d’incompréhension dans ton regard océan. Puis, je vois ton expression changer lorsque tu comprends enfin ce que je veux dire. Ma gorge se serre lorsque je ne décèle plus rien dans tes yeux. Je préférais de loin l’incompréhension. Mon cœur danse la samba dans ma poitrine et je me demande si je n’aurais pas dû me taire. Oui, j’aurais probablement dû. Je ne voulais pas aller retourner le couteau dans la plaie, Jax… Putain, j’essaie juste de te faire comprendre que je suis là et… J’aimerais tellement pouvoir t’arracher cette tristesse. J’aimerais tellement… Tu baisses le regard et je me sens mal. Je fous la merde partout où je vais. BORDEL DE MERDE. J’ai envie de crier, de hurler et de me recroquevillée comme un enfant devant la porte du studio. Tout est de ma faute. Shadow a joué au con, mais c’est de ma faute. J’aurais pu au moins t’éviter ça. J’ai peine à avaler ma salive alors que tu nous fais entrer dans notre demeure. Ma main se fait moite dans la tienne, mais j’aime trop ce contact pour y renoncer. Il me donne accès à tes pensées… À défaut de paroles. « Au contraire… je crois que c’est de ma faute. Ma fille… je l’ai emmenée se faire soigner… et ils me l’ont enlevée… Arrachée… Mon bébé…» Je sens que tu as envie de tout lâcher, mais tu restes fort pour préserver ta fierté. On se ressemble tellement. Toi aussi, tu te sens coupable. Or, tu ne l’es pas. Tu n'as rien pu faire et ne savais pas que les choses allaient tourner ainsi. « Heyy… Non, dis pas ça. C’est pas vrai. Tu pouvais pas savoir… » Je sursaute alors que tu mets un point dans le mur et y fais un trou énorme. Les yeux écarquillés, je te regarde, légèrement tremblante. Je comprends ta réaction. Je me sens mal de ne pas trouver les mots justes pour t’aider, Jaxen… SHIT. Je fuis ton regard, honteuse. « Je… je m’excuse, Blaze. Je… » Je t’interromps. « Tais-toi et va t’asseoir, Jaxen… que je puisse nettoyer tout ça », que je te murmure avant de disparaître aller chercher la trousse de premiers soins qui n’est pas à ses premières blessures, un linge mouillé et un autre sec. Je reviens vers toi et dépose le matos sur la table de cuisine en silence. J’en profite pour aller chercher de la glace que j’enveloppe dans le linge sec. « Mets ça sur ton ventre. », dis-je doucement en te le tendant.

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« Heyy… Non, dis pas ça. C’est pas vrai. Tu pouvais pas savoir… » Non, tu pouvais pas savoir. Mais, tu te devais de savoir. C’était ton rôle de père que d’être toujours présent pour ta princesse, de prendre soin d’elle et de la protéger du mal qu’on puisse lui vouloir. Indigne père, tu as échoué à ce rôle. Royalement. Et cette réalisation te met hors de toi. Ça te met dans une rage tellement vive, que tout ton corps bouille à t’en faire mal. Alors, comme pour donner raison aux mauvaises langues qui verraient en toi un père infâme, indigne, irresponsable. Un mauvais père, somme toute… Tu décides qu’il vaut mieux te faire mal. Te blesser ne te rendra pas ta fille, mais ça te punira de n’avoir pas été présent pour elle. De ne pas avoir pu la sauver. Tu aurais pu, seul. Tu aurais pu, sans l’emmener à l’hôpital. Ils l’ont tuée. Par ta faute. Ton poing s’était abattu dans un craquement violent contre le mur. Ta force ne t’empêchant pas de te blesser, tu grommelles en sentant quelques jointures craquer sous le coup. Une blessure de plus ou de moins, qu’est-ce que ça change? Tu es déjà en bien mauvais état. « Tais-toi et va t’asseoir, Jaxen… que je puisse nettoyer tout ça » La Blaze autoritaire se fraie un chemin jusqu’à tes oreilles. Impuissant, tu te diriges vers la cuisine pour te tirer une chaise, sur laquelle tu t’assois. Mine de rien, ça te soulage quelque chose de fou, de ne plus avoir à te tenir debout. La jeune femme revient avec tout un équipement, la trousse de premiers soins que tu as toi-même utilisé le soir où elle était dans un sacré état. « Mets ça sur ton ventre. » Hésitant un moment à le prendre, tu en déduis finalement qu’il vaut mieux ne pas la contredire et faire ce qu’elle t’ordonne de faire. C’est pour ton bien, apparemment. Tu attrapes entre tes doigts meurtris le sac de glace et le dépose sous ton chandail, contre ton ventre. Cette manœuvre t’arrache une grimace de douleur, mais le contact froid contre ta peau te fait un bien fou, malgré tout. Tu tentes un sourire vers ta colocataire, en vain. Un nouveau silence s’installe… Tu la regardes faire, la contemplant dans toute sa splendeur. Qu’est-ce qu’elle est belle. De tous les angles, elle est magnifique. Les larmes ayant cessé, les sanglots eux, te font quelques surprises ici et là en te faisant sursauter, alors que tu essaies tant bien que mal de t’en débarrasser.

Tu l’observes fouiller dans la trousse de premiers soins, puis ta main, celle qui est encore en bon état, vient chercher la sienne. À nouveau, ce contact t’apaise complètement et te procure un bien fou. D’un coup de menton en direction du trousseau, tu dis : «J’ai pas besoin d’tout ça…» Tu te penches vers elle. Elle semble… triste, elle aussi. Triste, et honteuse. Un mélange d’émotions qui lui voile les yeux, mais que tu ne saisis pas tout à fait bien. D’un geste rempli d’une douceur infinie, tes doigts viennent repousser une mèche folle de ses cheveux, la callant derrière son oreille. En réalité, ce soir… T’as juste besoin d’elle. Mais ça, tu ne lui dis pas. Parce que t’es incapable de lui dire avec des mots.

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Je te vois mettre un coup de poing bien senti dans le mur et je sens mes entrailles se tordre. Je sais exactement ce qui parcourt tes veines et je comprends cette rage incontrôlable qui rafle tout sur son passage. Ça m'attriste de le découvrir, mais j'ai bien l'impression que quelque chose s'est brisé chez toi et que je ne pourrai jamais le réparer. C'est peine perdu, tu comprends? Je n'arriverai jamais à te faire oublier que tu as perdu les deux femmes de ta vie. Tu ne pourras jamais oublier. Une partie de toi restera toujours fébrile en pensant à elles, comme lorsque je pense à Joyce. C'est ainsi et nous n'y pouvons rien. Non. Rien. Nous avons changé. Je me rappelle ces chamailleries pour des broutilles et cette irritation que tu me procurais. C'est différent maintenant. D'ailleurs, si ce n'était pas le cas, je serais probablement en train de me marrer de la situation. Toi, qui m'obéis au doigt et à l’œil. Or, j'en suis incapable. Pas l'ombre d'un sourire amusé ne passe sur mes lèvres. Tout ce à quoi je pense, c'est à quel point j'aimerais t'aider... à quel point je suis affreusement désolée d'avoir transformé ta soirée pourrie en cauchemar. Honteuse, mes yeux n'ont pas recroisés les tiens depuis que nous sommes rentrés chez nous. Je t'offre de la glace et un bref coup d’œil lorsque tu lèves ton chandail me donne un bon aperçu de ton état. Bordel de merde. Je suis tellement désolé, Jax. Tellement. J'ai gravement merdé. «Tiens-toi tranquille. » Ces mots sortent de ma bouche tellement doucement que je doute que tu les aies entendus. La gorge nouée, je m'affaire à laver le sang sur ton visage le plus doucement que je peux. Je commence à voir la couleur de ta peau sous cette couche de sang. Je ne te touche pas plus que nécessaire pour te laisser ton intimité. Je sais que tu me fixes et je sens le feu me monter aux joues. Je dois arrêter de penser à la courbe de tes lèvres et plutôt porter mon attention sur le fait que tu ne veuilles pas de moi. Or, je n'arrive plus à me départir de cette crasse d'espoir qui me parcourt les veines lorsque tu me regardes ainsi. Putain, concentre-toi B'. Ce n'est pas le temps de penser à ça. Il va mal. «J'ai pas besoin d'tout ça... » Je m'en fiche. Je continue à nettoyer le sang sur ta peau comme si je n'avais rien entendu. Désolée... tellement désolée. Je cligne des yeux pour les empêcher de produire des larmes. Je dois rester forte même si ça me brise le cœur de te voir dans cet état. Je fige comme une statue lorsque tes doigts viennent replacer une mèche de mes cheveux vers l'arrière de mon oreille. Je garde le regard sur le sol. Désolée... tellement désolée. « Peut-être pas. Peut-être que t'en a pas besoin... mais moi si. » Mes mains tombent de chaque côté de mon corps. « Laisse-moi faire ce que je peux. Prendre en charge... ça. À défaut de pouvoir faire mieux. Réparer mes conneries. » Je me racle la gorge. Est-ce une bonne idée de t'expliquer ce qui est arrivé? Oui, tu mérites la vérité. Lorsque mes yeux croisent les tiens, ils sont vides, comme si tu étais à des années lumières de moi. « J'te laisse tranquille si tu veux... »

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«Tiens-toi tranquille. » Tu obtempères, contraint de l'écouter. Cette situation n'est pas sans te rappeler ce fameux soir où les rôles étaient inversés. Ce n'est pas sans te faire un pincement au coeur. Si seulement tu avais eu le courage d'aller au bout de tes envies. Si seulement tu avais suivi ton premier feeling, ce soir-là. Mais non. Oui m'dame. Il y a cette extrême délicatesse, dans la façon qu'elle a de nettoyer le sang séché de sur ta peau, qui t'apaise et fait cesser les derniers tremblements qui possédaient chaque membre de ton corps. Joignant l'utile à l'agréable, tu te laisses finalement faire, mais en profite pour l'admirer d'un oeil pas si discret que ça. Tu n'es pas sans remarquer qu'elle te fuis du regard, qu'elle détourne les yeux pour ne pas croiser les tiens. Et pourtant, tu pourrais te perdre dans les siens sans jamais t'ennuyer, sans jamais te tanner. « Peut-être pas. Peut-être que t'en a pas besoin... mais moi si. Laisse-moi faire ce que je peux. Prendre en charge... ça. À défaut de pouvoir faire mieux. Réparer mes conneries. Les mots de Blaze se perdent à nouveau dans un écho à peine perceptible. Putain... pas encore. Pas encore!

Mais, c'est tout autre chose qui se produit. Quelque chose d'inattendu, d'irréel. Tu te souviens. D'elle. De ta soeur. De Vivia. Si elle est apparue dans plusieurs de tes souvenirs, jamais tu n'avais pu mettre de visage sur les personnages de ta vie antérieure. Des personnages, pourtant bien réels, sortis tout droit de ton imagination amnésique. Des souvenirs qui t'ont été arrachés, avant de t'endormir et de t'engourdir, pour te contrôler comme une fichue marionnette. Tu te souviens de son visage. De ses yeux bleus. Tu sais qu'elle t'a toujours follement aimé, et que malgré son amour et son inquiétude pour toi et pour ta santé mentale en particulier, tu as peur de la blesser en la décevant. Après avoir perdu deux des êtres les plus importants de ta vie, tu imagines t'être refermé sur toi-même dans le but de l'éloigner de toi et de tes problèmes, afin de te détacher au maximum s'il advenait un jour que tu ne la perdes, elle aussi. Aussi horrible cela puisse-t-il paraître, c'était pourtant une manière pour toi de te protéger, de te faire une carapace invisible afin de ne pas souffrir plus encore que tu n'avais souffert... Putain.

Ça te rend tellement joyeux, tout d'un coup. Non, la joie n'est peut-être pas encore présente, mais le bonheur, ça oui. « J'te laisse tranquille si tu veux... » Rien ne pourra t'arracher ce mince bonheur, ce souvenir heureux. Elle existe. Elle est en vie. Du moins... c'est ce que tu te forces à croire. «Non!» C'est un non emporté à la volée, inquiet de la voir s'éloigner. Non, tu ne veux pas qu'elle te laisse tranquille. Surtout pas maintenant. Un mince sourire se dessine enfin sur ton visage et tu te lèves dans un bond, l'attirant contre toi au passage dans ton élan. Entre les deux chaises tournées l'une vers l'autre pour faciliter les manoeuvres de Blaze, se trouvent vos deux corps, à proximité. «J'ai besoin d'toi.» C'est un grand aveu, que tu fais là. Et pourtant, tu espères qu'elle sente toute la sincérité que tu éprouves en affirmant ça. Tu ne veux surtout pas étaler le bonheur soudain qui te prend aux tripes de te souvenir des traits du visage de ta soeur Vivia. «J'me sens mieux quand t'es là. Pas besoin de trousse ou de points de suture ou de glace.» Tu repenses aux menaces de Shadow. Si tu approches ta colocataire de trop près, il te le fera savoir... Et pourtant, c'est plus fort que toi. La mèche de cheveux folle que tu venais de replacer s'échappe de derrière son oreille lorsqu'elle bouge la tête. Tes doigts glissent de nouveau contre la peau de sa joue, glissant jusqu'à son oreille pour replacer cette même mèche. Et tu la regardes, simplement. Sans un geste. Sans un mot. Sans rien. Tu la regardes, et tout te paraît simple.

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J'ai l'impression que tu es à mille lieux lorsque j'ose enfin te regarder dans les yeux. Je me sens mal, si tu savais. Je suis coupable, Jax. J'ai non seulement tué ma sœur, mais tu t'es fait tabassé par ma faute. J'ai du mal à ne pas foutre le camp, maintenant, pour aller jouer des poings et amocher mon corps déjà taché d'ecchymoses, mes blessures de guerre, mes regrets. Puis, la seconde d'après, de façon inexplicable, un lueur brillait dans tes prunelles. « Non! » Une pointe d'espoir me brûle les veines et fait gonfler mon cœur. C'est vrai? Tu ne veux pas que je parte? Parce que, si ça peut t'aider, je le ferais. Je te laisserais tranquille et tu n'aurais plus jamais à entendre parler de moi. Peut-être changeras-tu d'idée lorsque tu sauras à quel point je suis amochée par la vie. Je  respire, prenant conscience que je retenais mon souffle depuis tout ce temps. L'incompréhension se lit sur mon visage lorsque, sur tes lèvres, se forme un sourire. Tu te lèves, m'entraînant dans ta course, et nous voilà tous deux debout, ma tête penchée vers l'arrière pour voir ton visage. Nos thorax se touchent et il ne me faudrait que de tendre légèrement la main pour attraper la tienne. Or, j'ai peur, Jaxen. Tellement peur que tu me rejettes. Tellement peur que je ne sois pas ce dont tu as besoin. Peur de ne pas être celle que tu veux. « J'ai besoin de toi. » J'avale difficilement ma salive, mon regard planté dans le tien. Je la sens, cette attirance que j'ai pour toi, elle nous entoure et me fait frissonner. Cette soirée, quand les rôles étaient inversés, j'ai compris que j'essayais de réprimer cette attraction. Tout ce temps, je t'ai gueulé dessus et je t'ai fait chier parce que je t'aimais bien... et c'est pire depuis que je sais à quel point tu es un mec bien. Ça ma tue... Mais si tu veux que je reste... si tu as besoin de moi ce soir... je resterai. « J'me sens mieux quand t'es là. Pas besoin de trousse ou de points de suture ou de glace. » Mon cœur rate un battement. Penses-tu vraiment ce que tu viens de dire? Mes propres émotions, trop intenses, m'empêchent d'aller pécher la réponse dans les tiennes. J'ai envie de te croire, tu sais. J'ai envie de me laisser aller dans l'inconnu, avec toi. Envie de faire le grand saut, sous peine de me brûler les ailes. On pourrait vivre quelque chose de vraiment spécial... mais non. Non, je ne peux pas me contraindre à te laisser tomber avec moi. Je ne veux pas t'attirer davantage dans ma vie sans dessus dessous et ténébreuse. « Tu devrais t'éloigner, au contraire...» J'ai du mal à dire ces paroles, mais c'est pour ton bien. « J'détruis tout ce que je touche, Jax. Toi y compris... » Je détourne le regard, la voix tremblante. Une rage folle s'empare de tout mon corps. Cette rage, elle est tournée vers ma personne. Je me déteste. PUTAIN, J'ME DÉTESTE. « J'ai foutu la merde, à la soirée. C'est de ma faute si Shad c'en est pris à toi. » Je me racle la gorge et me détache de toi, faisant les cents pas dans la cuisine. Ça y est, tu peux me détester maintenant.

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J’ai besoin d’toi… Ces paroles résonnent encore dans ta tête, dès l’instant que tu les as prononcées. Une part de toi persiste à croire que ces paroles étaient insensées. Tu n’as jamais été aussi sincère, et pourtant, l’inconnu t’effraie. Elle t’effraie. De par la beauté de son cœur, de son âme. De par son vécu et ses blessures. Tu as peur de ne pas être à la hauteur, de la décevoir et de la blesser plus qu’elle ne l’est déjà. Du haut de son corps magnifique se trouve un visage qui l’est encore plus. Une douceur et une puissance se dégagent de ses traits. Ses yeux… tu pourrais plonger dedans sans même voir le temps passer. Ses cheveux, doux comme de la soie, te glissent entre les doigts alors que tu passes son visage, trait par trait et que tu l’admires du haut de ton mètre quatre-vingt-onze. « Tu devrais t'éloigner, au contraire...» Sans pour autant te détacher, tu arbores une expression incertaine. Le monde menace de s’écrouler, encore une fois, mais tel un soldat prêt à défendre sa patrie, tu demeures là, haut et fier, à attendre la suite. D’une façon ou d’une autre, le monde ne pourrait pas être plus détruit qu’il ne l’est déjà. « J'détruis tout ce que je touche, Jax. Toi y compris... » Encore plus d’incompréhension se lit sur ta mine. Tu sens une nouvelle énergie qui règne autour de vous, dans le studio, comme si l’air était pollué par une certaine tension. Et cette fois, elle ne provient pas de toi. «De quoi…» Tu n’as pas le temps de poursuivre, qu’elle enchaîne déjà avec ce qui devrait être une bombe. Elle menace d’exploser, et toi, comme un con, tu la prends dans tes mains et l’observes, comme s’il s’agissait d’un jouet. « J'ai foutu la merde, à la soirée. C'est de ma faute si Shad c'en est pris à toi. » C’est de sa faute? Évidemment, tu ne vois pas où elle veut en venir. Vous ne vous êtes parlés de la soirée qu’avant votre départ. Seuls des regards timides ici et là en direction de l’un et de l’autre, mais rien de plus. Qu’est-ce qu’elle a bien pu lui dire, pour qu’il s’en prenne à toi de la sorte? Et toi qui croyait… «Non… tu te trompes. C’est parce que je lui ai foutu mon poing à la gueule le premier. En début de soirée.» Quand tu t’es souvenu. Tu es naïf, mon pauvre Jaxen. Les sourcils froncés, tu t’approches du comptoir de la cuisine en y apposant tes mains, observant Blaze faire les cents pas dans la pièce. «Blaze, t’y es pour rien si Shad’ est qu’un con. Il a voulu s’venger, c’est tout…» Tu l’analyses faire les cents pas, la voyant s’énerver pour un rien. «Eh, r’garde-moi.» Tu affiches un semblant de sourire. Tes lèvres s’étirent dans un sourire qui se veut réconfortant. Tu la veux près d’toi. T’as besoin d’elle. Et elle, elle dit des bêtises pour s’éloigner d’toi.

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Je te coupe la parole pour t'avouer la merde que j'ai faite ce soir. Je t'avoue que c'est entièrement de ma faute si tu t'es fait battre par Shad. Je ne t'en dis cependant pas plus, ayant trop honte de mon comportement de gamine. J'aurais dû penser avant de parler... J'aurais dû. Je fais les cents pas, appréhendant ta réaction. Je comprendrai si jamais tu souhaites te trouver un autre endroit où vivre, après tout ce qui s'est passé entre nous, les chamailleries, les baisers et les coups de poings sur la gueule. La vie avec moi n'est pas de tout repos et je le sais. J'en suis désolée, Jaxen. Or, égoïste, j'aimerais que tu restes. « Non... tu te trompes. C'est parce que je lui ai foutu mon poing à la gueule le premier. En début de soirée. » Si ce n'était que ça... Bien sûr, ton comportement en début de soirée n'a pas aidé, initiant sa curiosité malsaine. C'est pour ça qu'il m'a entraîné sans son sillage dehors du mille et une nuits. Or, si j'avais continué à nier et, surtout, si je n'avais pas menti à notre sujet, il n'aurait pas péter les plombs pour aller te foutre son poing dans la gueule. Je continue à marcher, telle une lionne en cage. Mon cœur bat la chamade. Tu as le droit de connaître la vérité, après tout. « Non. Tu compren... » Je n'ai pas le temps de finir ma phrase que tu es déjà reparti sur tes fausses et naïves théories. « Blaze, t'y es  pour rien si Shad' est qu'un con. Il a voulu s'venger, c'est tout... » Il y avait peut-être un peu de ça, de son impulsivité et de son orgueil. Or, j'ai mis l'huile sur le feu et je le sais très bien. Mes poings se serrent. « Eh, r'garde-moi. » J'arrête ma course pour planter mon regard dans le tien. J'ai peur. Je ne veux pas être la raison pour laquelle ce magnifique sourire s'efface de sur tes lèvres. Non. Je prends une grande respiration et je te lance cette bombe au visage, la raison de cette honte qui me ronge les entrailles. « Shad' m'a mise en colère et... J'lui ai dit qu'on avait couché ensemble même si c'est faux. » Mon cœur rate un battement et je reste figée là à attendre ta réaction, le cœur tambourinant dans ma cage thoracique. Son téléphone portable sonne et j'entends la voix de @Makfire qui crie son  prénom. Ma Mak? Mon cœur arrête de battre.

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Tu es certain de ce que tu avances. Ce n’est de la faute de personne, excepté la tienne et celle de Shadow. Un idiot et un con fourrés ensemble, c’est ce que ça donne. Et ça se disait être ton pote. Tel un gosse de quatre ans qui se fait voler son jouet, c’est avec certitude que tu t’affirmes à toi-même ne plus jamais vouloir le revoir, lui reparler. En réalité, tu as tout faux. Sur toute la ligne. Les aveux tranchants de Blaze sont assez clairs à ce sujet.  « Shad' m'a mise en colère et... J'lui ai dit qu'on avait couché ensemble même si c'est faux. » Et un silence de mort s’installe. Pourquoi elle aurait fait ça? POURQUOI? Qu’est-ce qu’il lui a pris, de dire ça à Shadow? À n’importe qui, de toute façon? C’est faux, et rien de ce qu’elle a prétendu ne s’est jamais passé. Par ta faute. Par sa faute. Non, surtout par la tienne. C’est toi qui l’as repoussée. À contre cœur, bien entendu. Et pourtant là… cet aveu suffit à t’énerver. Tout ton corps se tend, et tu bouilles. «Quoi?!», aboies-tu. Tu n’as même pas le temps de poser plus de questions, d’approfondir le tout, que ton portable sonne. Sauvée par la cloche, comme on dit… Tu le sors de tes poches dans un grognement mécontent et irrité, et c’est la voix de Makfire qui retentit au travers du combiné. Un cri. Ton nom. Un bruit sanglant, effroyable, puis plus rien. Silence. La ligne est coupée et ne parvient à tes oreilles que les bip, bip répétitifs. Tu paniques, mais tu ravales tout en d’dans, parce que tu sais que Blaze est la meilleure amie de Mak. Parce que tu sais qu’elle voudra courir à son secours dans la nuit meurtrière. Et tu ne veux pas. Tu veux qu’elle reste ici, qu’elle soit en sécurité. Tu veux la protéger. Et aussi, sans trop le savoir pourquoi, t’es en colère contre elle. En colère parce qu’elle t’a menti. Ou bien parce que ses mensonges t’ont attiré des ennuis. T’en sais trop rien, ta tête est tellement mélangée. Ton cœur aussi. Tendu, tu lances à Blaze en t’éloignant à grands pas vers la porte «Tu restes ici. J’ai un truc à faire…» C’est sans savoir qu’elle aussi avait entendu le cri de @Makfire. Malgré tes blessures, malgré la douleur, tu ne la laisserais jamais tomber. T’es son protecteur, son garde-du-corps, appelez ça comme vous voulez… Mais c’est aussi ton amie. Et elle est en danger.

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Comme si le temps c'était arrêté, plus un mouvement ni un son dans le studio. Or, le temps continue bel et bien son travail, car ce silence de mort est la conséquence de mes sombres conneries. Puis, rapidement, tu réagis comme je m'y attendais. Je vois tes épaule se tendre sous la colère et je garde la tête haute parce que j'assume pleinement ce que j'ai fait. Je mérite que tu me balances tout ce qui te passe par la tête. Après tout, ce serait un juste retour des choses. Je te regarde dans les yeux et reprends cette carapace de femme forte et indépendante qui t'irritait tellement. « Quoi?! » Je me contente de rester statuée, attendant un flot d'injures. Or, celui-ci ne vient jamais. Ton téléphone portable sonne sur la voix en détresse de ma meilleure amie et j'ai l'impression qu'on m'écrase le cœur en dessous d'une chaussure. Mak est en danger. Elle a besoin de mon aide. Elle t'a appelé toi et pas moi, mais cela n'a pas d'importance dans la mesure où il est hors de question que je te laisse partir à sa recherche sans moi. Jamais. Tu te diriges déjà vers la porte lorsque tu me lances : « Tu restes ici. J'ai un truc à faire... » QUOI? Si tu crois te débarrasser de moi aussi facilement, tu te mets un doigt dans l’œil. Je me dirige également vers la porte d'un pas décidé et je te fixe, déterminée. « Hors de question que j'abandonne Mak. » J'aurais dû la suivre quand elle est partie de la soirée. Putain. « J'viens avec toi. Rien à foutre de ce que tu veux. C'est ma meilleure amie. » Je me faufile entre le mur et toi pour sortir du studio. Sorry not sorry.

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Tu t’aventures vers un terrain glissant, vers un sujet qui s’annonce dangereux à aborder. Son mensonge ne t’a pas attiré que des représailles, mais bien plus que ça. C’est plus de l’irritation que de la colère que tu ressens à ce point. De l’incompréhension peut-être, aussi : pourquoi aurait-elle menti à ce sujet? Pourquoi en faire autant, alors que si peu s’était réellement passé ce soir-là? Tu es irrité par son comportement, alors que tu croyais que ce soir serait spécial. Elle t’a prise dans ses bras, elle a lu en toi, elle sait pour ta femme et ta fille et… tout ça n’était qu’une illusion. Tout ce manège, seulement un moyen de passer outre ce mensonge, de faire comme si de rien n’était. De te regarder t’enfoncer, alors qu’elle était la cause de toutes ces blessures, de ce sang séché, de ces ecchymoses. Tu vois noir, mais c’est la panique qui prend le dessus lorsque tu reçois l’appel de Mak. Un appel bref, un cri qui te met en alerte. Tu dois partir à sa recherche. « Hors de question que j'abandonne Mak.  J'viens avec toi. Rien à foutre de ce que tu veux. C'est ma meilleure amie. » Hors de question qu’elle t’accompagne, plutôt. Même si d’un côté tu veux être seul et ne pas l’avoir à tes côtés car tu lui en veux, de l’autre côté tu veux qu’elle reste ici. Histoire de savoir qu’elle est en sécurité, et pas entre les pattes de ces horribles créatures… Tu grognes de mécontentement lorsqu’elle te devance. Tu sais qu’elle a une tête de mule, alors tu te contentes d’être mécontent et de perdre patience. Tu la suis, en silence, sans la toucher cette fois. L’adrénaline te fait soudain oublier les blessures et la douleur. Vous marchez en vitesse côte à côte, courant parfois, ralentissant d’autres fois pour analyser les environs tout en vous dirigeant vers le Mille et une nuits. Là d’où vous veniez. Là où vous aviez vus Mak pour la dernières fois. «J’arrive pas à croire que t’aies fait ça. Tu m’détestes à ce point?» Ça t’fait mal de le réaliser, mais peut-être que c’est la seule explication logique. Tu n’es qu’un jouet et elle s’amuse à te voir souffrir, à te voir dans la merde. Ça t’fait mal au cœur, tout ça.

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Tu grognes de mécontentement et j’ai l’impression de retrouver un semblant de stabilité entre nous. C’était comme ça, avant. Chacun de nos commentaires faisait naître une réaction désagréable chez l’autre. Et si c’était mieux ainsi, Jaxen? Et si je pouvais enterrer ces sentiments, ces papillons et ces frissons que tu me procures. Ce serait parfait. J’pourrais vivre ma vie sans avoir peur, sans être terrifiée que tu m’abandonnes. Sans avoir à me soucier de te perdre ou d’avoir le cœur brisé. Je m’engouffre dans les ténèbres des nuits de Varakes, te donnant une jolie vue sur le cobra brodé sur ma veste de cuir. Or, je suis rassurée que tu sois là. Quand même. Nous marchons en silence et je me dirige vers le mille et une nuits pour partir du dernier endroit où j’ai vu la brunette. Mes jambes s’activent rapidement, tout comme les tiennes. Mes pensées sont tournées vers ma meilleure amie. J’espère qu’elle ne s’est pas encore faite attaquée par les Dime Lions ou bien par un de ces putains de monstres. J’espère qu’elle est en vie. Bordel, je supporterais pas de la perdre elle aussi. Ta voix brise le néant. «   J’arrive pas à croire que t’aies fait ça. Tu m’détestes à ce point? » Je t’aurais giflé si j’avais pu. Tu comprends rien. Quedale. J’ai pas fait ça parce que j’te déteste. Putain. J’ai dit ça parce que je t’apprécie plus que je le devrais. Parce que j’ai peur. Parce que Shadow m’a embrassé et parce que j’suis une putain de poule mouillée. «   Tu crois quoi? Putain? Que je savais que Shadow allait jouer au con et aller te tabasser? Tu m’prends pour qui? Merde. » Je peste. Je suis en colère. Tu sais quoi? Tant mieux. Tu devrais me détester. «  Bien sûr. J’ai qu’ça à faire. » J’arrive pas à y croire. Il croit vraiment que j’ai fait exprès? «   Il arrêtait pas d’me poser des questions sur nous. Ça m’a fait chier. Il m’a mise en colère et j’lui ai balancé ça à la figure. Point barre. » On arrive au mille et une nuits et je me dirige direct vers la rue que Mak a empruntée.

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«   Tu crois quoi? Putain? Que je savais que Shadow allait jouer au con et aller te tabasser? Tu m’prends pour qui? Merde. » Et voilà que tu te retrouves face à la colérique, la charmante mais agaçante Blaze. Celle contre qui tu pestais à chaque minute de ta sainte vie. Elle ne comprend pas là où tu veux en venir et ça te mets en rogne, toi aussi. Oui, tu lui en veux. Ce n’est quand même pas de la faute à Pierre-Jean-Jacques, si t’es dans cet état physique lamentable. C’est de sa faute à elle. «Mais.. tu t’attendais à quoi de Shadow, merde?!» Elle le connaît. Tu le connais. Il est impulsif, peut-être un peu trop – comme toi d’ailleurs. Reste à savoir pourquoi il a autant pris à cœur cet aveu… non, ce mensonge que lui a déballé Blaze. Jusque-là, tu n’as aucune piste. Elle aurait dû savoir comment il réagirait. Il n’allait quand même pas la féliciter, putain. Elle a été naïve. «   Il arrêtait pas d’me poser des questions sur nous. Ça m’a fait chier. Il m’a mise en colère et j’lui ai balancé ça à la figure. Point barre. » Irrité, autant par la conversation que par la situation, tu roules des yeux. Tu te fais un sang d’encre pour Makfire, car une fois sur les lieux du possible crime, tu paniques. Ton cœur bat tellement vite. Tu as tellement peur. Pas pour toi, mais pour ton amie. Tu veux la retrouver. Tu dois la retrouver. En vie. Saine et sauve. Ou juste…en vie. Ce n’est quand même pas trop demander. «Ah, bien sûr. C’était une réponse parfaitement logique. J’ai couché avec Jaxen.. C’est le premier truc logique qui aurait dû te venir en tête, ouais.» Tu applaudis sarcastiquement dans tes mains, le rouge te montant jusqu’aux oreilles. Tu serres les dents à mesure que la soirée avance. Si ça continue ainsi, ta mâchoire finira par se bloquer complètement. Elle n’est déjà pas en si bon état, depuis que Shadow te l’a déboîtée, v’la peut-être une heure ou deux. «MAK? MAAAAK. T’ES OÙ?» Tu es prêt à tout. À affronter n’importe quoi. Si quelques heures plus tôt tu voulais terriblement être en la compagnie de Blaze, là c’est tout le contraire. T’aurais préféré partir à la recherche de ton amie, seul, sans ta colocataire.

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C’est si simple quand on se contente de se chamailler. Si simple… J’ai presque l’impression d’avoir fait exprès, au fond. J’ai dit ça à Shadow parce que je savais que ça allait foutre la merde. Peut-être que c’est ce que je voulais, que tu sois en colère contre moi. Je me suis sentie comme une merde quand tu m’as repoussée. Je ne voulais pas que tu recommences et, de toute évidence, j’ai trouvé une très bonne solution. Le problème, c’est que j’ai bien peur d’avoir perdu mon meilleur ami au passage. « Mais… tu t’attendais à quoi de Shadow, merde?! » Ce mec qui me fait la morale, celui que j’aimais appeler par tous les prénoms à part le sien, vient de resurgir. Tu me dis ça comme si c’était évident. Or, non, ça l’est pas, Jaxen. J’étais loin de savoir que dire à mon meilleur ami que j’avais baisé quelqu’un allait le rendre aussi colérique. Désolée d’pas être une Eludere, connard. « Ah, bien sûr. C’était une réponse parfaitement logique. J’ai couché avec Jaxen. C’est le premier truc logique qui aurait dû te venir en tête, ouais.» Tu applaudis et ma tête tourne, me faisant vaciller. Tes mots me serrent le cœur. Or, aucune chance que je ne te le montre. « Va t’faire foutre. » Je crache ces mots dans la nuit alors que je sombre une fois de plus en enfer.

Un grognement racle ta gorge, agacée. Il ne te donne pas la chance de répliquer, ses doigts trouvant encrage dans ta chevelure afin de la tirer vers l'arrière. Tu perds ton équilibre de sur ton tronc d'arbre, ton dos s'heurte à la terre de la forêt tandis qu'il t'enjambe pour placer un genou de chaque côté de tes hanches. Tu tentes de te débattre, mais il te surpasse aisément en force, défaisant ton jean qu'il tire sur tes cuisses. Ton réflexe est d'hurler, sauf que sa main vient se plaquer contre ta bouche dans un claquement sec. C'est ta chance, attrapant l'un de ses doigts entre tes dents et tu mords férocement, crispant ta mâchoire jusqu'à sentir le goût métallique sur ta langue. Avec l'adrénaline qui circule soudainement dans tes veines, tu donnes un coup sec de la tête, résultant en un bruit dégoûtant avant que tu ne craches le doigt plus loin sous les cris de souffrance de l'inconnu. Les lèvres souillées par le sang, tu souris en lui offrant un regard noir.

J’ai du mal à respirer. Putain, c’était quoi ça? Je regarde autour de moi, confuse, en hyperventilant. Ma main tremblante se porte à mes lèvres et un énorme nœud se forme dans mon ventre. À peine ai-je le temps de me pencher qu’un liquide acide me brûle la gorge pour finir sur le sol. Mes genoux se dérobent sous moi et je déverse le contenu de mon estomac juste à côté, les larmes aux yeux et la panique au regard. J’ai l’impression d’avoir ce doigt dans la bouche et tout mon corps tremble face à ces putains d’image et cette peurs glaçante de me faire violer. C’est fini. Putain, c’est fini, mais j’arrive pas à me sortir ces images de la tête. Un sanglot m’échappe et ma respiration est sifflante. Je vomi une nouvelle fois, n’ayant déjà presque plus rien à sortir.

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« Va t’faire foutre. » C'est tout ce qu'elle trouve à te répondre. C'est tout ce à quoi tu t'attends, à vrai dire. Vous voilà de retour à la case départ. Comme si vous veniez de nouveau d'emménager ensemble. Vous n'êtes pas faits pour la cohabitation. Vous caractères trop semblables et trop différents ne sont pas faits pour s'entendre. Et pourtant, même si lui dire des bêtises sur le coup de l'émotion te fait un bien immense et t'enlève un poids énorme de sur le coeur, ça ne t'empêche pas de regretter immédiatement et de vouloir la serrer contre toi. Rien que ça. Ça ne sert à rien de lui répondre, sinon que de perdre du temps et des ressources pour trouver Mak. C'est pas évident dans cette obscurité sans fond de la nuit, mais tu tiens bon et tu as espoir de la retrouver. Tu cries le nom de ton amie à t'époumoner et si tu ne cries pas, c'est pour écouter les bruits ambiants. Un craquement, un sifflement, un cri, une respiration... tout pourrait être un indice de son emplacement, de son état.

Pourtant, tu oublies un instant l'une de tes meilleures amies, ta protégée. Pas que ce soit volontaire, mais la respiration saccadée qui s'accélère de la jeune femme à tes côtés et la peur que tu lis dans ses yeux brillants au travers de la pénombre t'inquiète, aussi. Tu cesses tout mouvement et portes ton attention sur elle. Tu te radoucis en la voyant trembler de tous ses membres. Tu ne sais que trop bien ce qui la préoccupe et ce qui la met dans cet état: un souvenir. C'en est presque une habitude. Ils sont nombreux, tous plus violents les uns que les autres et tous plus imprévisibles, aussi. Lorsque tes doigts parviennent à se poser sur son dos, tu la sens vibrer, puis vomir ses tripes par terre. Tu vois les larmes briller au coin de ses yeux et le long de ses joues. Les signes précurseurs sont les mêmes pour de nombreux d'entre vous. Ce n'est pourtant pas terminé. Elle vomit de nouveau et le son qu'elle fait te serre le coeur. Tu attends que la tempête soit passée, avant d'oser dire ou faire quoi que ce soit. Tu caresses son dos un moment histoire de l'aider à se calmer, puis tu attrapes doucement son bras et la tires afin qu'elle se relève et te fasse face. Sans un mot, tu l'attires à toi et entoures son corps de tes bras rassurants. Tout qu'un revirement de situation. Mais... tu ne sais pas quoi faire d'autre. Il n'y a rien d'autre à faire, à vrai dire. Tu passes une main dans ses cheveux et caresses son cou au travers, sans rien dire. Inutile de parler.

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Bordel, j'avais l'impression d'y être. J'ai senti cette peur viscérale s'installer au creux de mon ventre et j'ai goûté à son sang comme si tout se passait en simultané. Or, ce n'est pas le cas. Il n'est pas là et ses mains baladeuses non plus. Il n'y a aucun sang dans ma douche. Néanmoins, j'ai l'impression d'y être. Tellement que je ne peux retenir tout mon corps de trembler et mes jambes de flancher sous mon poids, soudainement trop faibles pour me soutenir. Mes genoux cognent sur le sol, mais je me soucis gère de cette légère décharge électrique. Je sens quelqu'un poser sa main dans mon dos et je panique. C'est lui. Il est revenu. C'est lui. «  Me touche pas sale pervers ou j'te jure que j'te coupe plus que le doigt cette fois! Me touche pas putain. Me... » Je vomi mes tripes sur le sol, ce goût ignoble toujours dans la bouche, la texture de ses doigts sur mes papilles gustatives. Or, sa façon de me caresser le dos délicatement n'a rien à voir avec ses gestes. Je commence petit à petit à revenir à la réalité. C'est Jaxen. C'est toi.  Tu m'aides, me réconfortes après tout ce que je t'ai fait subir. Pourquoi? Pourquoi es-tu aussi gentil putain? J'ai encore du mal à respirer et les larmes de rages et de panique, les larmes de peurs, coulent sur mes joues. Tes mains empoignent mes bras et me relève malgré que mes jambes soient toujours faibles. Mon regard est toujours perdu dans le vide. Je te regarde dans te voir. Tes bras s'enroulent autour de mon corps frêle comparé au tien. Je sens tes bras puissants me serrer contre toi et je me détends à vue d’œil. J'enfouis ma tête au creux de ton épaule et je me rends compte à quel point c'est le seul endroit où je me sens bien ces derniers temps, dans tes bras. Ironique, non? Je me sens honteuse d'avoir une nouvelle fois craqué devant toi. J'enroule à mon tour mes bras autour de ta taille et je la serre comme si elle était mon seul et unique point d'encrage.  «  Je... je m'excuse, Jax. J'voulais pas te faire de mal. J'te déteste pas... Même si je voulais, j'y arrive pas. » Toujours tremblante, je lui dis ce que j'ai sur le cœur. Je soupire, ayant enfin repris mes esprits, grâce à toi. « Allons chercher Mak. Je m'inquiète vraiment pour elle. »

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«  Me touche pas sale pervers ou j'te jure que j'te coupe plus que le doigt cette fois! Me touche pas putain. Me... » Un instant, surpris par la brutalité et la violence de ses paroles, tu hésites à retirer ta main et à la laisser avaler seule ce qui lui revient. Pourtant, tu comprends rapidement qu'elle s'adresse à un autre homme. Et elle le comprends assez vite, elle aussi. Tu la vois chercher ses repères alors qu'elle revient à la réalité. Vos regards se croisent. Ton coeur se serre. Tu regrettes d'ores et déjà de lui avoir lancé ces bêtises, quelques instants plus tôt. Tu es un sale type, et tu ne le sais que trop bien. Toutefois, les bras de Blaze rejoignent ta taille. Tu la sens trembler contre toi, mais tu es là pour absorber, pour l'aider à passer au travers. Tu n'es pas magicien, ça non. Tu n'es qu'un homme, un homme faible devant cette femme. Tu veux la protéger, la faire oublier les pires chapitres de sa vie, mais tu ne sais pas comment. «  Je... je m'excuse, Jax. J'voulais pas te faire de mal. J'te déteste pas... Même si je voulais, j'y arrive pas. » Tu te recules pour prendre son visage dans tes mains et tu dégages son beau visage d'une mèche de cheveux, la calant derrière son oreille. Tu lui souris. Un sourire ravageur et sincère. Un sourire qui se veut réconfortant et chaleureux. Un sourire qui veut tout dire. Si les mots ne sont pas assez, les gestes eux, suffisent parfois. «Oui, allons retrouver Mak. Elle a besoin de nous.» Tu lui fais un signe de tête de te suivre. Voilà que la tension tantôt fortement palpable, a chuté pour laisser place au calme. Vous mettez tous deux vos efforts et votre attention pour retrouver votre amie. Vous passez vingt minutes, quarante minutes... Puis, une heure, deux heures. En vain. Inutile de chercher plus loin. Elle n'est pas là. Ton coeur bat à tout rompre tellement tu crains le pire, mais tu ne laisses rien paraître. Tu prends la main de Blaze dans la tienne et serre doucement ses doigts dans les tiens. "Elle n'est nulle part, Blaze... Ça ne sert à rien de continuer de fouiller, de chercher. Ne t'en fais pas.. je vais continuer de chercher au petit matin. Mais maintenant... je crois que la meilleure idée serait d'aller se reposer." Ça ne te fait pas plaisir, l'idée de laisser Mak derrière sans savoir ce qui lui est arrivé, ou dans quel état elle se trouve. Mais vous ne pouvez pas continuer à parcourir les rues de la sorte. C'est inutile. Elle n'y est pas. Elle n'est nulle part.